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À vos cas !

15 janvier 2017, 08:57

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Le pays compte dorénavant 717 avocats, avec les 43 nouveaux qui s’apprêtent à prêter serment. Serment de quoi, au fait ? De desservir la justice ? Vu le chemin qu’empruntent les auditions de la commission sur la drogue, on ne sait si on doit se réjouir d’avoir autant d’hommes et de femmes en noir ! Précisons, avant de recevoir une lettre du Bar Council, qu’on ne jette pas l’opprobre sur toute la profession. Il existe des avocats honnêtes qui déclarent l’intégralité de leurs revenus à la MRA, donnent systématiquement un reçu quand on les paye, par exemple (enfin, on suppose ou, plutôt, on espère)… Mais cette omerta dans le milieu nous interpelle. Puisqu’ils connaissent les «pourris du barreau», dixit, pourquoi, au nom de la justice qu’ils soi-disant défendent si âprement, ces confrères ne les dénoncent pas ? Pourquoi solidarité dans ce milieu rime étrangement avec complicité ?

Le phénomène des avocats mêlés au trafic de drogue n’est pas nouveau. Le comité d’élite de Jérôme Boulle, en 1995, avait déjà détricoté le réseautage qui se jouait en prison (d’ailleurs, le juge Lam Shang Leen pourrait ressortir ce rapport, qui n’a connu guère de suite, et reprendre ces cas).

Ce qui nous interpelle, c’est qu’être dans la profession légale, c’est aussi un sésame pour faire de la politique… Pour rappel, le nombre d’hommes (ou de femmes) de loi candidats pour l’alliance Lepep en décembre 2014 était de dix-neuf. Pour l’alliance de l’Unité et de la Modernité : seize. Sans compter les avocats sympathisants de tel ou tel parti, puisqu’ils sont presque tous colorés politiquement. Croyez-nous, c’est un véritable casse-tête pour les journalistes quand ils doivent faire réagir un avocat sur un projet de loi, un amendement : ils sont tous biaisés (et l’on est b…sé aussi !). Impossible d’avoir un point de vue que l’on pourrait considérer neutre.

Supposons encore : partant des postulats : 1) que des avocats mafieux dealent avec les dealers ; 2) qu’il y a énormément d’avocats/avoués au pouvoir, au Parlement, proches des dirigeants ; 3) qu’il existe une solide solidarité confraternelle entre membres du barreau, serait-ce illogique de conclure que l’exécutif ne risque pas de mieux lutter contre le trafic de drogue et que les choses ont peu de chance de changer? On parle là de la drogue (héroïne principalement) comme big business. Pas des petits cultivateurs qui écopent pour les autres et permettent de donner l’impression que l’ADSU fait son travail, avec les sempiternels «joli coup de filet pour la brigade antidrogue qui a déraciné trois plants de gandia d’une hauteur de 10 cm» ! Le cannabis n’est finalement que le pied qui cache la forêt de pavo(ca)ts…