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Syrie: la Turquie prête à accueillir les réfugiés qui fuient Alep "si nécessaire"

7 février 2016, 15:43

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Syrie: la Turquie prête à accueillir les réfugiés qui fuient Alep "si nécessaire"

 

La Turquie est prête à accueillir les dizaines de milliers de Syriens qui se pressent à sa frontière après avoir fui l'offensive des troupes du régime de Damas à Alep "si nécessaire", a assuré le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"Le régime (de Damas) a désormais bloqué une partie d'Alep (...) s'ils (les civils poussés à l'exode, ndlr) sont à nos portes et n'ont pas d'autre choix, si nécessaire, nous devons laisser entrer nos frères et nous le ferons", a déclaré samedi M. Erdogan aux journalistes dans l'avion du retour de sa tournée en Amérique latine et au Sénégal.

Depuis lundi, plusieurs dizaines de milliers de civils, principalement des femmes et des enfants, ont quitté Alep en raison des violents combats qui y opposent l'armée syrienne, soutenue par les Russes, et les rebelles.

Entre 30 et 35.000 personnes ont rejoint lors des dernières quarante-huit heures les environs de la ville d'Azaz, à 5 km de la frontière turque, a affirmé samedi le gouverneur de la province frontalière turque, Suleyman Tapsiz.

M. Tapsiz, a évoqué la "possibilité" que cette vague atteigne 70.000 personnes.

La Turquie n'a jusque-là pas autorisé l'entrée des Syriens poussés à l'exode, contraints de vivre dans des camps installés à la hâte autour de la localité de Bab al-Salama. Ils y vivent dans le froid et des conditions précaires, avec l'aide d'urgence fournie notamment par l'ONG islamique turque IHH.

Dimanche matin, le poste-frontière d'Oncupinar était encore fermé, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Mais la frontière reste ouverte pour tous les cas d'urgence", a précisé sous couvert de l'anonymat à l'AFP un responsable turc. "Sept personnes blessées ont pu entrer vendredi en Turquie et une autre samedi pour y être hospitalisées", a-t-il ajouté.

- 'Envahisseurs' -

Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a assuré samedi que son pays, qui accueille déjà 2,7 millions de Syriens, restait fidèle à sa "politique de la frontière ouverte" pour les réfugiés, mais n'a pas précisé quand les Syriens pourraient la franchir.

L'Union européenne (UE) a rappelé samedi Ankara à son devoir, au regard du droit international, d'accueillir les réfugiés, en même temps qu'elle l'exhorte à endiguer le flux des migrants qui gagnent son sol depuis les côtes turques.

Lors de sa conversation avec la presse, M. Erdogan a par ailleurs une nouvelle fois dénoncé l'intervention de Moscou en Syrie.

"Nous devons demander aux Russes: que faites-vous en Syrie ? En clair, vous êtes des envahisseurs", a lancé le président islamo-conservateur turc. "Vous coopérez avec quelqu'un (le président syrien Bachar al-Assad) qui a tué 400.000 personnes et continuer à tuer des civils", a-t-il souligné.

La Turquie, membre de l'Otan, et la Russie traversent une grave crise diplomatique depuis que l'aviation turque a abattu en novembre un bombardier russe accusé d'avoir violé son espace aérien à sa frontière avec la Syrie.

Moscou a accusé cette semaine Ankara de préparer une "intervention militaire" en Syrie.

Vendredi, M. Erdogan avait jugé ces accusations risibles. A nouveau interrogé sur le sujet dans son avion, il a répondu que son pays était prêt à "faire tout ce qui est nécessaire si c'était nécessaire".

"A l'heure où je vous parle, nous, nos forces de sécurité, sont prêtes à toute éventualité. Nous n'avons pas peur", a-t-il indiqué.