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La Réunion, «Djihadistan» de l’océan Indien?

25 novembre 2015, 19:50

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La Réunion, «Djihadistan» de l’océan Indien?

Hausse des cas de radicalisation, filière syrienne, inquiétude des élus locaux et du pôle antiterroriste parisien… Jusqu’ici à l’abri, l’île de la Réunion semble rattrapée par le djihadisme. Retour sur un an d’infos peu rassurantes.

Octobre 2014 :

De Saint-André à la Syrie

Plusieurs jeunes de la commune de Saint-André, dans l’est de l’île, se sont radicalisés. Parmi eux, figure Nassirdine Mzé. Cet homme de 23 ans, sans emploi, a confié à des proches qu’il veut «mourir en martyr». Il fait croire à ses parents qu’il part faire des études en France et rejoint la Syrie via la Turquie.

 

Novembre 2014 :

Une enquête du pôle antiterroriste

La direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) soupçonne l’existence d’une cellule réunionnaise de recrutement de djihadistes. Un juge d’instruction du pôle antiterroriste de Paris ordonne l’ouverture d’une enquête.

 

Janvier 2015 :

La ministre en alerte

En visite dans l’île, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, appelle à être «attentif à ce qui se passe sur les réseaux sociaux». La Réunion «n’est pas à l’extérieur du monde et peut être touchée par des phénomènes de radicalisation», souligne-t-elle.

 

Mars 2015 :

48 nouveaux cas de radicalisation

Ce chiffre provient d’un rapport du ministère de l’Intérieur. Il ne tient compte que des dix derniers mois. L’île est bien au-dessus de la moyenne métropolitaine. Et ­figure au premier rang des départements d’Outre-Mer, très loin devant Mayotte (huit cas).

 

Avril 2015 :

Mort au combat

Les parents de Nassirdine Mzé reçoivent un appel téléphonique anonyme leur disant que leur enfant «est au paradis». Le jeune djihadiste réunionnais est mort au combat après une offensive de l’armée irakienne contre des positions de Daech, le 7 avril à Tikrit.

 

Juin 2015 :

Une ­filière tombe

Pour la première fois dans l’île, une ­filière djihadiste est démantelée. Cinq personnes soupçonnées d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes terroristes sont arrêtées dans le centre-ville de Saint-Denis. Un prédicateur salafi­ste de 21 ans est décrit comme la tête du réseau. Son rôle : repérer dans les mosquées les candidats potentiels au djihad.

 

13 Novembre 2015 :

L’armée en renfort

Suite aux attentats de Paris, les mesures de sécurité sont renforcées. Une patrouille des FAZSOI, les Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien, est déployée à l’aéroport Roland-Garros.

 

14 Novembre 2015 :

Foyers infectieux

«Il y a des foyers infectieux à La Réunion, je demande de mettre de l’ordre dans notre pays.» Le maire de Saint-André, Jean-Paul Virapoullé, s’alarme de la «montée du radicalisme» dans plusieurs villes, notamment la sienne, où des jeunes, selon lui, s’entraînent à la guerre.

 

15 Novembre 2015 :

La voix du massacre

L’État islamique revendique les attentats de Paris. La voix sur la bande sonore est celle de Fabien Clain, alias «Omar», un Réunionnais de 37 ans, connu comme étant un recruteur de Daech. Après avoir passé une partie des années 90 sur l’île, dans le quartier populaire du Moufi­a, à Saint-Denis, où il poursuit des études professionnelles, Fabien Clain rentre en métropole. C’est à Toulouse qu’il se convertit à l’islam, se radicalise et se fait connaître des services antiterroristes. Emprisonné en 2009 pour avoir animé une filière irakienne, il est libéré trois ans plus tard, puis disparaît en Syrie. Il avait déjà menacé le Bataclan en 2009 en raison du sionisme supposé de ses propriétaires.

 

16 Novembre 2015 :

Des chiffres inquiétants

Dominique Sorain, le préfet de l’île, fait savoir que, depuis avril 2014, «une centaine de cas de radicalisation ont été signalés». Le chiffre a donc doublé en huit mois. Par ailleurs, plusieurs habitants font l’objet d’une ­fiche S («S» pour «sûreté de l’État») établie par les services de renseignement.

 

17 Novembre 2015 :

À 16 ans, il veut décapiter ses proches

Un jeune homme de 16 ans soupçonné d’être en voie de radicalisation est interpellé par le Groupe d’intervention de la Police nationale (GIPN). Fasciné par le djihad, il a menacé de décapiter sa soeur et sa mère. Placé en détention, il sera jugé le mois prochain pour apologie du terrorisme.

 

18 Novembre 2015 :

L’état d’urgence décrété

Déjà en vigueur en métropole, l’état d’urgence est étendu à une partie des outre-mer, dont La Réunion. La raison: «Le niveau de menace n’est pas le même suivant qu’on est dans l’océan Indien ou dans les Caraïbes», affirme-t-on à Paris. Des perquisitions «dans les milieux islamistes» sont réclamées par plusieurs élus.