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Jane Zamir : Une pompiste qui carbure au super

13 février 2016, 14:45

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Jane Zamir : Une pompiste qui carbure au super

Si la vie n’a pas toujours été rose pour Jane, cela n’empêche pas cette Rodriguaise de subvenir aux besoins de ses trois filles. Une pompiste qui a du caractère.

Attention : grande gueule en vue. Sa langue, elle ne l’a pas dans sa poche, prévient Jane. Sa bonne humeur non plus. Et il en faut une bonne dose pour alimenter le moteur qui permet de faire face au quotidien et éviter les coups de pompe. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est bien dans ses baskets.

La journée de cette femme de 32 ans démarre sur des chapeaux de roues, à 5 heures tapantes. Pour subvenir aux besoins de ses trois filles, Mélanie, 14 ans, Ophélie, sept ans, et Félicia, cinq ans, les sacrifices sont légion. «Mo res avek mo ser, nou lwé enn lakaz Ste-Croix. Mo pa pran mo mem kont, séki pli importan, sé bann zanfan.»

La vie n’a pas toujours été rose, surtout depuis que Jane s’est séparée de son ancien Tarzan. Mais ce ne sont pas quelques galères qui l’empêcheront de mener sa barque à bon port. À 17 ans déjà, la Rodriguaise avait quitté ses limons et «ti pé bat béton» sur des chantiers de construction. Mais, cette saleté de crise est passée par là. Jane a dû changer de tablier pour enfiler celui de pompiste, il y a quatre ans. «Mo mama ti dir mwa toulétan ki mo kontan fer travay zom ! Vrémem ! Mo pa kontan res anfermé mwa.»

À 6 heures, elle est déjà en poste à la station-service de Roche-Bois. Le shift du matin prend fin à 14 heures alors que celui du soir se termine à 22 heures. Pour la mini-pause, il faut compter 20 minutes. Tiens, en parlant de chiffres, qu’en est-il du salaire ? La base est de Rs 7 600, confie Jane. Et grâce aux heures supplémentaires et aux dimanches, elle parvient à alimenter son petit compte en banque. De quoi, en tout cas, payer le loyer, les factures et, de temps en temps, faire plaisir à ses filles. «Enn anvi vinn polisié, enn miss lékol ek tipti kontan ékrir. Mo espéré zot pou rési dan lavi.»

Passons aux questions qui fâchent. Comment fait-elle pour supporter les remarques désagréables de certains clients ? En les assommant à coups de pompe ? Les épaules solides suffisent-elles ? «Madam dir mo éna lagel ! Li dir mwa kan kliyan so tansion for, ésey bess pou mwa… Mé mo pa kapav !» En général, cependant, les clients – qu’elle tutoie allègrement et qu’elle appelle ses «part» – sont contents d’avoir affaire à une femme. D’autant qu’il y a peu, elle était la seule pompiste, parmi tous les «mâles dominants» de la stationservice. «Zot finn fek rékrit enn lot madam, mo népli larenn ! Aster bizin partaz la védet !»

Que fait la star après le travail ? Ben, elle travaille encore. Après tout, le ménage et la cuisine ne se font pas tout seuls. Et puis, elle passe un maximum de temps avec ses filles, son seul jour de congé hebdomadaire laissant peu de place aux moments privilégiés en famille. Quoi qu’il en soit, son métier lui plaît beaucoup, affirme Jane. L’odeur du diesel, de l’essence, elle a fini par s’y habituer. Ce dont elle rêve, désormais, c’est d’avoir sa petite maison, son petit toit. «Monn fini al fer démars NHDC, pankor gagn répons.»

En attendant, pas question de lever le pied ou de ranger ses attentes au garage. Jane est de ceux qui foncent, qui font fi des obstacles et qui avancent.

Increvable, on vous dit.