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Les inquiétudes sur la croissance mondiale plombent de nouveau les Bourses mondiales

9 février 2016, 09:04

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Les inquiétudes sur la croissance mondiale plombent de nouveau les Bourses mondiales

Emportées une nouvelle fois par les incertitudes autour de la croissance mondiale, les Bourses à travers le monde se sont enfermées en ce début de semaine dans une spirale baissière tournant à la déroute pour le secteur bancaire.

Mardi matin à Tokyo, l'indice Nikkei chutait de 4,5% sur fond de nette remontée du yen, valeur refuge prisée en cette période tourmentée. Le dollar a même glissé sous la barre des 115 yens, son niveau le plus faible depuis novembre 2014.

Ce mouvement des devises pesait sur les actions des groupes exportateurs japonais, du géant automobile Toyota (-4,72%) à la firme d'électronique Panasonic (-5,74%).

Les titres des trois mégabanques plongeaient aussi: Mitsubishi UFJ Financial Group (MUFG) perdait 7%, Mizuho Financial Group 5,2% et Sumitomo Mitsui Financial Group (SMFG) 6,5%.

Parallèlement, le taux des nouvelles obligations de l'Etat japonais à échéance dix ans est tombé à zéro, les investisseurs privilégiant les placements sûrs. Du jamais vu dans une économie du G7, selon l'agence Bloomberg.

Ailleurs, la Bourse de Sydney perdait plus de 2%, tandis que la plupart des marchés en Asie (Chine, Hong Kong, Singapour...) étaient fermés pour cause de congés du Nouvel An lunaire.

- Début d'année calamiteux -

La débâcle avait débuté lundi en Europe, d'Oslo à Madrid en passant par Athènes. Paris a cédé 3,20%, Francfort 3,30%, Londres 2,71% et Milan 4,69%.

A Athènes, l'indice a dégringolé de 7,87%, avec un secteur bancaire laminé: -17,65% pour Alpha Bank, -27,21% pour la Banque du Pirée, -29,06% pour la Banque nationale et -29,20% pour Eurobank.

Partout, les banques ont souffert, comme la semaine dernière. En Italie, foyer d'inquiétude bancaire depuis quelques semaines, BMPS a baissé de 11,95%, Banco Popolare de 9,09%.

BNP a perdu 5,47%, Société Générale 6,12%, Crédit Agricole 5%, Deutsche Bank 9,5% Commerzbank 9,49%, Barclays 5,34%, RBS 4,63%...

Aux Etats-Unis, le Dow Jones a clôturé sur un recul de 1,10% et le Nasdaq de 1,82%, les indices modérant toutefois leurs pertes en fin de séance.

Toutes les places mondiales ont connu un début d'année calamiteux, résultat d'un cocktail d'inquiétudes autour de la santé de l'économie mondiale, en particulier la Chine, ainsi que de l'érosion des cours de l'or noir. "Le pire début d'année jamais enregistré sur les marchés", commentait fin janvier à Davos le directeur général de Credit Suisse, Tidjane Thiam.

Les investisseurs gardent les yeux rivés sur l'action des banques centrales, en particulier la Réserve Fédérale américaine (Fed).

"Les chiffres de l'emploi américain, publiés vendredi, entretiennent la confusion sur la poursuite de la remontée des taux aux États-Unis", soulignent les gérants de Barclays Bourse.

- Les regards tournés vers la Fed -

Les créations d'emplois ont été décevantes, mais assorties d'un taux de chômage en baisse et surtout d'une progression du salaire horaire. Selon plusieurs analystes, ces chiffres pourraient ne pas dissuader la Fed de relever les taux d'intérêt en mars, ce que beaucoup estiment très risqué alors que la croissance marque déjà le pas.

Le marché va par conséquent être particulièrement attentif aux propos que tiendra devant le Congrès américain, mercredi et jeudi, la présidente de la Banque centrale, Janet Yellen.

La Chine restait également une préoccupation. Pour les stratégistes de Crédit Mutuel-CIC, la nouvelle chute des réserves de change de la Banque centrale, dévoilée le week-end dernier, entretient "les craintes de voir la seconde économie du monde rater son atterrissage".

Les réserves de devises de la Chine ont fondu à des niveaux inédits depuis près de quatre ans, Pékin vendant des dollars pour soutenir le yuan.

Dans ce contexte relativement anxiogène, le secteur bancaire, mal orienté, était un élément perturbateur de plus, en période de publication des résultats annuels d'entreprises.

"Les banques ont baissé pour les mêmes raisons qu'aux Etats-Unis: les risques sur le secteur pétrolier ou sur les dettes émergentes par exemple", notent les analystes de Cholet Dupont.

Mais "d'autres considérations sont intervenues", comme le "maintien d'une politique monétaire très souple et des taux longs très bas" qui "diminuent leurs marges et réduisent leur profitabilité".

"Les motifs d'espoir résident dans la stabilisation du prix du pétrole quelle qu'en soit l'origine, et dans un relâchement substantiel de la garde de la Fed, accompagné des nouvelles mesures que la BCE est prête à mettre en oeuvre, avec pour corollaire un léger affaiblissement du dollar", estime Cholet Dupont.