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La semaine vue par Gilbert Ahnee

24 juillet 2016, 11:00

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 18 juillet 2016

Un PPS à une manif ! Larout défonsé dan Black-Rock nou palé. Henry militant coaltar ! Vrai qu’en matière d’asphalte il en connaît un morceau…

Healthy country ?

Yes, we can. Tout se passe à peu presque simultanément. L’État considère, au moins à un moment, de ne pas vendre sa part dans Apollo Bramwell, centre recherché de médecine high-tech ; le ministère de la Santé annonce son dispositif de eHealth ; il est envisagé, par ailleurs, d’introduire une assurance santé destinée aux fonctionnaires. Y aurait-il une petite brise, un petit vent léger, peut-être porteur d’un peu d’esprit, soufflant sur le cercle de nos grands décideurs ? Seront-ils disposés à remettre en cause certains dogmes, à revoir certains principes inhibants ?

Le nombre d’années d’études requises pour être psychologue varie d’un pays à l’autre. Appelée à accréditer des professionnels formés dans différents pays, la société (mauricienne) des professionnels en psychologie a adopté une approche fort intelligente : elle habilite ceux dont le cursus suffit pour pratiquer dans le pays où ils ont étudié. Peut-on imaginer une approche semblable pour nos médecins formés aux quatre coins du monde? Quitte à ce qu’il y ait, pour tous, même ceux formés en Angleterre ou en France, un cursus spécialisé d’initiation aux spécificités locales.

Au coeur d’une réforme juste et égalitaire : la prise en charge de base. Relevant du droit pour tous, elle devra être axée sur le soin efficace, quels que soient sa complexité et son coût, cela devant être d’accès universel, dans n’importe quel établissement disposant de la thérapie. Et cela devrait être pris en charge par l’État. Le reste, notamment le confort, financé privément, assurances ou débours personnels.

Mardi 19 juillet 2016

Allez, on va pas chipoter, avec une fraction de Dayal et une part de PJ. On compte 24 partants. Et ça fait 7,66 voyages par ministre Lepep…

Sonnette d’alarme

Professionnel ! Peut-on laisser les politiques à leurs idées reçues ? Quand il y a des vies humaines à protéger, une économie nationale à préserver de la corruption de l’argent sale, sans doute doit-on se féliciter de pouvoir encore compter sur l’évaluation clinique de vrais spécialistes. Questions, dans l’express de ce mardi, au Dr Taroonsingh Ramkoosalsing, ancien consultant en psychiatrie, initiateur à Maurice du traitement à la méthadone des héroïnomanes. Réponses très éclairantes du médecin.

Selon le Dr Ramkoosalsing, les drogues synthétiques sont apparues voici environ trois ans, le principal problème rencontré pour le traitement, note le psychiatre, «c’est que l’on ne connaît pas les composants des drogues de synthèse, ni leur dosage». Contrairement au cannabis naturel qui laisse ses consommateurs dans un état de relative quiétude, les personnes sous l’effet des drogues synthétiques, a pu observer le Dr Ramkoosalsing, «sont généralement dans un état semi-confusionnel, […] agités, ils ont des hallucinations, des délires de perception, ils présentent des symptômes de schizophrénie».

Au sujet des produits de substitution, le psychiatre affirme : «Arrêter le traitement à la méthadone a été une très mauvaise décision. J’avais des patients sur ce traitement qui ont rechuté. Quant au traitement au Suboxone, il est efficace pour une courte durée. Le Naltrexone ne marche que sur les nouveaux usagers de drogues. Tandis que la méthadone était efficace.»

Ce n’est pas un éditorialiste hostile qui dit cela, M. Gayan. C’est un psychiatre respecté, longtemps fonctionnaire, pas un beatnik échevelé.

Entendrez-vous ?

Mercredi 20 juillet 2016

La banque centrale, on le sait, doit d’être indépendante du pouvoir politique. Allez comprendre le nouveau côté câlin-bisous de Basant Roi…

Oh God forbid !

Escrocs divins. L’affaire de Chemin-Grenier pourrait bien démontrer surtout la trop grande facilité – pour ne pas dire irresponsabilité – avec laquelle nous attribuons le titre de «religieux». En l’occurrence souvent au premier venu dont l’habit, la barbe ou les propos mielleux sont en mesure d’évoquer un modèle ou autre de piété. La religion à Maurice permet bien trop de licence. Ces individus auxquels des groupes ou des quartiers accordent pleine confiance pourraient bien à terme se révéler aussi pernicieux que les prêtres catholiques pédophiles de Boston, Dublin, Lyon ou ailleurs. Comment prémunir notre société contre ces risques de manipulation ?

Les cas de pédophilie dont s’étaient rendus coupables des prêtres catholiques ont bien établi que même une formation de longue durée –six ans au minimum – ne suffit pas pour discerner, lorsqu’ils existent, les penchants les plus inquiétants de ces hommes. Et les «religieux» des autres confessions, souvent habilités et autorisés à officier bien plus rapidement, pourraient bien, eux aussi, avoir des travers – ne serait-ce qu’un instinct de pouvoir et de domination – peu souhaitables quand on est en mesure d’exercer une autorité sur des personnes fragiles.

Il existe à Maurice une structure – le conseil des religions – qui a mis au point, en partenariat avec l’université de Maurice, un module d’apprentissage d’un vivre ensemble pluriel. Peut-on imaginer une formation et une validation obligatoire de savoir-faire pour tout «religieux» et guide de conscience. Pas totalement suffisant sans doute mais néanmoins minimum nécessaire.

