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Trafic humain: des politiciens impliqués dans un réseau de prostitution de luxe

22 septembre 2016, 22:15

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Trafic humain: des politiciens impliqués dans un réseau de prostitution de luxe

«Un politicien m’a déjà proposé jusqu’à Rs 4 000 par heure pour mes services», affirme une prostituée malgache opérant à Maurice. Comme elle, plus d’une vingtaine de jeunes femmes «travaillent» au sein de ce réseau de prostitution de luxe, qui opère depuis un peu plus de huit mois, dans le Nord. Parmi leur clientèle: surtout des hommes d’affaires et des politiciens. La police a ouvert une enquête.

Dans le collimateur des limiers: les têtes pensantes de ce trafic, en l’occurrence des Mauriciens, dont un habitant de Port-Louis Nord, et des ressortissants européens. Ce réseau de prostitution ne compte pas moins de 25 femmes, dont des Malgaches, toutes âgées entre 20 et 35 ans. Il y a aussi de jeunes professionnelles mauriciennes, indique à l’express un enquêteur. «Elles ont même leur propre voiture», souligne-t-il. Elles s’adonnent à ces activités car la prostitution dite «de luxe» rapporte jusqu’à Rs 30 000 par mois.

Le recrutement des jeunes femmes malgaches se fait dans leur île natale. Les chefs du réseau font des allées et venues entre Maurice et Madagascar. Une native d’Antananarivo, âgée d’une trentaine d’années, raconte qu’elle a été approchée dans une des plus anciennes boîtes de nuit d’Antaninarenina, qui se situe dans les parages de la capitale malgache. Ce lieu est très fréquenté par des étrangers.

Ce qui l’a attirée, dit-elle, c’est le fait de toucher dix fois plus par mois que son revenu comme coiffeuse en une année à Madagascar. Dès qu’elle a accepté l’offre, il n’a fallu que peu de temps avant qu’elle n’obtienne un passeport, un billet d’avion et une lettre d’hébergement signée par un habitant de Port-Louis. Elle s’est par la suite envolée pour Maurice afin de commencer à «travailler».

Des photographies numérotées des filles sont envoyées aux clients

Cette Malgache affirme qu’elle n’est pas maltraitée, mais qu’elle a des règles à respecter. «Nous ne devons pas entrer en communication avec des personnes hors du réseau et pas de sorties sans être accompagnées.»

Comment les clients choisissent-ils les femmes avec qui ils veulent passer du bon temps? L’enquêteur souligne que des photographies numérotées des filles sont envoyées aux clients. Une fois le choix fait, un rendez-vous est pris. La prostituée est alors déposée en un lieu et le client passe la récupérer. C’est ce mode opératoire qui rend presque impossible la traque des responsables de ce trafic, affirme l’enquêteur.

«Les clients ne viennent pas dans les maisons où logent les filles. D’ailleurs, elles habitent à deux ou à trois dans une maison et c’est difficile de déceler un trafic si jamais on effectue une descente.» Pour ce policier, il s’agit clairement d’«une mafia».