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L’humain au coeur du marché de Noël solidaire

30 novembre 2015, 08:40

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L’humain au coeur du marché de Noël solidaire

Montrer l’intérêt de l’artisanat comme méthode de réhabilitation sociale et promouvoir le talent des bénéficiaires des associations... Ce sont là quelques-uns des objectifs de l’événement organisé par l'association OpenMind, vendredi et samedi au Trianon Shopping Park.

Derrière chaque produit vendu par l’association OpenMind, il y a une histoire, un parcours de vie, et bien des épisodes... «Quand  je regarde chaque assiette, chaque plateau, chaque set de table. conçus spécialement pour le Marché de Noël Solidaire, beaucoup de souvenirs me  viennent en tête», confie Anila Servansingh, responsable des ateliers créatifs à l’ONG OpenMind à Verdun. «Notre ONG offre des services thérapeutiques pour des personnes atteintes de troubles psychologiques - bipolarité, dépression, schizophrénie, trouble de la personnalité- . Je suis admirative car nos bénéficiaires s’accrochent et font leur maximum, même quand leurs souffrances remontent à la surface. L’équipe est toujours là pour les soutenir, car nous travaillons par petits groupes. Groupes dotés de deux personnes qui les encadrent, en sus des psychologues».

Ni usine, ni école, OpenMind prend le temps pour suivre un programme individuel trimestriel dans le meilleur intérêt du patient. L’objectif n’étant pas la productivité.

Selon Anila Servansingh, «Un objet réalisable en un jour peut prendre une semaine, objet décomposé étape par étape. Ce qui compte, c’est que la personne se sente bien, reprenne confiance en elle petit à petit et retrouve les gestes, les talents. qu’elle possède en elle et que la maladie a éclipsés. Ce que nous mettons en oeuvre c’est de l’art mais à un autre niveau».

La guérison ou au moins la stabilisation d’un état psychologique ou d’une maladie récurrente, peut donc passer par un traitement médicamenteux, prescrit en dehors de l’association mais pas uniquement.

Dans le cas de la dépression, quand la maladie ne permet plus au patient de travailler, le repli sur soi est un danger, comme en témoignent Médgée et Doris.

Doris aimait les activités manuelles qu’elle partageait notamment avec les détenues, «puis pendant quatre ans, je suis tombée gravement malade, je ne voulais plus sortir de chez moi. J’aimais encore rouler en voiture mais surtout ne pas en sortir pour éviter de parler aux gens. C’était difficile de faire le premier pas pour entrer à OpenMind, mais aujourd’hui, je suis très reconnaissante pour tous les encouragements que je reçois de l’équipe. Seule chez moi, c’est différent, je n’arrive pas encore à reproduire les activités artisanales que j’aime tant. Ce qui m’apporte beaucoup aussi, c’est le groupe de parole le matin quand on entre à OpenMind. Et j’apprécie d’être accueillie, acceptée comme je suis. Par exemple, si un jour je n’ai pas la force de participer aux ateliers, personne ne me force et il y a toujours une personne compétente pour l’écoute. »

Médgée, elle aussi fréquente le day-care centre d’OpenMind à Verdun quelques jours par semaine de 9 heures à 14h30. «Je sens que je me trouve ici comme dans une seconde famille ! J’ai besoin d’être entourée, protégée. OpenMind, c’est une équipe soudée entre des personnes qui encadrent et les bénéficiaires, entre générations, entre communautés, on aurait dit l’uniténationale !». Couturière de profession, Médgée souffre comme Doris de dépression, mais préparer des décorations pour «Le Marché de Noël Solidaire ACTogether» l’aide à se concentrer sur des choses plus gaies et à oublier un peu ses soucis et la maladie.

«J’ai toujours aimé le travail soigné. Je suis donc très impatiente de voir les réactions des clients quand ils découvriront les produits que nous avons concoctés», partage Médgéeavec un grand sourire lumineux,preuve que la dépressionpeut accorder quelquesmoments de répit.

Voler de leurs propres ailes

Neeraj, bénéficiaire d’OpenMind, a hâte lui aussi de se rendre au Trianon Shopping participation au «Marché de Noël Park les 4et 5 décembre prochain. Ce sera sa quatrième Solidaire» et il fait observer que la créativité qui règne à l’Atelier d’OpenMind est sans cesse renouvelée. «La première année, nous avons présenté seulement des plats, des sous-plats et des pèses-nappes. Pour cette édition, sans doute les boites et les plateaux en bois (décorés avec des serviettes en papier) figureront parmi les best-sellers…», imagine déjà Neeraj. Des prédictions qui fontéclater de rire Gaël. Bénéficiaired’OpenMind, Gaël se rappelle qu’il leur a fallu unesemaine entière pour étudierles meilleures techniques pour décoller proprementles différentes fines pellicules de papier composant une serviette.

