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Inondé d’ego

11 février 2016, 13:42

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Midi, hier. La pluie n’a pas encore faibli. Inondations et glissements de terrain ont endommagé maisons, routes et terres cultivées. Des familles entières sont dans la mouise. Pas Raj Dayal, qui patauge dans l’autosatisfaction. Le ministre chargé de la gestion des catastrophes naturelles intervient sur Radio Plus. «Quelle disposition allez-vous prendre pour que la situation reste sous contrôle ?» lui demande Nawaz Noorbux.

La réponse du ministre est surréaliste : dix minutes de monologue quasi ininterrompu, tout à sa gloire. D’emblée : «Il est bon que vous sachiez qu’à l’heure où je vous parle, nous avons enn track record de bann achivement ki exempler. Je tiens à féliciter tous les first responders de mon ministère qui sont entrés en action : la police, les pompiers, la SMF, etc.» Ces gens-là travaillent donc sous l’autorité de Raj Dayal, il faut le savoir. «Au niveau du disaster management, enchaîne monsieur Catastrophe, le résultat est 100 % korek. Le PM est rassuré, il a bien apprécié notre intervention. Notre plan a fonctionné à merveille, aucun problème, nous sommes fiers de nos décisions.»

Un mot pour les sinistrés, peut-être ? «Devant les Casernes centrales, il n’y a pas d’eau. Cela montre que le travail a été fait et qu’il porte ses fruits.» Après trois minutes, l’interviewé s’est déjà noyé. Le journaliste lui jette une bouée : «Permettez-moi, M. Dayal. Dans des moments pareils, ce qui est beaucoup plus important…», mais il n’a pas le temps de finir sa phrase. «Non, non, non, ou bizin ékout mwa avan !» tempête le ministre qui poursuit son exercice de je-me-moi.

On apprend alors que «beaucoup de gens ne comprennent pas la philosophie du flood management» ; que lui sait qu’«un ruisseau plein déborde sur ce que l’on appelle la terre ferme» ; que sans son intervention «il y aurait pu avoir des morts» dans le parking de St James Court. Bref, «moi, à ce stade, moi, toutes les mesures ont marché». Moi, moi, moi… Jusqu’à l’annonce d’une sortie en hélicoptère. Mais au fait, pour quoi faire si tout est à ce point sous contrôle ? «Pour faire un constat de visu et très professionnel, grâce à l’expérience que j’ai de plus de trois décennies.»