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Shalinee Valaydon: «Jamais je ne permettrai à un homme de me dominer»

5 avril 2014, 00:08

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Shalinee Valaydon: «Jamais je ne permettrai à un homme de me dominer»

Des légumes qu’elle a reçus en cadeau d’un maraîcher après sa décoration, ses ambitions sportives, sa vie spirituelle et la condition de la femme actuelle, Shalinee Valaydon se livre….

 

 

Alors, qu’est-ce que cela fait d’être une décorée de la République ?

Franchement, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé devenir une décorée de la République. Je suis à la fois contente et fière mais en parallèle, il y a ce sentiment qu’il y a d’autres personnes qui auraient davantage mérité cette distinction.

 

 

Vous minimisez vos mérites…

Non pas du tout. Mais, lorsque vous êtes choisie parmi tant d’autres, dont la contribution pour élever l’honneur de l’île a été plus grande que la vôtre, vous vous dites que cette distinction est tombée du ciel.

 

 

Que vous a apporté cette décoration ?

Quelques légumes qu’un maraîcher m’a offerts lors d’une de mes visites au marché (rires). C’était sa façon à lui de partager sa joie. La médiatisation autour de tout cela m’a amenée à être connue et reconnue par un grand nombre de gens. Les messages de félicitations me suivaient partout où j’allais les premiers jours suivant la décoration.

 

 

La reconnaissance, est-ce une chose à laquelle vous aspiriez ?

Pas du tout. Être populaire n’a jamais figuré dans mes ambitions. Ce à quoi j’aspire, c’est de progresser, d’atteindre d’autres sommets en termes de performance, d’aller toujours plus haut, d’être à un bon niveau dans une discipline en constante progression. Ce à quoi j’aspire, c’est la satisfaction personnelle, laquelle réunit dans son équation l’effort et les sacrifices. Parfois, elle peut se manifester par une médaille, parfois pas, mais sa présence est le signe d’un aboutissement… D’un autre côté, la reconnaissance des autres, c’est bien. Sans plus. Je ne lui donne pas plus d’importance qu’elle ne mérite.

 

 

Se retrouver souvent sous les feux des projecteurs, est-ce facile à vivre ?

Oui, à condition d’être réaliste et de toujours garder les pieds bien sur terre. C’est un truc auquel il ne faut pas s’accrocher car cela ne dure qu’un petit moment. Je sais où je vais. Je me considère comme une ambassadrice de l’haltérophilie et je profite de chaque situation qui m’est donnée pour promouvoir la discipline et ses bienfaits. Mes ambitions ne sont que purement sportives.

 

 

À ceux qui nourrissent la perception que l’haltérophilie est un sport d’homme, que diriez-vous ?

Que celle-ci est fausse ! Je crois qu’elle découle principalement du fait que beaucoup ont tendance à associer la force aux hommes et la douceur aux femmes. Ces deux caractéristiques peuvent tout à fait s’harmoniser. Ce n’est pas parce que l’on possède l’une que l’on est dépourvue de l’autre. La force naît du mental et n’est, de ce fait, pas l’exclusivité d’un genre en particulier. D’ailleurs, c’est le discours que je tiens à chacune de mes interventions dans les collèges pour la promotion de l’haltérophilie. Et, il y a un intérêt chez certaines filles. Actuellement à Maurice, nous ne sommes qu’environ dix femmes à pratiquer la discipline mais avec l’ouverture des clubs et une politique de régionalisation, ce nombre connaîtra une hausse.

 

 

Quel est votre constat par rapport à l’égalité des genres à Maurice ?

Comparé à quelques années de cela, il y a eu une évolution. L’équilibre semble s’être installé. Le patriarcat a laissé place à une ouverture d’esprit, propre au monde moderne dans lequel nous vivons, à la reconnaissance et l’acceptation des valeurs de la femme.

 

Avez-vous déjà subi des remarques sexistes par rapport à votre activité sportive ?

Jamais ! Et, je ne manquerai pas de faire entendre ma voix si cela devait, un jour, s’avérer nécessaire. J’ai un fort caractère et jamais je ne permettrai à un homme de me dominer, sous quelque forme que ce soit.

 

 

Ce n’est malheureusement pas le cas pour toutes les femmes et le flot récent de violences dont certaines ont été victimes le démontre…

Je suis partagée entre la tristesse et la déception face à ces violences. Triste qu’il y ait encore des femmes soumises à leurs maris, incapables de se faire respecter et déçue que certains profitent justement de ces faiblesses pour s’adonner à des actes de lâcheté. La violence est l’arme des faibles.

 

 

Quel est le remède face à ces situations, selon vous ?

Une bonne éducation à la maison, avec papa et maman pour modèles, et un programme adapté à l’école sur les causes et les effets de toutes les formes de violence. Beaucoup trouvent en celle-ci un exutoire à leur frustration et colère. Il faut s’ouvrir à d’autres moyens d’éliminer celles-ci, comme la pratique d’un sport, par exemple !

 

 

Vos propos ne pourront que plaire aux organisations féministes de l’île… Passons à autre chose. La jeunesse mauricienne, comment la trouvez-vous ?

(rires) ! Je crois que la jeunesse d’aujourd’hui est le conducteur d’une nouvelle conscience. Elle est en train de briser les vieux modes de pensée, les vieux schémas. Beaucoup de jeunes, du moins ceux qui m’entourent, se tournent vers les arts et la culture et essaient de trouver par quels moyens ils peuvent contribuer au progrès du pays et de l’humanité. Bref, je dirai qu’on a une jeunesse consciente !

 

 

Êtes-vous intéressée par la politique ?

Pas vraiment. Je n’ai pas le temps pour cela.

 

 

Sur la politique sportive du pays, vous devez certainement avoir un avis…

Il est indéniable que le sport mauricien a évolué ces dernières années. Et, les résultats sont là. Les sportifs bénéficient de tout l’encadrement nécessaire à leur progression. Certes, il y a encore beaucoup de choses à faire mais le fait est qu’avec le ministre des Sports actuel, Devanand Ritoo, on va dans la bonne direction.

 

 

À part l’haltérophilie, quels sont vos centres d’intérêts ?

Je ne fais pas exception à la règle, comme pour toutes les femmes, je m’intéresse au shopping, à la mode ! Pendant la semaine, je suis presque tout le temps en tenue sportive, donc, le week-end, je prends un peu de temps pour moi. Je cherche la tenue convenable, la coiffure adéquate, histoire de me rendre coquette pour mon fiancé (rires). J’aime bien les séries télévisées aussi, avec une petite préférence pour celles qui sont humoristiques. Aussi, une fois par mois, nous organisons une sortie entre amis. C’est un jour que j’attends généralement avec impatience.

 

 

Et le mariage, c’est pour quand ?

Pour bientôt. Plus précisément en 2016, l’année durant laquelle j’ai prévu de prendre ma retraite en tant qu’athlète. Avec mon fiancé, nous nous sommes déjà lancés dans les préparatifs.

 

 

Shalinee, dans dix ans comment vous la voyez ?

Mariée, un enfant, propriétaire d’une salle de fitness et coach. D’ailleurs, j’ai déjà commencé un cours et mon souhait est de pouvoir mettre toutes mes connaissances et mon expérience au service des haltérophiles qui veulent progresser dans la discipline.

 

 

Et votre rêve ultime…

Une participation aux Jeuxolympiques de Rio ! Je m’entraînetrès dur pour pouvoir leréaliser.