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Sylvio Chiara: la météo occupe tout son temps

25 septembre 2016, 20:15

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Sylvio Chiara: la météo occupe tout son temps

Les travaux pour l’installation du radar de la station météorologique de Vacoas ont démarré lundi, à Trou-aux-Cerfs. Loin du bruit des pelleteuses, c’est à domicile que Sylvio Chiara recueille des données, les analyse et les partage sur le Net.

Tout commence sur le toit. Un endroit tranquille de Petit-Raffray, où Sylvio Chiara a installé un ensemble d’instruments pour mesurer la pluviométrie, la direction et la force du vent, l’hygrométrie, la pression barométrique. «Je crois que j’en oublie», sourit-il.

Est-ce pour produire un bulletin météo ? L’Italien arrivé chez nous en 1996 a un regard amusé. Il concède qu’il n’en a pas les moyens. Insiste sur le fait qu’«amateur ne veut pas dire débutant». Avant d’ironiser : «Les gens attendent que des espèces de sorciers leur disent quel temps il va faire demain. C’est inutile et jamais exact. J’ai l’impression qu’ils racontent ce qui s’est passé dans la journée. Avec le climat océanique, c’est presque impossible de faire des prévisions fiables

Selon lui, grâce aux instruments, on peut prévoir à court terme qu’il n’y aura pas de nuages. Mais de là à dire que dans le Nord il va pleuvoir et dans l’Ouest, «là, c’est difficile». «Ce qui m’intéresse dans la météo, c’est l’histoire. La météo, c’est principalement des archives, des données qui s’accumulent et que je cherche à comprendre. On entend souvent dire, il n’a jamais plu comme ça auparavant, mais ce n’est pas vrai. Les mesures peuvent le démontrer.»

Les relevés de ses instruments, Sylvio Chiara les poste sur le site meteomauritius.altervista.org depuis octobre 2011. Le vent «est mesuré toutes les 2,5 secondes. La température est prise environ toutes les cinq secondes», indiquet-il. Toutes les données sont envoyées via signal radio, «et pas par fil», à une console installée dans son bureau. Avant d’être canalisées vers l’ordinateur qui est utilisé comme un serveur. Sur son site, Sylvio Chiara est connecté à plusieurs autres : Wizard all around, Citizen Weather Observer Program, Personal Weather Station et Awekas, qui est un système automatique de cartes météorologiques.

Ce passionné affirme que par beau temps, son site reçoit entre 30 et 60 visites par jour. Quand il y a un cyclone dans les parages, cela dépasse les 1 000 visites par jour, affirme-t-il. «Ce qui me rend heureux, ce n’est pas qu’on me voie depuis le Brésil, comme ces derniers jours. Je suis heureux quand il y a des visites de Maurice.» À l’instar de ces étudiants de l’université de Maurice qui ont déjà pris contact avec lui, pour demander l’autorisation d’utiliser ses relevés. Des touristes aussi lui ont écrit, raconte-t-il, pour dire qu’ils ont des problèmes pour s’exposer au soleil. «Ils m’ont demandé comment interpréter les données. J’ai expliqué que j’ai réglé ma station pour ce que l’on appelle les peaux canadiennes. Moi par exemple, au soleil, je deviens rouge, je ne bronze pas. Il vaut mieux faire attention, que de dire qu’il n’y a pas de problème. Apré éna problem.»

Maison visible de loin

 Sylvio Chiara, aujourd’hui, à la retraite, est électromécanicien de formation. Avec en plus, cette curiosité qui le pousse à vouloir comprendre comment marche le monde autour de lui. Sa maison est d’ailleurs visible de loin, reconnaissable aux éoliennes qui virevoltent sur le toit, à côté des panneaux photovoltaïques.

Car cet homme originaire du Piémont produit l’électricité qu’il consomme. Quand il est arrivé chez nous, il a été «très étonné de voir des gens utiliser l’énergie du soleil pour faire bronzette uniquement».

Avant de produire de l’électricité, Sylvio Chiara s’est rendu à la station météorologique de Vacoas pour avoir des données. «On m’avait demandé Rs 900 de frais papiers. Il faudrait que la météo rende disponibles plus de données que ce qu’il y a sur son site

Une autre question a retenu son attention : les cyclones ne «s’intéressent» plus à Maurice depuis quelque temps. «J’ai remarqué que depuis 2007, les cyclones ont tendance à ‘glisser’ vers Madagascar et l’Afrique. Si vous voulez qu’un cyclone tombe sur Maurice, il faut une basse pression entre deux cellules anticycloniques et le cyclone est aspiré dedans. Depuis huit ans, cela ne se vérifie plus.» Mais n’engagez pas de discussion sur le changement climatique, car vous tomberez sur un «climatosceptique».

Pourquoi Sylvio Chiara fait-il tout cela ? Depuis l’enfance, affirme l’Italien, «je voulais rendre service à la communauté. Et surtout dites bien que je n’ai pas le temps pour de supposées activités mafieuses».