Raj Moher, Health and care officer, admire la persévérancedes bénéficiairesd’OpenMind, qui passent parl’association des semaines,des mois, des années : «jusqu’à ce qu’ils soient prêts à voler de leurs propres ailes et à reprendre une vie professionnelle. L’association a déjà connu quelques belles success-stories, notamment une passionnée de pâtisserie et employée aujourd’hui dans ce domaine. Chacun a un talent caché, pas nécessairement dans l’artisanat. Mais les ateliers créatifs permettent de redévelopper l’estime de soi brisé par un trouble psychologique ».

 

 

Rebecca, artiste autiste

Rebecca Casimir cultive une passion pour le dessin  et la peinture. Moulées en argile, les suspensions coeurs et étoiles d’Autisme Maurice seront en vente à Trianon les 4 et 5 décembre.

Dans la région alsacienne en France et également en Allemagne, les gâteaux secs, appelés bredeles, ont fait la renommée des Marchés de Noël. Confectionnés à partir de moules, ces gâteaux ont inspiré les jeunes de l’association Autisme Maurice.. A partir de ces mêmes moules, les élèves des écoles spécialisées et de l’atelier ont imaginé des petits coeurs et des étoiles à croquer. Non comestibles, cependant, ces coeurs et ces étoiles en argile peinte seront vendus sur le stand d’Autisme Maurice, au Marché de Noël Solidaire, à Trianon le 4 et le 5 décembre.

Malheureusement, une des artisanes les plus assidues de l’Atelier va manquer l’événement. Rebecca Casimir, 16 ans, s’est envolée pour l’Inde pour participer à un concours de dessin et de peinture. «Depuis son entrée en janvier à l’Atelier d’Autisme Maurice à Rose-Hill, Rebecca a extrêmement progressé», constate avec joie sa tante, Marina Casimir. «Des progrès notables dans différents domaines : dans sa pratique artistique grâce à la personne qui l’encadre, l’artiste Jacques-Henri Dick, et également dans ses attitudes grâce aux éducateurs spécialisés. Avant, Rebecca n’avait pas confiance en elle. Elle ne regardait même pas les gens dans les yeux quand ils s’adressaient à elle. Avoir une place dans cet atelier et participer en plus au projet de Marché de Noël sont de grandes chances pour Rebecca».

Un monde dans sa tête

La famille de Rebecca a observé dès sa scolarisation en maternelle qu’elle était différente des autres enfants. «Elle n’était pas du tout autonome, et ne communiquait pas verbalement. Vers l’âge de quatre ans, une orthophoniste a constaté que Rebecca présentait des signes autistiques. Mais ce n’est que l’an dernier que nous avons pu bénéficier d’un diagnostic complet à Autisme Maurice, puis d’une place pour la scolariser au sein de cette association.

Autisme Maurice dispose du meilleur encadrement possible, avec quatre éducateurs pour cinq élèves lors des activités artistiques», souligneMarina Casimir.

Rebecca se contente de sourire à sa tante et s’empresse de trouver une feuille pour dessiner. Pour son éducatrice, Désirée Pointu : «Le dessin et la peinture pour Rebecca sont des moyens d’entrer en communication avec les gens qui l’entourent, notamment avec des pictogrammes pour se faire comprendre ». Très créative,Rebecca utilise tout ce qu’illui tombe sous la main pourcréer et laisser des traces surle papier : du vernis à ongles,des légumes, l’encre contenue dans des stylos usagés.

Pour le responsable de l’atelier, Jacques-Henri Dick : «Rebecca est une artiste avec un grand A, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d’imagination ! Rebecca ne parle pas, mais elle a tout un monde dans sa tête à partager. Elle me fait rêver à travers ses dessins ! Avec son potentiel, elle peut arriver très loin au niveau artistique avec un bon encadrement !».

Marina Casimir aurait aimé que sa nièce puisse voir de ses yeux le Marché de Noël Solidaire et profiter des chansons du groupe ABAIM que Rebecca adore chantonner : «Quand nous sortons ensemble dans des lieux publics, je ne me mets pas martel en tête avec le regard des gens. Mais la mentalité à Maurice envers les personnes handicapées a encore du chemin à faire. Un week-end, nous avons séjourné à l’hôtel et Rebecca et moi étions très heureuses, car parmi les touristes étrangers, personne ne la regardait bizarrement. J’espère qu’il en sera de même avec les visiteurs du Marché de Noël Solidaire ACTogether. J’espère qu’ils sauront apprécier les produits, le travail minutieux qu’il y a derrière. Et surtout qu’ils poseront un regard nouveau, bienveillant, sur les bénéficiaires des ONG porteurs de handicaps et sur les autistes, en particulier. Même si beaucoup d’autistes sont non-verbaux, ils sont hyper sensibles et sentent beaucoup de choses, y compris le regard qu’on pose sur eux».Le message de Marina Casimirest passé !

 

La famille Verlope vit du travail de ses mains

Virginie, Lisette, Stéphanie et Angela fières de présenter leurs produits . Le Label Local Hands commercialise une belle variété de produits pour le Marché de Noël et tout au long de l’année.

 

La poussière, le bruit des machines-outils, la chaleur régnant dans l’atelier… rien ne décourage les femmes de la famille Verlope !

