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Abhay Thakur: «De tous les accords fiscaux signés par l’Inde, Maurice a été le mieux traité»

3 novembre 2016, 13:59

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Abhay Thakur: «De tous les accords fiscaux signés par l’Inde, Maurice a été le mieux traité»

 

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Abhay Thakur est le haut-commissaire de l’Inde en poste depuis septembre. Dans cette interview, réalisée par échange de courriels, il aborde divers aspects de la coopération bilatérale entre l’Inde et Maurice.

<p><strong>Deux projets de longue haleine ont connu d&rsquo;importants développements en une semaine. D&rsquo;abord, la construction des nouveaux locaux du&nbsp;haut-&nbsp;commissariat&nbsp;indien, à Ébène. Puis, ceux du World Hindi Secretariat, à Phoenix. Est-ce le signe d&rsquo;un regain de vitalité des relations entre l&rsquo;Inde et Maurice ?</strong></p>

<p>La construction d&rsquo;institutions renforce naturellement tout système. Le World Hindi Secretariat et la haut-commissariat&nbsp;sont des institution-clés. Leur construction a démarré début octobre. Dans les deux cas, les travaux doivent s&rsquo;achever en 2018. Cela va certainement contribuer à renforcer les liens historiques que nous entretenons avec Maurice, des liens qui ont résisté au temps.</p>

<p>&nbsp;</p>

<p><strong>Le dossier brûlant en matière de relation économique entre les deux pays est le traité fiscal. Un accord, le Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA), doit encore être trouvé. Pouvez-vous donner l&rsquo;assurance aux divers acteurs du global business qu&rsquo;ils seront gagnants sur toute la ligne avec ces nouveaux accords ?</strong></p>

<p>Maintenant que les points en suspens du traité fiscal entre l&rsquo;Inde et Maurice ont été réglés, nos deux pays s&rsquo;attendent à une coopération économique multisectorielle qui se fait dans la transparence. Une coopération sans aucune crainte concernant d&rsquo;éventuels abus du traité fiscal. De tous les accords fiscaux signés par l&rsquo;Inde, aucun autre pays n&rsquo;a été aussi bien traité que Maurice. Les discussions à propos du CECPA ont déjà commencé. Les entreprises indiennes attendent surtout de pouvoir profiter du potentiel de Maurice comme passerelle vers l&rsquo;Afrique.</p>

<p>&nbsp;</p>

<p><strong>Pouvez-vous nous en dire plus sur les termes du nouvel accord ?</strong></p>

<p>Je ne peux que vous diriger vers le communiqué de presse du gouvernement indien émis par le Press Information Bureau, le 10 mai 2016. Ce communiqué concerne les principaux aspects des changements apportés au traité fiscal entre l&rsquo;Inde et Maurice. Il couvre également les questions liées aux impôts à la source sur les plus-values et la baisse de 50 % des taxes accompagnée de plafonds, qui seront appliqués durant la période de transition qui va d&rsquo;avril 2017 à mars 2019.</p>

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<p><strong>Où en sont les négociations concernant le CECPA ?</strong></p>

<p>Les discussions ont eu lieu les 12 et 13 septembre derniers à Maurice. Divers aspects de l&rsquo;accord, notamment le commerce des biens et services, l&rsquo;investissement et la coopération économique dans son ensemble ont été abordés. Il est entendu que les deux parties vont tout faire pour conclure les négociations en l&rsquo;espace d&rsquo;un an. Du côté de l&rsquo;Inde, nous devons consulter non seulement le gouvernement central mais aussi les autorités des différents États.</p>

<p>&nbsp;</p>

<p><strong>Pravind Jugnauth, ministre des Finances, a qualifiée &laquo;d&rsquo;exceptionnelle&raquo; la contribution indienne au Budget 2016-2017. Quel est l&rsquo;intérêt de l&rsquo;Inde à financer autant de projets à Maurice ?</strong></p>

<p>La relation avec Maurice est très spéciale. C&rsquo;est un partenariat privilégié basé sur des liens historiques, culturels ainsi que des liens de parenté. Dans le passé, nous avons été associés à des projets tels que le Mahatma Gandhi Institute, la Cyber Tower 1, le centre de conférences Swami Vivekananda, l&rsquo;hôpital Jawaharlall Nehru et le Rabindranath Tagore Institute. Nous sommes heureux de poursuivre ce partenariat qui concerne les projets socio-économiques prioritaires de Maurice. Cela, à travers des subventions et des lignes de crédit.</p>

