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Louis Ange Perrine: «Le Rodrigues Agricultural Reform Bill aurait évité ce désastre»

23 août 2016, 16:34

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Louis Ange Perrine: «Le Rodrigues Agricultural Reform Bill aurait évité ce désastre»

Louis Ange Perrine, ancien commissaire à l’agriculture de Rodrigues, estime que des bêtes importées sont à l’origine de l’infection. Il croit fermement que l'île va vivre les pires moments de son histoire.

Selon vous, comment la fièvre aphteuse s’est-elle propagée à Rodrigues?

Le 15 août 2015, 46 cabris, 42 moutons et deux dindes ont été importés par des éleveurs de Rodrigues. Une autre cargaison est arrivée le 3 septembre 2015. Elle contenait deux moutons, sept cabris et 31 boeufs. Ce sont les dernières cargaisons de bétail qui sont arrivées dans l’île. Les animaux n’arrivent pas directement à Rodrigues, ils passent d'abord par Maurice. Rien n’avait été décelé à l’époque à Maurice? Je pense qu’il est très probable que ces bêtes importées d’Afrique sont la source de l’infection.

De plus, en 2009, deux experts réunionnais étaient venus à Rodrigues pour effectuer une étude sur le bétail et l’environnement dans lequel il évoluait. Ils avaient trouvé le cheptel rodriguais en bonne santé mais ont recommandé que l’île n’importe plus d’animaux d’Afrique, et utilise des techniques de reproduction comme l’insémination artificielle.

Pourquoi n’avez-vous pas, à l’époque, émis une loi interdisant l’importation de bétail des pays africains?

Nous avions préparé le Rodrigues Agricultural Reform Bill en 2009. Ce projet de loi incluait la mise sur pied d’un système de contrôle plus strict concernant le débarquement de bétail à Rodrigues et tout ce qui touche à l’élevage sur le sol rodriguais. Cette loi devait être envoyée à Maurice pour être votée au Parlement et nous l’avions complétée à la même époque que les élections rodriguaises. Mais elle a été mise de côté après mon départ. Elle aurait pu contribuer à éviter ce drame. Nous allons vivre les pires moments de notre histoire et certains contemplent déjà l’exode vers Maurice comme une solution.

Comment auriez-vous géré la crise de la fièvre aphteuse?

J’ai connu l’épidémie de grippe porcine lorsque j’étais en poste entre 2006 et 2012. À l’époque, mon équipe et moi avions pris des précautions, comme l’interdiction d’importer des produits à base de porc de Maurice ou même le renvoi des cargaisons. Les restes inutilisés d’animaux abattus étaient brûlés, de même que les restes de viande. Les voyageurs qui arrivaient au port et à l’aéroport devaient désinfecter leurs chaussures.

Pensez-vous que l’administration en place à Rodrigues contrôle la situation?

Il faut un commissaire à l’agriculture à plein-temps et qui s’y connaît en la matière.

Vous visez Serge Clair?

Je ne vise personne. Je dis juste qu’il faut la bonne personne à la bonne place. En 2006, j’avais fait de l’élevage de bétail la locomotive de l’économie rodriguaise. Aujourd’hui, c’est mort. Nous avions construit un laboratoire au coût de Rs 56 millions qui est aujourd’hui fermé. 2 000 familles dépendent de l’élevage, ce secteur est crucial pour l’île.