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Lambert Leclézio: En selle avec un champion du monde

28 août 2016, 19:30

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Lambert Leclézio: En selle avec un champion du monde

Lambert Leclézio fait la fierté du pays en devenant champion du monde de voltige équestre. Ce Mauricien de 19 ans n’a pas pris la grosse tête pour autant. Par mél., il évoque ce moment de gloire et ses ambitions futures, soit réitérer l’exploit aux Jeux Équestres mondiaux de 2018. Go boy !

Qu’est-ce qu’il faut faire pour remporter le championnat de voltige équestre senior ?

Devenir champion du monde de voltige équestre demande énormément de sacrifices comme dans tous les sports je pense. Depuis que j’ai 14 ans, je passe presque toutes mes vacances scolaires à l’étranger afin de m’entraîner dans les meilleures conditions possibles. Je dois dire que j’ai sacrifié une bonne partie de ma jeunesse afin de me dévouer à ma discipline et atteindre l’élite du sport. C’était parfois dur de réaliser que pendant que mes amis s’amusaient et profitaient de leurs vacances, moi, j’étais à l’entraînement ou en compétition.

Où avez-vous commencé la voltige équestre ?

C’était au Ranch, un club qui a fermé depuis. J’ai fait mes débuts avec Sabrina de Maroussem et Stéphanie Jauffret.

Êtes-vous parti en France pour vous perfectionner dans cette discipline ?

Oui. Depuis octobre 2015, je vis dans une famille d’accueil en France parce que j’ai décidé de dédier mon année à mon sport. En France, il y a toutes les infrastructures et la possibilité d’avoir des entraînements de plus haut niveau. S’entraîner avec un champion et de très bons chevaux, c’est merveilleux. Je m’entraîne avec celui qui a remporté les Jeux Équestres Mondiaux de 2014, Jacques Ferrari.

C’est plus de 30 heures d’entraînement bien structuré par semaine et qui change selon les périodes et les enjeux importants pendant l’année. En période hivernale, il y a beaucoup de cardio, de renforcement musculaire et de construction des programmes. En début d’année, on s’est beaucoup consacré à la technique et à la préparation physique intensive... Puis les compétitions ont commencé et on s’est concentré sur les détails techniques et artistiques. On a répété de façon intensive tous nos programmes à cheval ou sur le tonneau (cheval de bois) ou cheval mécanique qui se trouve à Saumur ! En parallèle, les chevaux d’entraînements et de compétitions ont droit à leur programme de mise en condition afin d’avoir la meilleure note cheval possible.

Je suis allé à Saumur en mars pour un concours international où j’ai fini deuxième car je n’étais pas encore totalement habitué à Quiece, mon nouveau cheval. On a ensuite remporté une grande compétition à Ermelo aux Pays-Bas où nous avons devancé le champion d’Europe en titre. C’est là qu’on a décidé de se retirer du circuit jusqu’au championnat car on cherchait à me battre. J’ai donc fait des répétitions générales à la maison au Mans et les championnats de France en hors concours un mois avant les championnats sur la même piste que les championnats du monde.

Lors des championnats mondiaux la semaine dernière, la dernière manche a été de loin celle où je me suis fait le plus plaisir. Après la première manche de la compétition comprenant les imposés et le freestyle, j’étais en tête avec une petite avance. En final lors de mon programme technique le samedi, j’avais énormément de pression sur mes épaules et le cheval était très tendu. Alors, j’étais descendu à la troisième place du classement provisoire. Pourtant, tout était encore possible car les quatre premiers dont moi, on se tenait dans un mouchoir de poche.

Ainsi, celui qui allait faire le meilleur programme libre (freestyle) allait prendre la tête du classement et allait devenir champion du monde. Sachant la pression qui pesait sur chacun, nous avons décidé de jouer la carte de l’amusement et d’accorder moins d’importance sur le résultat et les notes. Donc, lors de notre échauffement et notre détente, nous avons essayé de nouveaux mouvements, j’ai improvisé sur le cheval et j’ai essayé de me faire plaisir. On est rentré en piste avec la tête vide et le programme s’est très bien déroulé. J’ai fait quelques erreurs que j’ai réussi à camoufler car les juges ne connaissaient pas mon programme libre par coeur. En sortant de piste, j’étais soulagé et je me suis précipité pour remercier Quiece, ma longeuse Sandra Tronchet et mon coach. J’étais très ému lorsque les notes sont tombées. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu dans cette aventure.

Maintenant, je me projette d’autres défis. J’ai plein d’idées pour continuer à progresser et innover. Je n’aurais jamais cru qu’un jour ce rêve se réaliserait. Je n’y serai jamais arrivé sans l’aide de mon entourage. Maintenant, je n’ai qu’une envie : renouveler l’exploit en 2018 lors des prochains Jeux Équestre Mondiaux, qui est la plus grande compétition pour tous les sports équestres et qui a lieu tous les quatre ans.

Vous envisagez quoi comme carrière ?

Je vais faire des études de kinésithérapie. La première année est une année de concours. Et puis, je pourrai rentrer dans un système où mon programme sera adapté au sport de haut niveau et à mes compétitions.

Parlez-nous de votre famille.

Ma famille vit à Maurice. Elle a été un pilier important car elle a d’abord cru en moi. Ils ont été très vite jetés dans le bain et ils m’ont soutenu jusqu’au bout en cherchant des parrains, en organisant plein de choses. Comme la fédération équestre à Maurice est très petite, nous avons dû faire beaucoup de choses nous-mêmes avec l’aide de Kim Guého et de Clotilde Jauffret qui étaient dans la fédération.

Cuisinez-vous ?

Je n’aime pas faire la cuisine mais cela m’arrive souvent de devoir cuisiner. Je préfère manger que cuisiner. Après un bon entraînement, un bon déjeuner ou un bon dîner fait énormément de bien.

Un péché mignon ?

Le chocolat.

Vous pratiquez d’autres sports ?

La voltige est un sport très complet et à haut niveau, c’est aussi faire du fitness, du cardio, de la gymnastique, des accros (santos, vrilles). Notre préparation n’est pas réduite aux entraînements à cheval qui n’est qu’une infime partie de l’entraînement. On pense au bien-être du cheval et il faut donc être préparé en amont à ce que l’on compte faire à cheval. On joue souvent au millimètre près...

Quels livres lisez-vous actuellement ?

Je déteste lire. Je préfère regarder un bon film... Cette année pendant mon temps libre, j’ai regardé Game of Thrones, qui est de loin ma série préférée.

Écoutez-vous la radio ?

J’écoute plutôt différents genres musicaux.

Votre idée du bonheur ?

Être heureux et rendre les autres heureux. Le bonheur est un état d’esprit. On peut choisir d’être heureux. Il suffit juste de suivre ses rêves.