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Dorish Chitson: «Maurice pas à l’abri d’une explosion sociale avec les jeunes chômeurs»

6 février 2014, 11:28

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Dorish Chitson: «Maurice pas à l’abri d’une explosion sociale avec les jeunes chômeurs»

Après la proclamation des résultats du «Higher School Certifi cate», de nombreux jeunes se posent des questions quant à leurs études supérieures. Selon Dorish Chitson, «Managing Director» d’OVEC, ils devraient bien s’informer avant de s’y lancer pour éviter de se retrouver au chômage.

 

◗Les chiffres de la Tertiary Education Commission (TEC) démontrent que le nombre d’étudiants qui optent pour l’étranger diminue constamment. Comment expliquer cette tendance ?

Je pense qu’avec la recession économique, les gens font beaucoup plus attention à leurs moyens financiers et donc les étudiants se tournent vers les universités locales pour décrocher un diplôme. C’est en particulier pour obtenir un Master qu’ils ont recours aux universités étrangères.

En effet, à un moment, ils sont nombreux à trouver l’université de Maurice, par exemple, ennuyante. Ils recherchent les universités étrangères pour le contact international en sus des activités extrascolaires proposées. Les jeunes étudiants apprennent d’autres cultures et sont plus ouverts d’esprit. C’est un avantage pour développer la personnalité.

 

◗Les jeunes qui ne s’informent pas assez des réalités du marché avant de se lancer dans les études supérieures : est-ce une cause du taux élevé de chômage ?

Oui, les étudiants ne sont pas suffisamment informés des réalités du marché. Certains s’informent mais bon nombre ne le font pas. Les étudiants ne se débrouillent pas vraiment seuls, les parents aident beaucoup. Pour éviter de se retrouver sans employ après leurs études, les étudiants devraient s’informer et s’intéresser aux différentes options d’un secteur. Mais souvent ils se laissent aller et il est trop tard quand ils se rendent compte que leur choix n’était pas le bon.

Lors des Salons d’OVEC, nous aidons au mieux les étudiants en les conseillant sur les filières dans lesquelles ils veulent se lancer. Des représentants de plusieurs universités viennent donner des informations aux jeunes pour les guider dans leurs choix.

 

◗L’Australie et le Canada sont des pays très prisés. Pourquoi ?

Avec des pays comme le Canada ou l’Australie, les étudiants ont la possibilité de travailler. S’agissant du Canada, l’étudiant peut obtenir un permis de travail rapidement de même que la nationalité canadienne. Le gouvernement canadien permet aux étudiants d’effectuer un travail rémunéré et d’étudier en parallèle et souvent ils gardent les emplois dans lesquels ils ont débuté. Une fois qu’ils ont la nationalité, s’ils veulent poursuivre des études, ils payent moins cher. L’autre avantage est que les écoles polytechniques acceptent également des étudiants ayant uniquement le School Certificate.

La popularité de l’Australie décroît principalement à cause du prix mais l’éducation est un secteur important en Australie. Tous les étudiants peuvent faire des démarches pour obtenir un permis de travail de deux ans et ceux qui sont brillants peuvent décrocher des bourses. Un autre point que nous avons constaté est que plusieurs étudiants, après avoir commencé leurs études au Canada, vont en Australie pour son climat.

D’un autre côté, l’Angleterre est de moins en moins populaire car c’est un pays affecté par la récession et les étudiants ne peuvent pas y vivre et travailler.

 

◗Ces étudiants qui après leurs études ne rentrent pas au pays, le font-ils à cause du chômage à Maurice ?

De tous ceux qui partent, environ 10 % seulement reviennent. Ils veulent fuir le pays car ils ne trouvent pas d’emploi à Maurice et ces jeunes sont frustrés. Le problème est aussi qu’ils ne veulent plus faire de petit boulot. À titre d’exemple, le métier de plombier ne paye pas bien ici alors qu’à l’étranger c’est un métier qui paye tout aussi bien que les emplois de bureau.

À Maurice, j’ai l’impression que nous ne sommes pas à l’abri d’une explosion sociale avec tous ces jeunes qui finissent l’université et qui ne trouvent pas d’emploi. En Tunisie, c’est ce qui s’est passé.

 

◗L’accès au financement est-il difficile ?

De plus en plus, les institutions financières aident les jeunes qui se lancent dans des études supérieures. Certaines banques baissent leurs taux d’intérêt pour les aider. Elles permettent aussi aux étudiants de rembourser leurs emprunts après les études mais il faut avoir une garantie. L’État, de son côté, aide les personnes dans le besoin pour leurs études. L’Employees Welfare Fund également aide les étudiants.

Pour permettre à leurs enfants d’aller étudier, des parents font des sacrifices. Ils économisent depuis des années ou vendent leurs terrains.

 

◗Les étudiants sont nombreux à opter pour des études liées au commerce et aux affaires de même que pour l’ingénierie comme le montre une étude de la TEC. N’est-ce pas risqué par rapport au chômage ?

Ce n’est certainement pas très judicieux d’aller vers des secteurs saturés. Les étudiants sont mal informés. Ils doivent se renseigner sur les secteurs qu’ils veulent rejoindre et sur ceux qui ont le plus de débouchés. Il faut connaître les réalités du marché et ne pas seulement suivre la tendance.

L’idéal serait de faire des études qui passionnent l’étudiant, d’où l’intérêt de faire un joint degree qui permet en même temps plus d’ouverture.

 

◗Le niveau des nombreuses universités qui s’implantent à Maurice est-il comparable à celui des universités étrangères ?

Je ne pense pas non, il y a toutes sortes d’institutions qui s’implantent à Maurice. Il n’y a qu’à voir tous les scandales liés à l’enseignement supérieur. Le gouvernement et la TEC devraient plus surveiller cet aspect-là. Aussi bon nombre de ces antennes à Maurice embauchent des Lecturers localement à cause de leur budget.

Pour ce qui est de la qualité, l’enseignement à Maurice est trop bookish et académique. Il n’y a pas d’activités extrascolaires et les étudiants ne sont pas suffisamment ouverts à l’international. L’expérience qu’un étudiant acquiert à l’étranger fait partie de son éducation.

 

◗Le taux de réussite des Mauriciens est-il le même dans tous les pays ?

Les Mauriciens sont à l’honneur partout. On a un bon feedback sur les étudiants mauriciens qui partent. Il faut considérer qu’à Maurice l’esprit de compétition est très présent et cela les aide à progresser.

 

◗La Chine gagne en popularité. Qu’est-ce qui explique cela ?

Le coût principalement. La Chine est le pays le moins cher pour étudier ; Rs 125 000 par année suffisent pour payer les cours et y vivre.

La Chine a aussi une politique d’ouverture envers les pays de la région Afrique. Elle n’est pas sévère sur les qualifications requises pour accéder aux cours. Ce qui aide les étudiants en Chine, c’est la competition avec les Chinois car l’accès aux universités pour ceux-ci est plus strict.

En ce qui concerne les rumeurs selon lesquelles aller en Chine permet d’avoir facilement un diplôme, elles ne sont pas vraies. À OVEC, nous choisissons les meilleures institutions pour envoyer les étudiants. Les grandes universités en Chine sont très avancées en termes de technologies et d’infrastructures.

 

◗Les étudiants qui se rendent en Chine éprouvent-ils des difficultés à s’adapter à la langue et à la culture ?

C’est vrai qu’au niveau de la langue il y a un problème, mais si l’étudiant parle l’anglais, il peut facilement s’en sortir. Pour ce qui est de la culture, certaines universités proposent des plats diversifiés, indien et européen, entre autres, pour faciliter l’adaptation.