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Pourquoi Aurore Gros-Coissy a été libérée

26 novembre 2015, 10:27

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 Pourquoi Aurore Gros-Coissy a été libérée

Le juge Bobby Madhub avait condamné Aurore Gros-Coissy à 20 ans de prison en début d’année. Pourquoi ce jugement a-t-il été cassé en appel ? Mercredi 25 novembre, le Full Bench de la  cour d’appel, composé du Senior Puisne Judge Eddy Balancy et des juges Ah Foon Chui Yew Cheong et Gaytree Jugessur-Manna, s/est penché sur les neuf points d’appel pour libérer la Française, écrouée pour trafic de Subutex.

 

La principale argumentation de Me Rama Valayden tourne autour du fait que le juge Bobby Madhub a conclu de manière erronée qu’Aurore Gros-Coissy savait bel et bien que ce qu’elle transportait était de la drogue. Le juge n’aurait pas non plus dû accorder de l’importance à l’attitude et au langage corporel d’Aurore Gros-Coissy tel que rapporté par des officiers de la douane et de l’Anti-Drug and Smuggling Unit avant la fouille. Leur témoignage contient, du reste, nombre d’incohérences, a-t-il fait ressortir. Pour Me Rama Valayden, «the learned judge erred in relying heavily on subjective factors to conclude that the appellant is guilty, the more so in the absence of objective evidence such as DNA print out and finger prints of appellant on the drugs parcel to connect appellant to the drug parcel».

 

Les boîtes de biscuits

 

En appel, les juges soulignent que la raison mise en avant par le juge Madhub pour expliquer pourquoi il a cru aux témoignages des officiers est «rather puzzling». Selon ce dernier, Aurore Gros-Coissy aurait dû savoir que ce n’était pas des boîtes de cigarettes qu’elle transportait comme elle l’a affirmé mais des boîtes de biscuits. Cela, de par les images de l’écran des scanners. Or, soutiennent les juges de la cour d’appel, à aucun moment l’accusée n’a été en présence de ces images. Le raisonnement du juge Madhub «is clearly flawed», soutient ainsi la cour d’appel.

 

Un aveu incriminant

 

«C’est Tinsley qui m’a donné le sac en plastique avec les deux boîtes en France pour les remettre à sa mère…» Par cette affirmation, Aurore Gros-Coissy a-t-elle admis qu’elle savait ce que contenait le colis ? Oui, à en croire le juge Madhub. «The learned judge’s reliance on the impugned reply of the accused as an incriminating admission was not in our view waranted», rétorque cependant la cour d’appel.

 

L’attitude de l’accusée

 

Le juge a accordé beaucoup d’importance à la perception des officiers, ce jour-là, sur le comportement d’Aurore Gros-Coissy. Elle semblait tendue, rapportent la Woman Police Constable Ragoo et l’officier Dahoo de la douane. Selon ces derniers, elle avait l'air également tendue lorsqu’elle avait été interrogée. Ses réponses étaient «évasives», «elle ne pouvait pas répondre de manière claire» et ne  regardait pas ses interlocuteurs droit dans les yeux.

 

Le juge Bobby Madhub n’a toutefois pas suffisamment considéré les arguments de la défense selon lesquels un tel comportement n’est pas une indication qu’elle est coupable. Dans son jugement, il n’explique pas pourquoi il rejette cet argument, font valoir les juges de la cour d’appel. «As rightly submitted by Mr Valayden, when the reactions of the accused are viewed in context, e.g stammering upon being told that there were drugs, remaining mute after being cautioned, crying at the same time as answering questions – such reactions cannot lead to the irresistible inference of guilty knowledge», écrivent-ils.

 

A peine intelligible

 

Les juges de la cour d’appel critiquent également le juge Bobby Madhub quant au fait qu’une partie de son jugement soit «at times hardly intelligible», notamment sur les aspects de la défense qu’il estime «préoccupants». Même ceux-ci ne font pas le poids pour conclure qu’Aurore Gros-Coissy est coupable, indiquent-ils. C’est ainsi concluent les juges que : «The assessment of the evidence by the learned judge in the present case is so flawed that his conclusion that the accused knew about the presence of drugs in her suitcase cannot be allowed to stand.»

 

L’intégralité du jugement