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Matthew Taylor: «La récente hausse des droits d’accises sur les cigarettes et l’alcool est exagérée»

24 août 2016, 17:39

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Matthew Taylor: «La récente hausse des droits d’accises sur les cigarettes et l’alcool est exagérée»

 

En tant que Chief Executive Officer (CEO) de Scott Co. Ltd, Matthew Taylor n’est pas passé à côté des changements dans les habitudes de consommation du Mauricien. Il estime que celui-ci est forcé de se rabattre sur des produits de qualité inférieure en raison de l’augmentation des «excise duties».

Quelle est votre lecture du secteur de la consommation actuellement ?

La consommation a un lien très fort avec l’économie. Il est vrai qu’aujourd’hui nous avons une population qui a augmenté au fil des ans mais nous avons également un produit intérieur brut qui a crû considérablement ces dernières années. Une bonne partie de la population accède plus facilement aux différents points de vente, dont les hypermarchés et les magasins, ce qui explique en fin de compte que la consommation en général a connu une hausse, parallèlement. D’autre part, il y a également dans le pays un nombre grandissant de touristes, qu’il faut aussi prendre en compte. Les consommateurs ont un plus grand choix de produits. Tous ces facteurs expliquent la croissance de ce secteur ces derniers temps.

Quid de la consommation par habitant ? A-t-elle stagné ou augmenté ?

Il est à constater que la consommation par habitant a changé au fil du temps. Alors qu’auparavant, c’était la mère de famille qui cuisinait pour tout le monde, de nos jours, avec des couples vivant de leur côté, nous comptons beaucoup plus de ménages et par conséquent, davantage de plats préparés quotidiennement.

La jeune génération, qui partage son temps entre ses activités professionnelles et sa vie personnelle, cherche des produits qui collent davantage aux tendances actuelles et qui ne prennent pas beaucoup de temps à préparer. Ainsi, il faudrait plutôt dire que l’arrivée de nouveaux types de produits de consommation a changé les habitudes.

Peut-on dire que le rapport du Mauricien aux produits de consommation a également changé ?

Le Mauricien connaît les marques. Mais ce que nous devons savoir aussi, c’est qu’il a beaucoup plus de choix aujourd’hui qu’auparavant. Contrairement à cette époque où les gens faisaient leurs commissions dans les boutiques du coin, aujourd’hui ils achètent leurs produits de consommation dans les supermarchés et hypermarchés. Et avec des campagnes promotionnelles, les familles mauriciennes finissent par faire leurs commissions dans deux ou trois points de ventes chaque mois.

Citation : «Autrefois, le consommateur pensait que le produit fabriqué localement était moins bon que celui fabriqué à l’étranger, ce n’est plus le cas de nos jours.»

Est-ce que les produits locaux sont toujours considérés comme étant inférieurs aux produits de consommation importés ?

Je dirais que la qualité des produits fabriqués localement s’est grandement améliorée, et ce, depuis de nombreuses années. Si l’on s’attarde au packaging lui-même, l’on constate que les emballages sont de meilleure qualité. Et cela va de pair avec le produit qui se trouve à l’intérieur, qui est aussi monté en gamme. On note aussi une différence au niveau de la perception des produits locaux : alors qu’autrefois, le consommateur pensait que le produit fabriqué localement était moins bon que celui fabriqué à l’étranger, ce n’est plus le cas de nos jours.

 

Le dernier discours budgétaire a annoncé plusieurs mesures visant à donner un coup de pouce aux opérateurs économiques. Le secteur de la consommation a-t-il reçu l’attention nécessaire dans ce Budget ?

Le Budget n’était pas mauvais. Mais il faut tout de même dire que la hausse des droits d’accises qui frappe la cigarette et les boissons alcoolisées nous affectent un peu. On peut aussi constater qu’une bouteille de whisky premium est plus chère en Europe qu’à Maurice, mais on doit aussi prendre en compte le pouvoir d’achat au niveau local qui n’est pas aussi fort.

Aurait-on été en mesure de faire mieux, à votre avis ?

Parlant des boissons alcoolisées, je crois qu’on aurait pu revoir le cadre entourant la publicité pour ces produits. Avec un ban complet de la publicité pour ces produits, il y a donc de moins en moins de messages qui passent. La pratique ailleurs, plus précisément en Europe, est différente car les publicités ciblant ces produits sont plutôt contrôlées, au lieu d’être interdites complètement. On aurait pu contrôler la publicité sur les boissons alcoolisées tout en faisant passer un message visant une consommation responsable, au lieu de stopper net les voies de communication, dont fait partie la publicité pour des boissons alcoolisées.

Le gouvernement a augmenté les droits d’accises sur la cigarette et les boissons alcoolisées pour renflouer les caisses de l’État. Pensez-vous que cette hausse, cette année, est exagérée dans le contexte actuel ?

Comme je l’ai dit, à Maurice, ce sont les premium spirits qui attirent le plus haut niveau de taxation, ce qui fait que ce produit devient encore plus cher par rapport aux produits de gammes moins élevées. Et cette situation, finalement, pousse le consommateur vers des produits de qualité inférieure. C’est un sujet qui devient délicat, car renverser cette tendance peut s’avérer difficile par la suite. Cependant, je considère la hausse des droits d’accises sur ces produits assez exagérée dans le contexte actuel, d’autant plus qu’il faudrait davantage de relance dans le secteur de la consommation.