Publicité

Mères d’alors

22 mai 2016, 11:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Mères d’alors

Et revoilà la Fête des mères. Encore une semaine de promos et de pubs indigestes à se farcir jusqu’au fatidique dimanche prochain. «Maman tu es la plus belle» (sous-entendu «tu peux repasser ma chemise s’il te plaît») ? «Maman je t’aime» («mais encore plus quand tu me sers mon dîner»)… Bref, une litanie de propos débilitants, consuméristes et stéréotypés, au milieu des fers à repasser et des smartphones. On l’a amère, la fête.

Les maires, eux ne sont pas à la fête. Ils font un peu derniers de la classe avec leurs allocations. Même pas Rs 40 000, pour administrer une ville, c’est peu payé. Difficile d’être smart dans sa cité avec ça. Alors que le vice-président de la République, lui, gagne dorénavant Rs 254 300, allocations comprises. Tout ça pour faire des déclarations du genre «la société mauricienne passe par des moments difficiles» (ça alors !) ou rendre visite dans des collèges et avoir des rencontres avec les organisations socioculturelles. Barlen Vyapoory s’inquiète du danger de la drogue pour l’avenir des jeunes. S’il pouvait donner un petit coup de pouce à l’ONG Safire, qui s’occupe des enfants des rues et qui vient de fêter ses dix ans, ce serait pas mal comme justification de salaire.

On comptait 6 780 enfants des rues, recensés en 2012. Nous sommes en 2016 et il n’y a pas eu de nouvelle étude. Cela aurait pourtant dû alerter les autorités, les inciter à faire des «surveys» réguliers. Quatre dans la vie d’un enfant, c‘est énorme. Mais non, l’Etat se repose sur les ONG comme Safire. Tout comme il se dédouane sur elles pour s’occuper des enfants handicapés. Même les Nations unies s’en offusquent. Le Committee on the Rights of Persons with Disabilities de cet organisme, dans son dernier rapport, s’inquiète de la trop grande dépendance de l’État mauricien sur ces ONG qui œuvrent dans les services spécialisés aux enfants handicapés, sans qu’il ne les aide vraiment. Mais que va nous dire notre Premier ministre à leur sujet ? Que l’ONU est un organisme «double K», comme le sont les USA ? Allons faire un mur des valeurs, comme l’a initié le ministère de l’Égalité des genres, et le renfermer sur quatre côtés, pour nous cloîtrer dedans. Cela permettra de continuer à ne rien voir.

Pour oublier la réalité, on peut au moins compter sur le jeu. Le secteur est florissant. Il paraît qu’on peut même s’empower grâce à ça. C’est la députée Sandhya Boygah qui le dit ou, du moins, le nom de sa société : Empowering People Ltd. Drôle de choix tout de même. On a du mal à comprendre comment dépenser son argent dans des paris, peut «empower» qui que ce soit. À part peut-être un «man of power», qui, entre ses dribbles aux banques et son «play off line» sans franchise, pourrait être rebaptisé «Goooaaaaljaury». Tellement il «marque» des points.