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Mahébourg : nouvelle vie pour le barachois

27 octobre 2016, 14:54

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Mahébourg : nouvelle vie pour le barachois

Pêcheurs, habitants et bénévoles se sont unis pour un objectif commun : donner un nouveau souffle au barachois de Mahébourg. Un projet d’envergure qui devrait booster les activités d’écotourisme.

Cela fait un moment déjà que le quartier de La Chaux, à Mahébourg, vit au rythme des préparatifs en vue du lancement du projet de faire revivre le barachois. Un rêve longtemps caressé par les habitants mais qui, jusqu’à l’heure, n’avait pu prendre forme. Toutefois, au début de novembre, ce projet communautaire, intitulé The Barachois Project devrait être une réalité.

«Cela fait six mois déjà que les gens du village et les pêcheurs sont à fond dedans», dit Estelle Deja, Project Manager. Depuis la mi-février, elle a eu toutes les permissions nécessaires afin de lancer le projet. Elle enchaîne les réunions explicatives avec toutes les parties. Elle entame en ce moment la dernière ligne droite avant la présentation de The Barachois Project. En effet, toute une journée sera dédiée à la présentation et à la sensibilisation des habitants sur le projet, le 6 novembre.

«Ensam nou rédon nou baraswa lavi», thème choisi pour la présentation, résume bien le projet qui se fera en trois phases. Il y a d’abord la réintroduction de la mariculture, notamment des crabes. «Nous allons commencer par l’élevage de crabe carrelet. Ce crustacé aime bien ce type d’habitat et ils y étaitent nombreux dans le passé», dit la jeune femme, dé- tentrice d’un master en gestion de zones protégées. Ensuite, le mur en pierre sera rénové. Cette structure, qui sépare le barachois du lagon, a subi l’usure du temps et le projet du barachois compte bien la rétablir. Finalement, une enceinte sera établie afin de garder l’espace ainsi réhabilité.

L’autre facette de ce projet consiste à promouvoir les activités de conservation. «Nous voulons éduquer les gens sur les mangroves qui constituent le gros de la végétation sur place, mais qui jouent aussi un rôle important dans notre écosystème. Il y a aussi tout un travail de monitoring et de protection à faire pour conserver la zone», explique Estelle Deja. Pour cette partie, la Projet Coordinator compte tirer avantage de toute l’aide qu’elle peut obtenir auprès de la population locale. Ce sont les habitants qui assureront la surveillance ainsi que le gardiennage une fois que le barachois sera pleinement opérationnel. Cet espace accueillera également des activités ayant trait à l’écotourisme.

Si ce projet a pu prendre forme après plus de deux ans de lutte, c’est grâce au soutien et à la collaboration de diverses instances. «Nous avons eu l’aide des ministères de l’Agro-industrie, de la Pêche et de l’Environnement. Et notamment de l’Environmental Protection & Conservation Organisation, de la Commisssion de l’océan Indien, la Global Environment Facility, pour le financement. Finalement, se greffe aussi tout un mouvement de bénévoles, comme les étudiants de l’université de Maurice et les associations de Résidence La Chaux que je remercie», confie la jeune femme.

Et de préciser humblement que «j’ai seulement facilité le projet, notamment en écrivant et en cherchant les soutiens mais ce sont les pêcheurs qui l’ont pensé et mis en pratique».

Une idée de l’association des pêcheurs de Mahébourg

«Même si je me suis retiré du projet, je suis heureux qu’il aille de l’avant. Mo fier linn dibout», dit Christian Hang Hong, secrétaire de l’association des pêcheurs de Mahébourg. Même s’il dit qu’il va apporter son soutien au projet, il rappelle, avec une pointe de regret, qu’il en était, avec un groupe de pêcheurs, l’initiateur. «C’était vers le début de l’an 2000 pendant que le gouvernement d’alors commençait à parler d’élevage de poissons dans des cages pour aider les pêcheurs à s’en sortir. J’avais dit non et proposé d’élever des poissons et fruits de mer dans leur élément naturel, ici dans le barachois», raconte-t-il. Les pêcheurs créent alors la Nemo Fish Breeding Association, une coopérative devant leur permettre de lancer leurs activités. Lenteur, manque de facilités et surtout impatience de certains, font capoter le projet. Lorsqu’il est relancé par Estelle Deja, certains pêcheurs restent alors que d’autres abandonnent. Christian Hang Hong est de ceux-là. «Nous l’avions monté seulement pour les pêcheurs. Il n’y avait pas tous les habitants de la cité inclus. An plis éna ladan rod déklar piti pa pou zot», résume-t-il.