Stéphanie, Lisette, Brinda, Virginie et Angela Verlope conjugent en famille la passion du bois, de l’argile, du bambou et du coco. Chacune a sa spécialité et présentés tous ensemble, leurs produits ont fière allure.

Depuis deux ans, les femmes de la famille Verlope ont rejoint les ateliers du Label Local Hands de La Gaulette et de Bambous-Médine. Ces incubateurs d’artisanat lancés par la Fondation Espoir et Développement et la Fondation Médine Horizons permettent à des personnes sans emploi, notamment des femmes au foyer, de s’initier à l’artisanat. En ligne de mire : la réinsertion professionnelle et sociale, voire la création de micro-business.

«Je me souviens quand je suis entrée pour la première fois à l’atelier de La Gaulette, je ne savais même pas ce que signifiait le mot ‘poterie’… Au fil du temps, j’ai découvert que c’est un joli métier. Même plus, une passion ! », raconte Angela les yeuxbrillants. «Quand on observe un bougeoir ou un santon pour la crèche, on ne s’imagine pas comme c’est compliqué d’arriver à ce résultat. Au départ, il y a beaucoup de casse avec la poterie en argile. L’important c’est de ne pas se décourager ! »

Couture, vannerie…

Angela a été la première à s’intéresser à l’artisanat, avant d’entraîner ses soeurs et ses cousines dans l’aventure. Virginie se souvient de leurs débuts : «Nous étions venues à l’incubateur d’artisanat, car le deadline était serré pour livrer une grosse commande de cuillères en bambou pour un hôtel. Aujourd’hui c’est devenu notre travail et notre famille est bien contente de pouvoir compter sur ce revenu supplémentaire».

Seul bémol pour ces artisanes persévérantes, les rentrées d’argent irrégulières. «Dépendant des commandes, il y a des mois très chargés et des mois plus creux. Espérons que les produits Local Hands seront de plus en plus connus», lance Virginie.

En plus des décorations de Noël imaginées spécialement pour le Marché SolidaireACTogether des 4 et 5 décembre à Trianon, les artisans des incubateurs produisent toute l’année des objets de cadeaux (cadres à photos, boites de mouchoirs, brûleurs de bougies.) et des objets pour le service destinés aux particuliers ou aux restaurateurs (plateaux, sousverre…)

Couture, vannerie, upcycling, poterie, bois, bambous : autant de techniques que ces artisans mauriciens maitrisent brillamment !

Pour les femmes de la famille Verlope, la prochaine étape serait-elle de créer une entreprise. familiale ? «L’idée m’a déjà traversé l’esprit, mais je n’en ai jamais parlé aux autres»,avoue Virginie, «et nous avons encore beaucoup à apprendre à l’incubateur avant de considérer cela un jour.»

Au-delà de la maîtrise des techniques d’artisanat, rouler un business, c’est également concevoir de nouveaux produits, développer des techniques de vente, démarcher des clients, tenir une comptabilité, veiller au suivi de qualité, autant d’appuis indispensables qu’offrent les incubateurs Local Hands.

http://www.localhandsmauritius.org/

Les nouveaux venus…

Pour cette édition 2015, Autisme Maurice, Ensam, Le Pont Du Tamarinier, trois nouvelles organisations non gouvernementales (ONG), sont venues rejoindre cette aventure humaine collective et l’enrichir avec de nouvelles techniques. L’édition 2015 du «Marché de Noël Solidaire» proposera donc un plus vaste éventail de produits et regroupera au total sept ONG membres d’ACTogether et les incubateurs d’artisanat Local Hands. A l’image du site internet ACTogether. mu, ce «Marché de Noël Solidaire ACTogether» est d’abord le résultat d’un formidable travail en réseau entre la société civile et le secteur privé, grâce au soutien soutenu de la Fondation CIEL Nouveau Regard, qui finance notamment le coaching de deux professionnelles (Clothilde Thomasse Maurel et Angélique D’Hotman) sur plusieurs mois. Partenaire de l’événement également, le TrianonShopping Park.

Les services gratuits ACTogether

Le leitmotiv du site ACTogether.mu : «Chaque citoyen peut, à sa manière, contribuer au développement social du pays !». Il suffit juste d’être informé des opportunités qui s’offrent à chacun d’entre nous dans le milieu social ! Créé en 2007 par la Fondation CIEL Nouveau Regard, le site ACTogether.mu est un portail de communication destiné au travail en réseau des ONG luttant contre l’exclusion et la pauvreté. C’est également une mine d’informations utiles pour les citoyens interpellés par l’actualité sociale. A l’occasion des fêtes, pourquoi ne pas prendre la résolution de placer l’engagement social au coeur de ses bonnes résolutions de 2016 ? Ce site internet gratuit permet : De s’abonner à une newsletter bimensuelle gratuite pour recevoir les annonces (offres d’emploi, événements…) et l’actualité des ONG ; De consulter l’annuaire des associations (Rubrique : Profil des ONG) ; De s’informer sur les collectes d’objets de seconde main ; De connaître les hotlines pour lutter contre la maltraitance,la discrimination;. De se tenir informé des services offerts : dépistages des maladies et handicaps, formation, aide psychologique.