Publicité

Six nations: Eddie Jones et le retour de la Rose qui pique

12 février 2016, 15:09

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Six nations: Eddie Jones et le retour de la Rose qui pique

Fini les premiers de classe et les gentils garçons ! Avec Eddie Jones, le XV d'Angleterre est prié de renouer avec ce qui a toujours fait sa force: un jeu féroce et un zeste d'arrogance.

Rome ou pas Rome, Saint-Valentin ou non: dimanche, à partir de 15h00 (14h00 GMT), il ne faudra pas s'attendre à une débauche de romantisme de la part du XV de la Rose, qui se déplace en Italie pour confirmer son succès inaugural en Écosse dans le Tournoi des six nations (15-9).

Depuis l'arrivée de l'intransigeant Eddie Jones, premier entraîneur étranger à la tête de la sélection anglaise, c'est retour aux fondamentaux d'un rugby physique, rugueux et sans concessions.

«Je veux qu'on retrouve un jeu solide», a lancé en guise de manifeste l'Australien lorsqu'il a été appelé au chevet d'une équipe meurtrie par le fiasco de «sa» Coupe du monde.

Les actes ont aussitôt suivi avec la nomination au poste de capitaine de Dylan Hartley, suspendu 54 semaines au total pour une succession de gestes violents, et le rappel de plusieurs autres «bad boys» comme Manu Tuilagi, Danny Care et Chris Ashton, finalement suspendu pour le Tournoi.

Arrogance ? Confiance en soi...

Avec eux, mais aussi des joueurs hargneux comme Owen Farrell, dont il ne cesse de louer le côté «coriace», ou Mike Brown, «un tueur silencieux», Jones compte insuffler le caractère nécessaire à un groupe qui, selon lui, avait perdu ses épines dernièrement.

«Pour Eddie, on était trop gentils. Il faut qu'on libère le diable. Si on recule sur une mêlée, il veut que nous abordions la suivante avec l'envie de tout enfoncer», expliquait le troisième ligne Billy Vunipola avant la victoire en Écosse samedi.

Beau, moche, peu importe: Jones veut un rugby qui gagne. «Lorsque j'entraînais les Brumbies en 2000, on avait la meilleure équipe de la compétition, 70% de possession de balle en finale (du Super-12), raconte-t-il. Mais on perd 20-19. Personne n'est venu nous féliciter. On était fantastiques ce jour-là, mais on a perdu. La victoire est tout ce qui compte.»

Quitte à faire preuve d'arrogance, un trait de caractère que certains pensent inscrit dans l'ADN du rugby anglais. «L'arrogance c'est seulement un problème quand tu perds. Si tu gagnes, cela s'appelle la confiance en soi. On va se préparer pour devenir la meilleure équipe du monde. Appelez ça de l'arrogance si vous voulez, mais c'est notre mode de pensée à partir de maintenant», martèle-t-il.

Pour Mike Tindall, ancien capitaine du XV de la Rose devenu consultant sur la BBC, l'effet Jones est déjà visible: contre l'Écosse «c'était physique, abrasif, exactement ce à quoi Eddie Jones veut revenir».

Direct, sans blabla

La presse britannique, elle, se régale. Lorsqu'elle rencontre Hartley, elle loue d'abord la maîtrise du capitaine qui n'émet qu'un seul gros mot pendant toute l'interview. Avant d'écrire que cela fera «toujours un de plus que son prédécesseur Chris Robshaw en quatre ans».

Après les premiers de classe de l'ère Lancaster, ennuyeux et inefficaces à force de réciter leur rugby, Jones veut des hommes, des vrais, capables de boire des bières quand il le faut et de travailler dur le reste du temps.

«En termes de jeu, on n'a pas encore vu trop de différence, c'est encore trop tôt, souligne l'ancien centre Jeremy Guscott. Mais on a déjà vu une différence dans le leadership et sur la forme. C'est très direct, sans blabla. Et les joueurs savent ce qu'Eddie Jones attend d'eux. Je ne pense pas qu'il laissera passer grand-chose.»

Les joueurs le savent et se tiennent à carreau, à en croire Billy Vunipola: «j'ai entendu quelques histoires sur Eddie... Pour l'instant nous avons vu le «bon flic», mais personne ne voudrait avoir à s'excuser devant lui, ce serait déjà trop tard.»

Jones, ancien talonneur féroce qui déteste les chichis, attend ses joueurs au tournant: «Pour l'instant c'est encore la lune de miel. Mais tous les mariés savent que ce n'est pas la vraie vie», dit-il.