Publicité

Gilles Lalanne: «On aurait dû se débarrasser des véhicules vieux de dix ans»

21 juillet 2016, 21:17

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Gilles Lalanne: «On aurait dû se débarrasser des véhicules vieux de dix ans»

 

Gilles Lalanne, membre de la Motor Vehicles Dealers Association et directeur de CFAO Motors, revient sur la polémique entourant l’application des droits d’accises sur l’importation des voitures neuves et «recon». Il dresse  aussi le bilan de la reprise de la marque Mercedes, neuf mois après cette transaction.

Quelle est la stratégie derrière l’acquisition de la marque Mercedes?

Notre stratégie est de positionner durablement la marque sur le marché mauricien du premium, qui n’a cessé de croître ces dernières années. Le marché des voitures neuves étant un secteur de renouvellement et la voiture restant un symbole de statut social, nous venons ainsi répondre au besoin de ces Mauriciens qui cherchent constamment à améliorer leur statut social.

Quelles sont les attentes de CFAO Motors (ex-IMC) depuis qu’il a changé de nom?

Après avoir récupéré les marques Mercedes-Benz et Fuso d’une compagnie défunte, nous avons jugé nécessaire de regrouper toutes nos marques sous une même enseigne pour une meilleure synergie. D’où la décision de créer une nouvelle entité, en l’occurrence CFAO Motors. Nous avons depuis doublé notre périmètre d’activités et notre chiffre d’affaires, tout en intégrant deux nouveaux sites.

Quel est le profil des clients potentiels de voitures neuves?

Un tiers des clients de voitures neuves sont des fonctionnaires qui ont droit à des avantages «duty-free» et le reste se partage entre des cadres supérieurs du privé qui perçoivent des allocations de transport, des opérateurs de PME, des chauffeurs de taxi ainsi que des clients Corporate, gros acheteurs de voitures de service et de fonction. Reste aussi la grande distribution pour l’achat de véhicules utilitaires et de camions.

Quels sont les facteurs qui déterminent le choix d’une marque?

Une étude récente a démontré que le critère numéro un est l’allure de la voiture, d’où la tendance des constructeurs à soigner le design avec l’apparition de matériaux nobles et  de hautes technologies. La notoriété de la marque est aussi un aspect prépondérant dans cette décision ainsi que la qualité du service après-vente et la disponibilité des pièces de rechange sur le marché. À Maurice, le consommateur a toujours tendance à tenir compte de la revente de sa voiture mais ce phénomène est appelé à disparaître avec l’arrivée des contrats à bail qui incluent le prix de rachat à terme.

Comment voyez-vous l’évolution des voitures neuves face aux «recon»?

Le pays ayant le moyen de se payer des voitures neuves, les autorités ne doivent pas se laisser influencer par les prix subventionnés qu’offrent les exportateurs qui privilégient le dumping, afin de garder un parc automobile jeune. Les autorités doivent se ressaisir afin de légiférer l’importation des voitures d’occasion (recon) pour revenir à une proportion acceptable d’un tiers de véhicules de seconde main pour deux tiers de véhicules neufs.

Les voitures de seconde main importées ont pour seule mission d’offrir un prix d’entrée de gamme à ceux qui ne peuvent se payer un véhicule neuf.

Près de 500 000 véhicules ont été enregistrés cette année, selon Statistics Mauritius. On se retrouvera avec un parc automobile énorme, mais pas assez de routes…

Je voudrais apporter des éclaircissements par rapport à ce chiffre. Il faut savoir qu’il y a 200 000 deux-roues à Maurice. Des 300 000 restants, qui sont des quatre roues, 60% sont des véhicules de plus de dix ans. On aurait dû trouver une formule pour se débarrasser de ceux-là afin d’anticiper le problème dont vous parlez.

À la Motor Vehicles Dealers Association, notre préoccupation est qu’en laissant systématiquement entrer 15 000 quatre roues par an, les autorités seront forcées d’imposer un quota d’importation sur les voitures. Cela privera alors tous ceux qui ont les moyens de s’offrir une voiture. Une telle situation serait aberrante alors que l’entrée de voitures recon a été tolérée pendant des années.

Pourquoi estimez-vous que les concessionnaires de voitures neuves devraient être traités de la même façon pour ce qui est des droits d’accises  sur les voitures de seconde main?

Les droits d’accises devraient être un droit ad valorem (NdlR: selon la valeur) qui, par définition, devrait être fixe, comme c’est le cas pour d’autres produits importés. Parler ici de droits de douane (customs duty) aurait été plus juste car nous sommes taxés sur l’«engine capacity» et aussi par rapport au taux d’émission de carbone. La douane accepte une dépréciation déloyale concernant la base de taxation des voitures recon et ignore la taxe carbone dans leur cas. Si l’État considère indispensable de taxer une petite voiture neuve à Rs 250 000, nous ne voyons pas de quel droit il taxerait une petite voiture de seconde main de trois ans à seulement Rs 10 000.

Comme c’est précisément le montant payé pour les petites voitures recon à la douane actuellement, nous demandons aussi de ne plus payer de droits de douane sur les voitures de moins de 1 600 cc.