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Anou bate bater

21 août 2014, 07:53

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Ah… les Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI). L’incontournable rendez-vous sportif de la région est de retour. Cette compétition phare réunissant les meilleurs sportifs des sept îles du bassin indianocéanique revient d’actualité. À un peu moins d’une année de cette échéance, on a mis les petits plats dans les grands pour un rassemblement en grande pompe du Club Maurice à l’hôtel Intercontinental de Balaclava.

 

Pour les Mauriciens, Réunionnais, Malgaches, Seychellois, Comoriens, Maldiviens et Mahorais, les JIOI s’apparentent à «nos» Jeux olympiques à nous. Comme à chaque édition, l’enjeu est de taille pour les différentes îles participantes. C’est surtout l’occasion rêvée de fanfaronner, de montrer ses muscles et de se dire le plus beau face à ses adversaires.

 

Depuis la première édition à l’île soeur en 1979, l’antagonisme est resté singulièrement tangible entre les îles amies, essentiellement Maurice, la Réunion, Madagascar et les Seychelles. Dans un an, cette rivalité n’aura pas changé d’un iota. Au contraire, elle sera bien plus présente. À nous donc de relever le défi !

 

Justement, Maurice est-elle en mesure de tenir la dragée haute en terre réunionnaise du 1er au 8 août 2015 ? À entendre les discours pléthoriques, nous sommes les plus forts. On a déjà gagné. Chacun est libre de faire valoir ses opinions, analyses et interprétations, mais la réalité est tout autre. Il faut être certainement à côté de ses pompes pour se voiler autant la face.

 

Petit flashback pour mettre les choses dans leurs justes perspectives, quitte à refroidir l’ardeur des plus optimistes. Ne remontons pas trop loin dans le passé. Un bref retour sur l’édition précédente des Jeux des îles fera descendre certains de leur tour d’ivoire depuis laquelle ils voient tout en rose. A-t-on déjà oublié que les Seychelles avaient été le tombeau du sport mauricien en 2011 ?

 

Piqûre de rappel donc pour les amnésiques. Parlons de chiffres. Du tableau des médailles. Zut… Pas vrai. Maurice avait fini troisième au général. La Réunion et les Seychelles étaient nettement devant nous. Il n’y avait aucune erreur de calcul. Le sport mauricien s’était planté monumentalement dans l’archipel avec seulement 37 médailles d’or au compteur contre les 58 et 57 pour les Réunionnais et les Seychellois respectivement.

 

La honte ! Il y en a beaucoup qui avaient rasé les murs à Mahé à l’époque. Avec raison d’ailleurs. Que la Réunion nous précède, il n’y a pas de quoi en rougir. C’est devenu une habitude maintenant. Par contre, que les Seychelles, avec un dixième de notre population, devancent nettement Maurice, ça fait désordre. Pourtant, un premier avertissement nous avait été donné en 2007 à Madagascar.

 

Pour avoir été témoin de ce naufrage, il y a quatre ans, il faut malheureusement se rendre à l’évidence qu’on n’a pas vraiment tiré les conclusions qui s’imposent pour reprendre du poil de la bête. Le sport mauricien continue à végéter dans l’approximation, sans aucune ligne directrice, ni de plan défini pour les court, moyen et long termes.

 

Aux lendemains de cette déconfiture seychelloise, la sonnette d’alarme avait été tirée. Nos décideurs s’étaient empressés d’épater la galerie avec des discours redondants comme pour donner l’impression qu’ils ont appris la leçon. Sauf que ce ne fut que de belles paroles puisque nous sommes toujours à la case de départ trois ans plus tard.

 

Honnêtement, qu’a-t-on fait pour remettre le sport mauricien sur de nouveaux rails depuis cette déroute des derniers JIOI ? On se contente des quelques coups d’éclat, dont les derniers en date sont les médailles de Kennedy St-Pierre et d’Annabelle Laprovidence lors des récents Jeux du Commonwealth. Dans le fond, rien de concret n’a été accompli pour redorer notre blason.

 

Un rapide tour d’horizon de la rédaction auprès des quatorze disciplines dans lesquelles Maurice sera engagée aux Jeux des îles de 2015 démontre que nous courons, une fois de plus, vers la catastrophe. Entre des fédérations sans budget spécifique pour la préparation des JIOI, des sportifs livrés à eux-mêmes et des entraîneurs sans paie, il est clair que la voie de l’amateurisme continue de primer.

 

Depuis Seychelles 2011, il n’y a jamais eu une politique sportive générale. À part quelques consultations aussi inutiles que superflues entre le ministère et les fédérations, on s’évertue à prôner une continuité dans la médiocrité. Des réunions qui ne servent strictement à rien, si ce n’est que pour se donner bonne conscience de s’être déjà mis à l’ouvrage. À l’heure où le sport est devenu un business, à Maurice, on s’entête inlassablement à une pratique du haut niveau totalement désuète. On se croirait encore deux décennies en arrière. Piteux de la part de nos décideurs qui contemplent et entretiennent une logique sportive mauricienne qui ne se résume qu’à «Anou bate bater».

 

Prenons, dès à présent, rendez-vous à la même époque l’année prochaine. Les Jeux seront déjà faits à la Réunion. Nous ferons tous ensemble un post-mortem de la performance mauricienne. On s’en mordra forcément les doigts au décompte final. Le bilan s’annonce effroyable…