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Pour attirer les recrues, la marine américaine autorise les tatouages

29 avril 2016, 11:40

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Pour attirer les recrues, la marine américaine autorise les tatouages

 

Une cage ornée de roses et de pétales gravée à l’encre bleue indélébile enveloppe un avant-bras de l’aide-soignante de l’US Navy Jessica Bryant. Grâce aux nouvelles règles de la marine, elle va bientôt pouvoir envisager plus grand.

Son tatouage a déjà une bonne taille sans être encore considéré comme une «sleeve» (manche, en français), qui recouvre la totalité du bras. Mais la jeune fille de 23 ans espère l’étendre dès l’entrée en vigueur samedi des nouvelles règles.

«Quand ils vont rendre ça vraiment, vraiment légal, je vais le terminer», explique-t-elle lors d’une visite au salon de tatouage Champion Tattoo Company, dans le sud-est de Washington, opportunément situé face à une caserne.

Car, jusqu’à présent, le «sleeve» est interdit par l’armée. Mais la marine a décidé de lever cette interdiction, et même d’aller plus loin, en adoptant la position la plus tolérante parmi les corps de l’armée américaine.

Dès samedi, les marins pourront avoir un tatouage sur le cou -3 centimètres maximum- ou au-delà des genoux et des coudes, y compris sur les mains. De plus, les porteurs de tatouages visibles pourront désormais travailler comme recruteurs.

«Tout le monde est vraiment ravi», confie l’aide-soignant Everette Abney, 28 ans, qui consulte des photos de tatouages pour compléter sa propre collection.

Les nouvelles règles étaient postées sur «Facebook depuis à peine une heure que ça avait déjà été partagé 40.000 fois», relève-t-il.

Son amie Taylor Hoyte, également aide-soignante de la Navy, a opté pour une paire de mains enlacées qui s’intègrera à terme dans un tatouage sur toute la longueur de son bras.

«Je veux continuer jusqu’à ne plus avoir de place, du cou jusqu’aux pieds», dit-elle.

- Sauf les tatouages vulgaires ou offensants -

Face à la popularité grandissante des tatouages parmi les «Millennials», devenus adultes autour de l’an 2000, la nouvelle réglementation de la marine a vocation à élargir sa base de recrues potentielles.

D’après un sondage de l’institut Harris, près de la moitié de cette génération (47%) ont au moins un tatouage.

«Est-ce que nous aurons des recrues qui n’auraient pas postulé auparavant à la Navy? Oui, absolument», estime le capitaine de corvette Nate Christensen, porte-parole de la marine américaine.

«Nous voulons refléter la nation que nous servons, attirer, recruter et conserver les meilleurs talents de la nation», poursuit-il.

Des conditions vont néanmoins perdurer: les tatouages offensants, explicitement vulgaires ou racistes restent bannis.

Les restrictions de l’armée mécontentent depuis longtemps les troupes. Beaucoup arguent que s’ils peuvent mourir pour leur pays, ils devraient être en mesure de s’exprimer sur leur peau.

«L’armée d’aujourd’hui doit comprendre (...) qu’en laissant le personnel se faire tatouer avec moins de restrictions, cela renforce l’esprit de corps, ça dope le moral», relève Butch Johnson, propriétaire du populaire salon de tatouage.

«C’est le seul élément personnel qui peut être emporté au combat et qui donne à un soldat un avantage supplémentaire, une sensation de pouvoir, un rappel de la famille, de patriotisme, de fierté. Et un tatouage ne peut être confisqué», ajoute-t-il.

L’artiste barbu dessine avec sa machine à tracer bourdonnante sur la peau de Tyler McManus, 24 ans, un ancien du corps des Marines qui explique n’avoir pu réintégrer l’armée en partie à cause de ses nombreux tatouages.

«Beaucoup de gens tatoués ont été invités à partir +volontairement+», explique-t-il, en se faisant graver sur le dos un motif tribal polynésien.

Le populaire adage militaire «Si vis pacem, para bellum» -Qui veut la paix, prépare la guerre- s’étire sur son torse. Depuis qu’il a quitté les Marines en 2014, il s’est fait faire une «sleeve» sur le bras gauche de style japonisant, avec une carpe et un dragon.

Il songe désormais à incorporer la Navy. «Grâce à cette nouvelle réglementation, je suis beaucoup plus enclin à servir avec eux».