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Hausse de tarifs dans le port: bras de fer CHCL–agents maritimes

18 janvier 2017, 22:12

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Hausse de tarifs dans le port: bras de fer CHCL–agents maritimes

«La hausse de tarifs se fera cette année et non en 2018, mais la durée du préavis sera étendue.» C’est la position du management de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) après avoir pris connaissance de la lettre que lui a fait parvenir l’Association professionnelle des agents maritimes mauriciens (APAMM). Celle-ci «s’oppose fortement» à une hausse de 8% des tarifs imposée par l’organisme de l’État sur le trafic captif. À savoir le trafic de conteneurs destinés au marché mauricien.

Pourquoi une augmentation de 8% ? Du côté de la direction de la CHCL, on explique qu’il s’agit du taux d’inflation ajouté aux prix en cours. «Cela fait trois ans que nous n’avons pas revu les prix. Mais cette année, à cause des investissements majeurs qui se font au port, nous devons le faire», soutient un cadre de la CHCL.

Pour les membres de l’APAMM, cette hausse n’est pas justifiée. D’autant que, selon eux, les infrastructures portuaires et la productivité de la CHCL ne sont pas satisfaisantes. Sollicitée suivant ces critiques des membres de l’association, la direction de la CHCL dit en «avoir pris note» et que les points soulevés seront discutés lors du prochain conseil qui se réunira la semaine prochaine.

Pour l’heure, la seule décision qui a été prise au niveau du management de la CHCL, c’est de repousser l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs du 1er février à une date ultérieure. Celle-ci sera communiquée après la réunion du conseil d’administration. «Toutefois, il ne s’agit pas de repousser jusqu’en 2018», maintient notre interlocuteur.

«Nous ne sommes pas d’accord avec les points soulevés dans la lettre des agents maritimes, mais nous allons consulter le board, parce que la hausse est une décision du conseil d’administration. Elle ne concerne pas les tarifs pour le transbordement», assure un membre du board de la CHCL.

En effet, dans les milieux de la CHCL, on explique que les tarifs pour les conteneurs qui transitent par Maurice pour d’autres ports, ne seront pas revus à la hausse. Autre précision: Rodrigues et Agalega ne seront pas affectés par la hausse des tarifs du trafic captif puisque celui-ci est subventionné par l’État pour les deux îles. Dans la foulée, il nous revient que la direction de la CHCL prévoit de rencontrer les membres de l’APAMM après la réunion du conseil d’administration de la semaine prochaine.

 

Le port face à ses démons

<p>Un courrier de la CHCL en date du vendredi 13 janvier annonçant, pour le 1er février, une augmentation généralisée des tarifs de 8% pour les lignes maritimes desservant Port-Louis cause depuis de très grandes inquiétudes chez les agents maritimes. Cette augmentation des tarifs est proposée sur une toile de fond considérée comme inacceptable: la faible productivité du port se détériorant, selon l&rsquo;APAMM et le fret maritime étant, depuis quelques temps, à son niveau le plus bas, ce qui ne laisserait aucune marge de manœuvre aux compagnies maritimes pour payer plus.</p>

<p>Dans un courrier en réplique, daté du 16 janvier, l&rsquo;APAMM proteste vigoureusement contre cette annonce d&rsquo;augmentation avec, en plus, seulement deux semaines de préavis et souligne, pour bonne mesure, que lors de la dernière réunion du <em>Port Users&rsquo; Council</em>, le 15 décembre 2016, une augmentation des tarifs avait été avisée, mais pour 2018 seulement, soit après les travaux d&rsquo;extension et de renforcement des quais et l&rsquo;installation de nouveaux portiques qu&rsquo;on attend fin 2017.</p>

<p>À cet effet, l&rsquo;APAMM souligne que les portiques existants sont obsolètes et qu&rsquo;ils tombent régulièrement en panne. Ce qui freine le travail pour charger ou décharger les bateaux. Ce qui irrite les lignes maritimes au plus haut point, toute inefficience ayant un coût certain.</p>

<p>De plus, l&rsquo;APAMM constate, dans des remarques accablantes et alors que le pays cherche un partenaire stratégique pour le port, que, durant les deux dernières années, la faible productivité de la main-d&rsquo;œuvre portuaire, alliée au mauvais état des infrastructures, avait même mené les autorités à demander aux lignes maritimes de freiner leurs mouvements à Port-Louis, réduisant donc les occasions de facturer plus de fret, ce qui aurait permis de réduire les coûts opérationnels par container transporté. S&rsquo;il est reconnu que les surfaces disponibles au stacking yard ont augmenté, les lignes maritimes et leurs agents notent que le &laquo;<em>house-keeping is very poor&raquo;.</em> La gestion des surfaces où sont disposés les containers est présentement jugée <em>&laquo;inexistante&raquo;.</em></p>

<p>Ce qui inquiète véritablement l&rsquo;APAMM, c&rsquo;est d&rsquo;avoir à endiguer la réaction véhémente des lignes maritimes quand on leur annoncera cette augmentation des tarifs sans qu&rsquo;il y ait, en retour, la possibilité d&rsquo;atteindre ce qui est considéré comme le niveau minimum acceptable pour la productivité d&rsquo;un port, soit 25 mouvements par portique par heure. Selon nos renseignements, la tendance qui était déjà basse (21,3 ; 19,4 et 20,2 mouvements en juin, juillet et août 2016) se détériore encore plus (19,9 ; 19 et 18 pour les trois derniers mois de l&rsquo;année passée et 16 - 17 depuis le début de janvier).</p>

<p>L&rsquo;APAMM rappelle à cet effet qu&rsquo;à cause de la situation à Port-Louis, la plupart des lignes maritimes ont déjà mis leurs propositions stratégiques à long terme au frigo et que l&rsquo;augmentation proposée par la CHCL pourrait tout simplement les mener à s&rsquo;éloigner de chez nous pour des régions plus compétitives, laissant Maurice être desservie par des <em>feeder vessels</em>, ce qui ne serait pas sans conséquences sérieuses pour le pays.</p>

<p>Reconnaissant que la CHCL a réussi à étendre les heures de travail les jours de Noël et du Nouvel An et à restreindre le temps perdu pour des réunions de nature religieuse ou industrielle, l&rsquo;APAMM, sous-entendant la nécessité absolue d&rsquo;être compétitif si le pays veut développer son port, rappelle qu&rsquo;un port efficace se doit, comme un aéroport, de travailler 24 heures par jour, sept jours par semaine, 365 jours par an et recommande fortement de retarder cette augmentation tarifaire à janvier 2018 quand la productivité, dument augmentée de 20% comme promis dans la lettre de la CHCL, sera peut-être au rendez-vous. Si la CHCL parvient, en attendant, à &laquo;<em>instil a better work culture on its labour force&raquo;.</em></p>

<p>Les acteurs économiques du pays, qui dépendent d&rsquo;un port efficient et de lignes maritimes solidement présentes, voient se dérouler ce scénario avec une certaine trépidation. Ce qui ne va sûrement pas aider à rassurer quiconque.</p>