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Culture d’incivisme

31 août 2016, 08:06

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La saleté nous entoure. Soit. C’est le mauvais côté du développement tous azimuts que connaît le pays. Nous produisons des centaines de tonnes d’ordures tous les jours. Qui sont acheminées vers des centres régionaux de traitement de déchets avant d’être transportées vers le dépotoir central de Mare-Chicose. Le ramassage d’ordures procure du travail à des mères et à des pères de familles, qui font là un travail bien ingrat. Nous devons d’ailleurs leur décerner une médaille, car ils aident à garder le pays propre. Si encore les Mauriciens leur facilitaient la tâche ! Bein non. Beaucoup de nos compatriotes, et je dis bien beaucoup, ont encore la fâcheuse, et mauvaise, habitude de salir là où ils passent… Du style, «après moi le déluge» !

Tenez, un exemple au hasard. Le front de mer de Mahébourg. Déjà qu’en jour de semaine, le lieu, qui est balayé et nettoyé très tôt le matin, fait peine à voir dans l’après-midi, avec les papiers gras, les verres et autres bouteilles en plastique qui virevoltent au gré des vents. Mais allez y faire un tour le lundi matin. On croirait qu’une horde de sauvages – le mot est faible – serait passée par là. Le front de mer, qui fait plus de 500 mètres de long, est littéralement jonché de détritus. On ne peut faire un pas sans marcher dans des restes de nourriture (poulet frit, crème glacée, gadjak en tous genres, etc.), des papiers de dholl-puri encore dégoulinant de leurs «curry gros pois», des canettes de bières et de boissons gazeuses vides, des mégots de cigarettes, et tutti quanti. Les rares poubelles, de faible contenance, vomissent leur trop-plein de déchets, aidées en cela par les chiens errants qui pullulent en ce lieu. Je ne préfère pas décrire l’état de la mer à cet endroit…

Donc, le quidam qui vient déambuler en famille sur ce beau front de mer, les dimanches, se fout royalement de garder les lieux propres. Il doit se dire que les gens du service de nettoyage sont payés pour faire ce travail. Alors, pourquoi irait-il ramasser ses restes de nourriture ou autres dans le même sac qui a servi à les emmener ? Pourquoi, en voyant les poubelles déjà remplies, emporterait-il ces restes chez lui, pour s’en débarrasser après ? Pourquoi ferait-il l’effort de se baisser pour ramasser les verres en plastiques ou les mégots jetés négligemment par terre ? Pourquoi se casserait-il les côtes pour enseigner à ses enfants l’art de ne pas salir son environnement ? Pourquoi ? Y’a qu’à rejeter cette responsabilité sur le gouvernement ou sur d’autres autorités, que diable !

Il y’a les lieux publics, mais il y’a aussi nos marchés du village ou de ville. Sales. Nos routes, que beaucoup prennent pour des dépotoirs à ciel ouvert. Combien de conducteurs respectueux de l’environnement n’ont pas été pris par l’envie d’en coller une au chauffeur qui le précède, ou à ses passagers, pour s’être débarrassé par la fenêtre de la voiture d’une bouteille en plastique vide, de papiers gras, ou d’autres déchets. Même les coups de klaxon rageurs laissent ces malotrus de marbre. Les plages, après le week-end, offrent elles aussi un bien triste spectacle. Nous oublions souvent que le touriste s’en ira ailleurs s’il perçoit que le pays devient de plus en plus sale. Mais, outre cet aspect, quel enseignement donnons-nous à nos enfants quand nous, les adultes, agissons en irresponsables envers notre environnement ?

Devons-nous nous étonner aussi, qu’outre notre incivisme notoire, le langage correct en public et les bonnes manières sont devenus très rares ? Faites un tour dans les gares publiques après les heures de classes. Dans les autobus. Écoutez le langage fleuri de notre jeune génération. Des jeunes qui se croient obligés de placer constamment des jurons dans leurs conversations. Plus c’est crade, mieux c’est. Sans parler du comportement vulgaire adopté par certains et certaines, sans qu’ils s’inquiètent des gens autour d’eux. Quoi, vous pensez que c’est la faute à l’école ? Non, c’est la faute aux parents, qui oublient qu’ils sont les premiers enseignants de leur enfant.

Le civisme commence au sein de la famille. Puis se poursuit à l’école, en société ou dans l’environnement professionnel. Il ne suffit pas de nettoyer chez soi pour se dire qu’on est une personne bien. Il faut aussi garder le pays propre. Il faut aussi faire preuve de bonnes manières. Un «bonjour», un «merci» ou un «s’il-vousplaît» ne vous écorchera pas la bouche mais mettra plutôt un sourire aux lèvres de votre interlocuteur.