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Unanimité contre l’immigration illégale autour de Merkel à Vienne

24 septembre 2016, 20:48

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Unanimité contre l’immigration illégale autour de Merkel à Vienne

 

Angela Merkel, ébranlée par deux défaites électorales qui ont remis en cause sa politique d’accueil des réfugiés, a affiché sa fermeté dans la lutte contre l’immigration illégale, soutenue par ses partenaires régionaux réunis samedi à Vienne.

La chancelière allemande a insisté pour que l’Europe multiplie les accords de renvoi des déboutés du droit d’asile.

«Nous voulons stopper l’immigration clandestine tout en étant à la hauteur de nos responsabilités humanitaires», a-t-elle déclaré à l’issue d’une rencontre avec ses homologues de dix pays situés sur la route migratoire des Balkans.

Elle souhaite que l’Europe puisse «conclure des accords avec les pays tiers, notamment en Afrique, mais aussi avec le Pakistan et l’Afghanistan (...) pour qu’il devienne clair que ceux qui n’ont pas le droit de rester en Europe sont renvoyés vers leur pays d’origine».

L’urgence de tarir les flux d’immigration illégale a été «unanimement partagée», selon Mme Merkel, par des participants aux orientations politiques aussi éloignées que le Premier ministre grec de gauche Alexis Tsipras et son homologue hongrois Viktor Orban, aux accents nationalistes.

Ce dernier a exposé ses solutions radicales pour fermer les portes de l’Europe aux réfugiés : renvoyer tous les demandeurs d’asile actuellement sur le territoire européen à condition d'«identifier un lieu» pouvant les recevoir à l’extérieur des frontières de l’UE.

Moins draconiens, les autres dirigeants présents dans la capitale autrichienne veulent renforcer le contrôle des frontières extérieures de l’UE pour abaisser davantage le nombre des arrivées de migrants et éviter toute nouvelle crise similaire à celle de l’été 2015.

Sauvegader l’accord UE-Turquie 

L’Union européenne inaugurera le 6 octobre, à la frontière bulgaro-turque, un nouveau corps européen de gardes-frontières qui doit remplacer l’agence Frontex.

«Si nous ne protégeons pas les frontières extérieures de l’Europe, chaque pays prendra des mesures nationales, y compris l’Autriche, avec un impact important sur les échanges économiques (...)», a insisté le chancelier autrichien Christian Kern.

En mars, la fermeture de la «route des Balkans», à l’initiative de l’Autriche, et la signature d’un accord controversé de renvoi des migrants entre l’UE et la Turquie ont conduit à une réduction du nombre des arrivées via la Méditerranée.

Un accord similaire avec l’Afghanistan est «envisageable à l’avenir», selon M. Kern.

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 300.000 migrants et réfugiés ont traversé en 2016 la Méditerranée pour se rendre en Europe, principalement en Italie, un chiffre nettement inférieur à celui enregistré pendant les neuf premiers mois de 2015 (520.000) mais supérieur par rapport à l’ensemble de l’année 2014 (216.054).

Des centaines de candidats à l’asile tentent encore quotidiennement de franchir clandestinement les frontières aujourd’hui étroitement surveillées, voire fermées par des barbelés.

Et la fréquence des naufrages alarme les organisations humanitaires.

Un bateau de pêche qui transportait des centaines de personnes à destination de l’Italie a à cet égard chaviré mercredi au large de la ville égyptienne de Rosette (nord), le bilan étant d’au moins 162 morts.

Or, le pacte avec Ankara est menacé d’échouer si l’exemption de visas n’est pas garantie aux citoyens turcs d’ici à octobre, une clause qui divise les Etats membres de l’UE.

Le Premier ministre grec a donc insisté pour que «l’UE remplisse ses engagements vis-à-vis de la Turquie» et mette en oeuvre l’exemption de visas.

La question de l’accueil des réfugiés est devenue une source de tensions dans les opinions publiques européennes. Elle nourrit la poussée de partis politiques populistes, notamment d’extrême droite, en Autriche, en Allemagne, en France.

Angela Merkel a ainsi dû esquisser un mea culpa sur sa politique d’immigration après deux revers électoraux infligés à son parti par la droite populiste.

Viktor Orban appelle les Hongrois à se prononcer contre l’accueil des réfugiés à l’occasion d’un référendum qu’il organise dans une semaine, le 2 octobre.

Athènes plaide pour plus de solidarité envers la Grèce où quelque 60.000 demandeurs d’asile sont bloqués. Ils sont également des milliers coincés en Bulgarie et en Serbie, en raison du renforcement des contrôles aux frontières intérieures de l’Union européenne.

La question migratoire «ne sera pas réglée cet automne, ni même en 2017», avait prévenu Christian Kern.