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Entre cauchemar et réalité

18 juin 2014, 20:07

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Un cauchemar m’a réveillé en sursaut, coeur battant, au beau milieu de la nuit. J’avais rêvé que notre Parlement était suspendu, et que le pays était maintenant gouverné par une poignée de personnes. Ces personnes avaient aussi déclaré publiquement que notre pays était désormais une république moderne, et que le pouvoir serait partagé entre eux. Ils avaient même un slogan «une merveilleuse alliance pour un avenir meilleur». Ils prétendaient représenter la majorité, parler avec la voix du peuple, et avoir trouvé la clé qui ouvrira la porte de la prospérité.

 

C’était nul autre qu’une vulgaire oligarchie, cette forme de gouvernement dans lequel tout le pouvoir est exercé par quelques personnes, ou clique. Ce style de gouvernement est souvent despotique et exercé par un petit groupe privilégié à des fins égoïstes. Parmi les exemples connus, on peut citer la Corée-du-Nord, Cuba ou le Pakistan. Si vous avez conscience des conséquences de ce choix de gouvernement, vous comprendrez mes sueurs froides. Dans l’ensemble je ne vois pas d’avantage, sauf que cela pourrait permettre une prise de décision rapide sans consultation concernant les grands changements sociétaiux, par contre les désavantages sont multiples. Essentiellement toutes les décisions prises ne concerneront que quelques personnes au détriment du peuple. Je ne vais pas vous parler des abus, de la  corruption, et des injustices qui suivront. Cette nouvelle forme de gouvernement autoproclamé irait totalement à l’encontre de tous nos principes démocratiques.

 

Il était quatre heures du matin, tout était calme sauf pour le cri d’un coq au loin qui donnait l’impression qu’on allait l’égorger. Ce n’était qu’un mauvais rêve : l’île Maurice est un pays  démocratique. Nous ne sommes pas une république bananière de l’Afrique, nous avons une Constitution défendue par un judiciaire courageux et indépendant, des institutions démocratiques gérées par des hommes et femmes de valeur qui ne toléreront jamais ce genre de comportement, des corps publics régis par le droit administratif, des associations professionnelles qui défendront farouchement leur espace et liberté. Le corps religieux n’accepterait pas une telle trahison morale et sociétale. La presse dénoncerait avec virulence cette supercherie. Et le peuple fera pleuvoir ses objections. Rassuré, j’ai repris sommeil et suis tombé profondément dans les bras de Morphée.

 

Je me suis réveillé quelques heures plus tard aveuglé par la lumière du soleil, me forçant à garder les yeux fermés. J’étais, je dois l’admettre, troublé par la nuit précédente. Je ne pouvais plus distinguer cauchemar de réalité, réalité de cauchemar, et alors j’ai senti un long poignard transpercer mon dos.