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Nécrologie: José Poncini, innovateur, visionnaire, patriote…

24 novembre 2015, 08:33

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Nécrologie: José Poncini, innovateur, visionnaire, patriote…

José Poncini, qui s’est éteint le lundi 23 novembre à l’âge de 87 ans, est connu pour être le père fondateur de la zone franche, ayant lancé l’idée en 1957. Bijoutier, homme d’affaires et horloger, il a souvent fait parler de lui dans le secteur industriel à Maurice. Élu businessman de l’année en 1966, il marque le début de la sous-traitance industrielle avec l’usine Microjewels.

Né à Maurice, José Poncini est d’origine suisse. Il a fait ses études à l’université de Lausanne où il a étudié la décentralisation industrielle. Sa rencontre avec l’économiste James Meade a marqué le coup d’envoi de la zone franche. Cela, après le passage du cyclone Carol qui avait écrasé 50 000 maisons et réduit à néant les champs de canne. Ensuite, c’est avec l’apport d’Yves Appasamy et de Benoît Arouff que le modèle de la zone franche a pris forme. Entre 1983 et 1990, celle-ci atteint la création de 91 000 emplois.

Témoignages

Jean-Claude de l’Estrac : «J’étais un jeune journaliste à l’express et j’ai connu cet entrepreneur génial qui dirigeait alors Microjewels. Ce modèle qu’il avait proposé était nouveau et improbable ; personne n’y croyait. C’était révolutionnaire et les autorités n’étaient pas convaincues qu’on pouvait s’industrialiser. José Poncini a eu l’idée géniale de créer une entreprise qui importe sa matière première et d’y ajouter une valeur avec une main-d’oeuvre féminine pour réexporter. Le produit : c’était des ‘trous’. Il importait des rubis utilisés dans l’horlogerie qu’il perforait ici avant de les réexporter. José Poncini a fait la démonstration que la qualité de la main-d’œuvre était importante et que Maurice pouvait se faire une place dans la mondialisation. Il était un entrepreneur et un poète. Il y a ensuite eu la zone franche. José Poncini n’a jamais cessé de s’intéresser à la nouveauté. Je l’ai rencontré récemment. Il était physiquement fatigué mais avec l’esprit toujours vivace

Michel de Spéville : «C’est triste ! Maurice a perdu un grand homme qui laisse des empreintes. José Poncini était intelligent et toujours à l’écoute. Il était un citoyen qui contribuait à son pays. J’ai fait sa connaissance au moment où j’ai rejoint le monde du travail. Sa première petite industrie, c’était l’exportation de ‘trous’. Il recevait des pierres, y faisait des trous et les renvoyait en Suisse. On aurait pu en rire mais, au final, c’est bien d’avoir pensé à ça. Il faut se souvenir de José Poncini comme quelqu’un qui a toujours cru en l’île Maurice.»

Nikhil Treebhoohun : «La première fois que j’ai rencontré José Poncini, c’était en 1989. Et plus tard, en 1990, à l’occasion de la conférence Mauritius at the Crossroads quand Cassam Uteem était ministre de l’Industrie. On a travaillé ensemble. Ensuite, il a évoqué la zone franche et on a gardé contact.

En 1999, le gouvernement d’alors nous a approchés pour prendre la direction du MPCC. Instance dont le poste de président a été octroyé à José Poncini et celui de directeur du conseil d’administration m’a été accordé.

José Poncini était un vrai patriote avec une vision. J’avais pu le convaincre d’écrire sa biographie et il me lisait des extraits. Quand je lui disais que c’était comme un roman, il répondait que sa vie est un roman. Il est le père de la zone franche.»