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Ils ont du métier: Anil Changia, un tombaliste qui se tue à la tâche

27 août 2016, 19:30

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Ils ont du métier: Anil Changia, un tombaliste qui se tue à la tâche

Après-midi du jeudi 25 août. Le temps est doux, aux Salines. À l’entrée de cette localité, les cimetières ont fleuri. Dans les ruelles, même aux angles morts, les oiseaux chantent, ne s’accordant que de rares temps morts. Soudain, les cui-cui sont masqués par les «zwi-zwi» d’un outil quelconque. Il s’agit du grinder  d’Anil Changia, 50 ans. Celui qui exerce le métier de tombaliste depuis qu’il a 12 ans. Rencontre autour de quelques tombes.

Il a pris goût au travail grâce à son père. Pas question pour Anil de laisser mourir les traditions. Alors, depuis 38 ans, il taille, façonne, sculpte les dernières demeures de ces êtres chers qui nous ont quittés. Coûtent-elles cher ? «Enn tom an pier kout Rs 75 000. An siman, ant  Rs 15 000 ek Rs 20 000. Mo fer ousi séki an granit.»

Sa matière première – des «gro ros» – provient d’une carrière située à Riche-Terre. Puis, à coups de moulin, de ciseaux, de laser et de marteau, Anil transforme les rochers en tombes. La croix est-elle dure à porter ? Le porte-monnaie est-il en deuil à la fin du mois ? Non. «Mo travay dir. Mo vann enn-dé tom par mwa. Rési débat pou roul lakwizinn

Puisqu’il la côtoie de près, la mort le hante-t-il la nuit ? Pas du tout, lâche-t-il sans état d’âme et avec un sourire. La vie est belle, la mort en fait partie dès la naissance, on a tous quelque part un pied dans la tombe, souligne-t-il, un brin fataliste.

«Trépassons» à autre chose. Qu’en est-il des descendants ? La relève est-elle assurée ? Il n’y a pas de mouron à se faire de ce côté-là. Le fils aîné, âgé de  23 ans, est également tombé dans les tombes, comme son père. À savoir qu’Anil a deux autres enfants, âgés de 20 et six ans. Avec qui il se fait un devoir de passer du temps, les week-ends, histoire de profiter de la vie.

Sinon, une fois qu’il passera de l’autre côté de la tombe, que souhaite-t-il avoir comme «résidence secondaire» ? Une belle tombe en pierre, précise-t-il. Et sur l’épitaphe, probablement : la mort et le tombaliste sont tombés d’accord.