Jeudi 21 juillet 2016

SAJ ne se laissera pas dicter sa conduite par Ally Lazer. Ni un autre. Mais s’il limogeait Gayan, il en tirerait bien quelques dividendes…

Simplifier mais conserver

Bien représenter. Chacun devrait comprendre qu’une petite société comme celle de Rodrigues, vivant sur un territoire où les uns croisent constamment les autres, doit rechercher la représentation politique la plus juste qui soit. Une disproportion valant aux gagnants un pourcentage de sièges susceptible de paraître injuste pourrait avoir, sur l’île, des effets nettement plus néfastes que ceux provoqués à Maurice par les défauts inhérents de notre système électoral. Imaginons que, disons, avec 51 % des suffrages exprimés, la majorité à la Rodrigues Regional Assembly soit de 12 sièges, contre 6 à la minorité. Is it fair ? Ces chiffres, en cas de conversion du système rodriguais en binominal, ou trinominal, sans dose de proportionnelle. Faut-il être aussi radical ?

L’article 8 de la Rodrigues Regional Assembly Act dispose que “Each person entitled to vote at an ordinary election in any of the local regions of Rodrigues shall have 3 votes comprising of 2 Local Region votes and one Island Region vote”, cela pour respectivement élire, au total, 12 députés au suffrage direct et six autres à la proportionnelle. Utilisable par l’électeur comme bon lui semble, indépendamment du profil partisan de ses choix en Local Region, le troisième vote peut effectivement introduire une division du suffrage. Sans rejeter la dose de proportionnelle – que l’on devrait continuer à considérer comme sécurisante socialement, il est possible de distribuer les élus au scrutin de liste par, disons, la méthode d’Hondt, en fonction du vote binominal dans les six Local Regions. Préserver la paix sociale.

Vendredi 22 juillet 2016

Devant les mairies, les postes de police, sur les routes, à l’arrière des autobus : un décompte en temps réel du nombre de morts accidentés…

Au-delà du ministre

Gayanphobia ? Annonce, ce vendredi, de la conférence qu’animeront trois ONG et la Nursing Association, le mardi 26 juillet, sur le thème Drug policies, impact on health and society. Fait notable: les organisateurs ne souhaitent pas la présence du ministre de la Santé à cette rencontre. «Nous n’avons pas envie qu’Anil Gayan soit là, car nous savons quelle est sa position», a fait savoir un ONG.

Comment peut-on résumer la situation ?

1) La répression du gandia l’a rendu a) parfois difficile à trouver et b) coûteux. Cela joue en faveur des substituts synthétiques qui c) échappent aux définitions figurant dans la Dangerous Drugs Act et d) sont moins coûteux. Cela a pour conséquence que des consommateurs, souvent jeunes, qui n’auraient peut-être jamais touché aux drogues dures sont en train de s’exposer à des produits très dangereux, alors qu’ils recherchent une évasion comparable à celle du cannabis.

2) En cinq ans, de 2010 à 2015, la police a saisi, à Maurice, de l’héroïne pour une valeur marchande de Rs 781 millions. Combien de kilos de cette même drogue est entrée dans le pays, quelle part est parvenue jusqu’au consommateur, quel montant d’argent sale se sont fait les trafiquants, quelle part a été blanchie ? À partir de quel pourcentage de recettes de la drogue dans ses circuits financiers un pays s’expose-t-il à être une narco-économie ?

Quelqu’un expliquera-t-il à nos ministres de la Santé et de l’Intérieur l’effet de la prohibition aux USA entre 1919 et 1933 ?

Samedi 23 juillet 2016

Ce type-là, décoiffé, flanqué d’une collaboratrice qu’il fait nommer çà et là, réactionnaire… mais oui Maître, on n’a pas dit son nom…

Top 20 and more

En paix. Nous pouvons figurer au classement des dix plus belles plages ou de l’économie africaine la plus diversifiée. Nous connaissons ces accolades et nous ne nous privons pas d’en faire état. Le classement dans lequel nous nous retrouvons pourrait, lui, nous stimuler à approfondir la valeur notée. Selon le rapport 2016 du Global Peace Index, le monde cette année est plus dangereux qu’en 2015 et seulement dix pays, dont Maurice, sont free from conflict. Cela nous vaut d’être classifiés parmi les 20 % de pays les plus à l’abri de conflits, les seuls dans notre région du monde, les «proches» à ce niveau étant l’Australie, le Japon et les pays d’Europe du Nord.

Nous n’avons aucune raison d’être en guerre avec quiconque et même si la question des Chagos devait compromettre le caractère amical – mais on n’a pas d’amis en relations internationales – de nos rapports avec Londres et Washington, cela ne serait, en aucune manière, une poussée belliqueuse. Reste aujourd’hui à réfléchir, néanmoins, à notre capacité de conserver notre consensus national face aux grands enjeux qui divisent la planète, si ce n’est aux conflits idéologiques qui tuent çà et là. Après des attaques contre des pays que, à tort ou à raison, nous continuons à appeler des démocraties, face à certaines postures – condamnations trop unilatérales des attentats ou invitations au soupçon quant à leur présentation médiatique, si ce n’est leur réalité – nous pourrions laisser de fort regrettables lignes de partage nous diviser. Sauvons surtout notre paix. La même pour tous.