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Censure et intolérance

22 juin 2016, 14:34

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Le respect se donne aux personnes qui le méritent et non à celles qui le demandent. Cette citation est on ne peut plus d’actualité ces jours-ci. L’exclusion de la rédactrice en chef de Weekly, de l’Assemblée nationale, pour quatre séances, n’a laissé personne insensible. Cela a relancé le débat sur la liberté d’expression, sur le devoir du journaliste de rapporter les faits exacts. Mais aussi, dans un éditorial, de donner à son lectorat une analyse réfléchie, une instantanée photographique du moment, de même que son avis sur une question qui taraude l’opinion publique, par exemple, sans que cet avis ne soit nécessairement partagé par tout le monde.

L’éditorialiste politique n’est pas aux ordres de la politique. Au contraire, on peut dire que cet éditorialiste est au service des employeurs des politiques : les électeurs. Avec le bombardement quotidien que subit le citoyen lambda, en termes d’informations relayées par les nombreux supports médiatiques, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Comment placer, sur une échelle des valeurs, le niveau d’intérêt de l’information reçue ? Comment la hiérarchiser ? L’éditorialiste essaye d’aider son lecteur dans cette tâche. Il fait de sorte que ce dernier comprenne la problématique du moment, qu’il ait un aperçu du tableau général pour, qu’ensemble, ils arrivent à cerner le sujet. L’éditorialiste n’est jamais loin de l’opinion publique, de l’opinion du public. Il se fait le porte-voix audible de ce qui se dit tout bas dans la société. Il n’a que faire des états d’âme du politicien. Ou des censeurs autoproclamés.

Alors, dans l’absolu, venir sanctionner la pertinence, ou l’impertinence d’un éditorialiste parce qu’on n’a pas apprécié son travail à sa juste mesure ou bien parce qu’on veut faire pression sur lui, ou pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ce qu’on lui reproche, peut se révéler contre-productif. Je dis bien dans l’absolu. Les politiques, ou les institutions publiques, oublient souvent que la manière forte, en démocratie, est moyennement appréciée. On n’impose pas le respect. On le mérite. À méditer.

Ce qui m’amène au second propos de cette chronique : l’intolérance. Les terribles événements d’Orlando, en Floride, sont venus souligner, dans le sang, l’état branlant dans lequel se trouve le tissu social humain. Aujourd’hui c’est Orlando, demain cela pourrait être Maurice. L’homophobie existe dans presque tous les pays. Même dans les pays où la législation protège les homosexuels. Il ne se passe pas un jour sans que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) du monde entier n’aient à subir une agression physique, sinon verbale. Soit les gouvernements n’offrent peu ou pas de protection aux LGBT, soit les gens «bien-pensants» les traitent comme des déviants. Pourtant, l’État, comme la société, n’a pas à fourrer son nez dans la vie sexuelle des adultes, qui relève du privé.

Ajoutez à ces vexations quotidiennes des principes et préceptes religieux et vous avez un cocktail explosif, comme l’acte, qualifié de terroriste, qui a endeuillé les États-Unis une semaine auparavant. Outre la revendication terroriste, c’est aussi un des pires actes homophobes de ces derniers temps. Loin de moi l’idée de faire l’amalgame simpliste, religion égale à terroriste égale à homophobie. Non. Les religions du monde dit moderne sont, dans leur grande majorité, des religions de paix. Et d’amour. Ce ne sont pas les actes de certaines brebis galeuses, qui se cachent derrière des doctrines religieuses, souvent détournées, qui viendront jeter l’opprobre sur ces religions. Et sur leurs pratiquants. Il nous faut condamner tout acte terroriste. Et ne pas tomber dans l’hystérie primaire d’un Donald Trump, par exemple.

Ma liberté s’arrête là où commence celle des autres, dit le dicton. J’ai beau me triturer les méninges et interroger notre ami Google, je n’ai pas souvenir d’un athée, voire d’un agnostique, prenant les armes pour aller «pacifier» ceux qui n’épousent pas ses idées ou ses croyances, à l’aide d’arguments belliqueux. Toi non plus, sûrement, ami lecteur. Ça donne à réfléchir.