<p><strong>Est-ce que l&rsquo;Inde a son mot à dire dans le choix des projets auxquels ces sommes sont allouées ?</strong></p>

<p>L&rsquo;aide indienne va vers les projets prioritaires du gouvernement mauricien.</p>

<p><strong>La somme initialement allouée à Heritage City a été redirigée vers le projet Metro Express. Auriez-vous préféré que l&rsquo;Inde marque sa présence à Heritage City ?</strong></p>

<p>Comme je vous l&rsquo;ai dit, l&rsquo;aide indienne va aux projets prioritaires du gouvernement mauricien.</p>

<p><strong>Dans le cas du Metro Express, est-ce qu&rsquo;il y a un délai imposé pour le lancement du projet, passé lequel la somme accordée ne sera plus disponible ?</strong></p>

<p>Non.</p>

<p><strong>Dans le secteur de l&rsquo;éducation, une enveloppe d&rsquo;aide est consacrée aux tablettes tactiles pour les écoliers. Ces appareils seront-ils disponibles à la rentrée des classes en janvier ?</strong></p>

<p>Le gouvernement indien a accordé une subvention de 14 millions de dollars américains pour le projet de tablettes tactiles. Une équipe d&rsquo;Education Consultants India Ltd, une institution publique, était à Maurice le mois dernier pour des pourparlers avec le ministère de l&rsquo;Éducation. Une fois que le choix des consultants et des fournisseurs aura été arrêté, nous saurons précisément dans quel délai le projet doit être réalisé. Tout sera alors fait pour que celui-ci soit mené à terme dans les temps.</p>

<p><strong>Pravind Jugnauth sera le prochain Premier ministre (PM). Quel impact cette transition aura-t-elle sur les liens entre l&rsquo;Inde et Maurice ?</strong></p>

<p>Il y a un vaste consensus politique dans les deux pays autour des liens étroits qu&rsquo;entretiennent l&rsquo;Inde et Maurice. Cette coopération s&rsquo;est concrétisée grâce à la sagesse de nos leaders successifs. Les PM des deux pays se rendent régulièrement visite. S&rsquo;agissant de la transition que vous évoquez, c&rsquo;est aux partis politiques et à la population de Maurice de décider. Je n&rsquo;ai aucun doute que les excellentes relations que nous entretenons sous le leadership de sir Anerood Jugnauth et du PM Narendra Modi sont de nature permanentes.</p>

<p><strong>Que pensez-vous de la bataille que mène Maurice pour la souveraineté sur l&rsquo;archipel des Chagos ?</strong></p>

<p>Nous avons toujours soutenu la position de Maurice dans les forums internationaux et nous continuerons à le faire.</p>

<p><strong>Qu&rsquo;en est-il de l&rsquo;intérêt de l&rsquo;Inde pour Agaléga ?</strong></p>

<p>En mars 2015, au cours de la visite de Narendra Modi à Maurice, nos deux pays ont signé un memorandum of understanding. Celui-ci porte sur l&rsquo;amélioration des facilités de transport maritime et aérien à Agaléga. L&rsquo;optimisation des infrastructures dans les îles éparses est, je crois, l&rsquo;une des priorités du gouvernement mauricien et nous sommes heureux d&rsquo;y contribuer.</p>

<p><strong>Passons au volet culturel. En 2017, l&rsquo;Indira Gandhi Centre for Indian Culture célébrera ses 30 ans d&rsquo;existence. Y a-t-il un&nbsp;plan pour revitaliser le centre ?</strong></p>

<p>Des travaux de rénovation sont en cours. Le centre sera revitalisé.</p>

<p><strong>Pour finir, un mot sur votre carrière. Vous avez été en poste à Moscou, Londres, Hô Chi Minh-Ville et Tel-Aviv. Diriez-vous qu&rsquo;il est relativement plus aisé d&rsquo;exercer vos fonctions à Port-Louis ?</strong></p>

<p>Il n&rsquo;y a aucune diminution concernant la somme de travail. Nos liens historiques avec Maurice sont plus profonds que l&rsquo;océan Indien. Nous nourrissons constamment nos connexions avec les personnes d&rsquo;origine&nbsp;indienne. Je suis arrivé à Port-Louis à un moment où la coopération Inde-Maurice est dans une phase d&rsquo;expansion, avec plusieurs nouveaux projets. Cela dit, c&rsquo;est un plaisir de travailler dans un cadre tel que Maurice et de pouvoir trouver le temps de se relaxer au Ganga Talao ou à la plage.</p>