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Abus sexuels par des prêtres: le cardinal Barbarin prend le tournant de la rigueur

30 juin 2016, 21:49

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Abus sexuels par des prêtres: le cardinal Barbarin prend le tournant de la rigueur

 

Au coeur d’un scandale concernant des abus sexuels commis par des religieux de son diocèse, l’archevêque de Lyon Mgr Philippe Barbarin veut tirer les leçons du passé en relevant quatre prêtres de leur ministère et en édictant une batterie de mesures très fermes pour écarter de futurs fautifs.

Cette nouvelle politique que le cardinal avait en partie dévoilée à l’issue d’une réunion du clergé local, le 25 avril près de Lyon, illustre un positionnement beaucoup plus sévère du prélat à l’égard des religieux soupçonnés d’abus.

Le Primat des Gaules, une des personnalités les plus influentes de l’Église de France, semble enfin répondre concrètement aux vives critiques dont il fait l’objet depuis plus de six mois, pour ne pas avoir rapidement écarté des prêtres de son diocèse rattrapés par des accusations de pédophilie ou d’agressions sexuelles.

Des plaintes en ce sens ont déclenché l’ouverture d’une enquête pour «non-dénonciation» d’agressions sexuelles et «non-assistance à personne en danger».

Habituellement très réservées quant à l’action de l’archevêque, des victimes d’abus ont au contraire salué jeudi «le bon sens absolu» des mesures qu’il a annoncées, par la voix de Bertrand Virieux, un des porte-parole de l’association La Parole Libérée.

- Des cas connus de la justice -

La décision de relever de leurs fonctions quatre prêtres, dont l’identité n’a pas été dévoilée, a été prise après avis d’un collège d’experts - composé d’un haut magistrat honoraire, d’un psychiatre, d’une psychanalyste, d’un médecin, de parents, de l’assistante sociale du clergé, du chancelier du diocèse et du vicaire général modérateur.

«Il s’agit de prêtres mis en cause ou non dans la presse, déjà condamnés ou non», a affirmé une source diocésaine, sans plus de détails.

D’autres prêtres du diocèse de Lyon font l’objet de mesures d’«accompagnement particulier». Il s’agit de prêtres qui ont déjà été jugés et qui vont bénéficier d’un «suivi» du diocèse, précise la même source.

«Pour toutes les situations concernées, les faits sont connus de l’autorité judiciaire», souligne le diocèse.

Ne figure pas dans cette liste le père Bernard Preynat, mis en examen en janvier pour des agressions sexuelles de jeunes scouts de moins de 15 ans entre 1986 et 1991 et déjà relevé de ses fonctions à l’été 2015.

Son cas devenu emblématique du silence et de l’embarras de l’Église lyonnaise sur ces abus a entraîné des révélations en cascade ces derniers mois.

'Pourquoi a-t-il fallu autant de temps ?'

A rebours de l’attitude de l’Église face au cas Preynat, les nouvelles normes du diocèse prévoient désormais que «tout prêtre ayant commis des faits d’agression sexuelle sur mineur, quelles que soient la date des faits et la date de découverte de ces faits, se verra écarté définitivement de tout ministère».

Tout prêtre soupçonné de faits d’abus sexuels, «s’il fait l’objet d’une mise en examen ou d’une poursuite devant une juridiction pénale, sera, par mesure conservatoire, écarté de sa charge durant le temps de la procédure, dans le respect de la présomption d’innocence», ajoute le diocèse qui indique qu’une enquête canonique sera diligentée conformément aux dispositions du droit canon.

Par ailleurs, «il sera demandé une attestation signée de son supérieur» à tout prêtre extérieur accueilli dans le diocèse de Lyon pour un ministère, même temporaire. Celle-ci certifiera que le prêtre «répond aux critères diocésains en matière de lutte contre les abus sexuels et qu’il n’a aucun antécédent en ce domaine».

«C’est très bien, on attendait ces normes de bon sens absolu et on ne peut que se satisfaire, a déclaré à l’AFP, Bertrand Virieux. Même si on se demande pourquoi il a fallu autant de temps pour en arriver là.»

«Il y a un bémol toutefois: que ce soit des décisions propres au diocèse de Lyon et pas nationales. Et il ne faut pas que ces annonces servent de contre-feu pour exonérer le cardinal Barbarin», a-t-il ajouté.

L’Eglise de France avait annoncé en avril une série de mesures visant à faire «la lumière» sur la pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens. Le parquet de Lyon doit quant à lui se prononcer prochainement sur l’enquête visant l’archevêque.