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[Vidéo] Me Antoine Domingue, avocat de la défense dans l’affaire Boskalis : «L’amalgame entre MT et Prakash Maunthrooa est injuste»

25 juin 2016, 11:30

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[Vidéo] Me Antoine Domingue, avocat de la défense dans l’affaire Boskalis : «L’amalgame entre MT et Prakash Maunthrooa est injuste»

Le Senior Adviser du PMO au banc des accusés dans une affaire de corruption, des défaillances techniques qui empêchent des témoins clés de déposer de Rotterdam, des correspondances contradictoires, le «cover-up du siècle», selon Bérenger… L’avocat de Prakash Maunthrooa donne la réplique à ceux «qui veulent politiser l’affaire Boskalis».

La couverture de l’affaire Boskalis par les médias vous dérange-t-elle au point où vous menacez de porter plainte pour «contempt of court» ?

Pas tout  à fait. J’ai ciblé certaines personnes que je n’ai pas nommées. Certaines sont des amies à moi pour qui j’avais beaucoup d’estime. D’autres, qui n’ont rien à voir avec l’affaire Boskalis, ont cru utile de faire des commentaires que j’estime totalement déplacés. Et cela a été répercuté dans la presse. D’autres encore ont écrit des opinions et, au détour d’une phrase, ont commencé à parler de l’affaire Boskalis. Je ne me bagarre pas avec la presse. La presse fait son travail d’investigation que je salue. Moi, je fais le mien.

Je dis que le problème ne vient pas de la défense de Prakash Maunthrooa. Certaines personnes font fausse route.  Je ne sais pas pourquoi, mais la seule raison qui me vient à l’esprit, c’est qu’on essaie de politiser cette affaire. La cour demande à la poursuite de prendre un stand à la lumière d’une communication entre Rotterdam, le Master and Registrar, le Deputy Master, et la cour intermédiaire. Je n’ai pas vu cette communication.

La cour de Rotterdam dans une lettre à «l’express» dément avoir mis fin à sa collaboration avec la justice mauricienne. L’article vous étonne ?

Non, l’article ne m’étonne pas. Je prends simplement note de la correspondance que vous publiez. Mais je dois me fier à ce qui a été dit en cour.

Concédez-vous qu’il y a une dissonance entre ce qui a été dit en cour et ce que dit la cour de Rotterdam à «l’express» ?

Je ne peux pas concéder. Ce n’est pas moi qui l’ai dit en cour. Ce sont les questions qu’il faut poser à la personne qui a fait la déclaration en cour. Nous, on n’a rien demandé.

Le DPP demande à voir cette correspondance entre Rotterdam et la Cour suprême....

Il a parfaitement raison. Comment voulez-vous qu’il puisse prendre un stand, alors qu’il a la responsabilité de la conduite de l’affaire, s’il n’est pas en présence de cette communication ?

Est-ce que vous comprenez la ferveur qu’il y a autour de ce procès où un «Senior Adviser» du PMO est sur le banc des accusés alors que le procès est émaillé de défaillances techniques ?

C’est un intérêt soudain depuis le renvoi du 8 juin. Et les passions se sont déchaînées suivant une conférence de presse le 15 mai. Durant celle-ci, le leader de l’opposition s’est permis de faire des commentaires sur les avocats de la défense et l’Attorney General. Il y a une lettre qui a été écrite par un avocat de la défense de Prakash Maunthrooa à l’Attorney General. Celui-ci a accusé réception de la lettre, sans en dire plus.

Que dit Me Aullyboccus dans sa lettre à Ravi Yerrigadoo ? C’est la question de Paul Bérenger qui parle de «cover-up du siècle»...

Ce n’est pas le problème de Bérenger. La lettre a été écrite selon les instructions du client. Quand Me Aullyboccus a écrit la lettre, il l’a fait en consultation avec son client. Il ne m’a pas montré la lettre avant de l’envoyer à l’Attorney General. Je ne connais pas le contenu de cette lettre. Probablement ce qu’il a voulu savoir, c’est si l’Attorney General’s Office ou l’Attorney General (AG) de l’époque avait, sous le Legal Mutual Assistance (LMA) Act en tant que Central Authority, été consulté avant que l’enquête n’aille se prolonger en dehors des frontières de l’île Maurice (NdlR: si la Legal and Mutual Assistance n’a pas été sollicitée, la déposition des témoins hollandais recueillie par un policier mauricien sur le territoire suisse pourrait être décrétée illégale). C’est la seule question qu’il puisse avoir posée. Quand il n’y a pas eu de réponse concrète de l’AG et qu’il m’a montré l’accusé de réception de celui-ci, j’ai appelé le représentant de l’AG en cour. D’ailleurs, le «summons» est là.  J’ai aussi fait appeler l’ancien ACP qui était en charge du CCID. Qu’ils viennent nous le dire : y a-t-il eu une forme de Mutual Legal Assistance, formelle ou informelle ?

 

«Pourquoi Bérenger ne vient pas agir comme avocat ? Moi je ne trouve rien de ‘shocking’.»

