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Cette sensation s’appelle flop

24 juillet 2016, 11:00

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Cette sensation s’appelle flop

 

L’interdiction d’une femme-publicité de Coca-Cola a donc fait pschitt. Le procès en sexisme a viré en procès de la «publibonderie». Le ministère de l’Égalité du genre (qui a l’art de se donner mauvais genre) passe pour une ligue de vertu, Aurore Perraud pour une coincée rétrograde incapable de voir dans le corps de la femme autre chose qu’un corps de victime. Dommage. C’était l’occasion de parler d’un sujet un peu plus émoustillant que la TVA ou les fuites du Benita. Et de rappeler qu’à Maurice, un homme sur deux est une femme.

S’il est effectivement stupide de censurer, de hurler au loup dès qu’une femme entrouvre une bouche luisante et de confondre sexisme et érotisme (qui sont deux choses fort différentes), il n’est pas interdit de voir plus loin. Oui, la pub tombe parfois, trop souvent, dans des travers sexistes. Elle fait passer des messages qui perpétuent des clichés bien ancrés dans notre société. Ces clichés sont les nôtres. Miroir grossissant de son temps, la pub nous parle de nous, de nos sexismes, au féminin-masculin pluriel. Un mal peut-être plus profond et plus endémique encore que le communalisme.

La première forme de sexisme consiste à dénigrer la Mauricienne en la cantonnant au statut de pauvre petite chose fragile dont l’avis ne compte pas, tout juste bonne à fer louvraz et à se faire belle en attendant le prince charmant. L’autre forme de sexisme consiste à enfermer le Mauricien dans le rôle du mâle dominer-traser-kouyoner, voire de brute guidée par sa testostérone à trois branches (argent, sexe, pouvoir), voire de crétin incapable de faire autre chose que du foot de sofa en s’empiffrant des gadjaks de Madame.

Le discours publicitaire s’abreuve de ces stéréotypes. Il ne les invente pas. Il nous les emprunte. Prenez la fête des Mères, cette grand-messe de la consommation sexuée. Chaque année, c’est la même histoire : tous les commerçants décident de mettre en avant ce qu’ils considèrent comme des cadeaux, à savoir tempo, deksi, karay. C’est très gentil, mais est-ce encore le fantasme numéro 1 de la mère de famille ? Il paraît que certaines préfèrent l’apéro à l’aspirateur. Oui, on sait c’est scandaleux.