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Afrique du Sud: verdict attendu dans une autre affaire de corruption contre Zuma

29 avril 2016, 07:29

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Afrique du Sud: verdict attendu dans une autre affaire de corruption contre Zuma

 

La justice sud-africaine va se prononcer vendredi sur la possibilité ou non de réinstaurer plus de 700 charges de corruption contre le président Jacob Zuma dans une affaire de contrat d’armement, au moment où le chef de l’Etat accumule les déboires.

Ce scandale empoisonne Jacob Zuma depuis décembre 2007, alors qu’il était chef du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC): il avait été inculpé de corruption, fraude fiscale et racket pour la signature d’un contrat d’armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999.

En 2009, le parquet général avait finalement retiré pour vice de forme les charges contre Jacob Zuma, quelques semaines seulement avant son élection à la présidence de l’Afrique du Sud.

A l’époque, les avocats de Jacob Zuma avaient utilisé des enregistrements d’écoutes téléphoniques entre l’ancien chef du parquet et un policier de haut rang pour convaincre la justice que leur client était victime d’un complot et obtenir l’abandon des charges.

Mais au terme d’une longue bataille judiciaire, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a obtenu ces enregistrements en septembre 2014. Estimant que les charges ont en réalité été abandonnées pour des raisons politiques, il a saisi la justice qui doit se prononcer vendredi.

Si la Haute Cour de Pretoria suit l’avis de la DA, elle laissera la possibilité de rétablir les 783 charges de corruption, fraude et racket contre le président sud-africain.

«La décision prise (en 2009) était irrationnelle, déraisonnable et reposait sur des motifs politiques», affirme la DA dans un communiqué diffusé jeudi.

La décision de la Haute Cour de Pretoria vendredi «pourrait avoir comme effet de réinstaurer les charges contre le président Zuma», poursuit le parti.

Une telle décision fragiliserait un peu plus Jacob Zuma, déjà affaibli par un autre jugement rendu en mars.

La plus haute juridiction du pays l’avait alors reconnu coupable de violation de la Constitution pour n’avoir pas remboursé une partie des 20 millions d’euros d’argent public utilisés pour rénover sa résidence privée.

- 'Manque fondamental d’intégrité' -

Pour le moment, le président sud-africain fait front et bénéficie officiellement du soutien de son parti.

Mais selon des analystes, une nouvelle procédure judiciaire pourrait ternir un peu plus son image à trois mois et demi d’élections municipales à haut risque pour l’ANC.

«Si le jugement (vendredi) lui est défavorable, cela va tout simplement encore porter atteinte à sa réputation déjà entachée», estime Mcebisi Ndletyana, professeur de sciences politiques à l’université de Johannesburg.

Ces affaires le présentent «comme un personnage très imparfait qui souffre d’un manque fondamental d’intégrité», ajoute t-il.

Sous la pression de l’opposition, Jacob Zuma avait lui-même nommé une commission d’enquête sur le scandale du contrat d’armement.

Sans surprise, la semaine dernière, cette commission a blanchi le président et d’autres responsables gouvernementaux. «La commission a établi que rien ne corrobore les allégations largement répandues de corruption et de fraude dans le processus d’acquisition des armes», s’est réjoui Jacob Zuma en dévoilant lui-même, lors d’une allocution télévisée, les conclusions du rapport.

Dans cette affaire, son conseiller financier, Schabir Shaik, avait été condamné en 2005 à quinze ans de prison pour avoir notamment sollicité des pots-de-vin du Français Thomson-CSF (devenu Thales). Il avait finalement été libéré pour raisons médicales en 2009, l’année où Jacob Zuma est devenu président.

La saga judiciaire est probablement loin d’être terminée puisque la décision rendue vendredi par le tribunal de Pretoria est susceptible d’appel.