 

Mais Me Aullyboccus n’a pas agi sous vos instructions ?

En écrivant à l’Attorney General, non. Vous, vous avez personnellement écrit que l’AG est le joker de Maunthrooa. Je ne suis pas d’accord.

Mais s’il répond «non» à la lettre de Me Aullyboccus, c’est un joker pour la défense !

La lettre de l’AG ne m’intéresse pas. C’est ce que je vous explique. De toute façon, son représentant est assigné pour qu’il réponde sous serment en cour. Soit, il y a eu «compliance» sous le LMA Act, soit il n’y en a pas eu. On ne peut entrer dans un pays comme cela et faire des enquêtes. Cela ne se passe pas par l’AG personnellement, mais par son bureau.

L’AG actuel n’y connaît rien lui. Mais, dans son bureau, il doit y avoir un dossier et un représentant qui doit venir dire si, dans ce dossier, il y a des éléments permettant de dire qu’il y a eu compliance.

Vous avez essayé de tirer cela au clair avec Paul Bérenger ?

Je lui ai envoyé un SMS pour lui dire qu’il faut qu’on ait une conversation à ce sujet. Si son numéro de téléphone n’a pas changé, il devrait l’avoir reçu. Il ne m’a pas répondu.  Je vais rappeler une seule chose à M. Bérenger. Depuis 1742, personne n’a pu contester ce que lord Hardwick a écrit : «Nor is there anything of more pernicious consequence than to prejudice the minds of the public against persons concerned as parties in causes before the cause is finally heard». Pourquoi Bérenger ne vient pas agir comme avocat ? Qu’il écrive au Bar Council s’il trouve qu’il y a des éléments «shocking». Moi je ne trouve rien de «shocking».

Le traitement des problèmes de connexion internet ou de logistique pour la visioconférence est aussi concerné par cette lecture que vous nous faites ?

Tant qu’on en parle à bon escient, je n’ai aucun problème. La presse a la responsabilité de s’assurer qu’on ne vienne pas toucher au «fairness» d’un procès. La presse doit enquêter pour savoir si les choses se font de manière transparente. C’est pourquoi la justice est faite en public, au vu et au su de tous. Si c’est nécessaire, la justice doit pouvoir être mise à nu. Je n’ai aucun problème avec ça. Je suis disposé à ce qu’on m’examine au microscope. Mais ne venez pas dire que Mauritius Telecom (MT) a quelque chose à voir avec ces problèmes. C’est totalement faux et c’est injuste. La façon dont on a fait l’amalgame entre Mauritius Telecom et un Senior Adviser au PMO, ce n’est pas normal. On a clairement cherché à politiser le débat. Pourquoi ne demande-t-on pas à Harel Mallac ?

Pourquoi être plus indulgent envers Mauritius Telecom qu’envers Harel Mallac ?

Je vous dis que j’étais en cour et que j’ai vu ! MT n’a rien à voir avec ça. Demandez un rapport à MT. Ce n’est pas une question d’être indulgent ou pas. Moi-même je ne le comprends pas. Quand il faut que je parle à mes enfants en Australie, en Afrique, en Angleterre, j’arrive à les joindre immédiatement en visioconférence. J’ai dit  à la cour qu’il faut prendre des mesures afin que cela ne ternisse pas l’image du judiciaire à Maurice. Tout le monde est concerné par cela. Je suis aussi  un taxpayer.

Vous croyez que ça me fait plaisir d’aller dix fois en cour et de perdre mon temps parce que la visioconférence ne marche pas ? Vous croyez que j’y étais pour faire une farce ? J’y étais pour aider à l’administration de la justice. Cela porte atteinte à mon client et me porte atteinte quand j’y suis allé à dix reprises et qu’on soit incapable d’établir une liaison vidéo.  Je suis le premier à dire que cela entrave l’administration de la justice.

Harel Mallac s’est expliqué. Ils étaient là quand ça n’a pas marché et ils expliquent que le hardware fonctionne…

Je ne les ai jamais vus. Mais s’ils le disent, dans ce cas, le problème vient de Rotterdam. Mais en tant qu’utilisateur de visioconférence moi-même, j’ai vu que la connexion a été établie. On a eu des images. Là-bas, ils nous disent qu’ils ne nous entendent pas. Voilà pourquoi je vous dis que le problème ne vient pas de Mauritius Telecom.

Ce n’est pas de votre mission en tant qu’avocat de la défense d’éviter que des témoins à charge ne déposent ?

Pas du tout. Moi je n’ai aucun problème à ce qu’ils déposent. Ils n’ont qu’à prendre l’avion. Les liaisons aériennes fonctionnent toujours. Ils ne sont pas interdits au territoire mauricien. Ce sont eux qui ont dit qu’ils ne voulaient pas venir à Maurice. Au contraire, c’est dans mon avantage qu’ils viennent déposer. Comme cela, j’aurais pu les contre-interroger. Qui vous dit que ces témoins-là ont dit la vérité ? Mon seul intérêt, c’est que ces témoins déposent et qu’on puisse blanchir mon client.