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Cybercrime Unit: dans l’univers des enquêteurs du virtuel

10 octobre 2015, 20:00

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Cybercrime Unit: dans l’univers des enquêteurs du virtuel

Des fauteurs de troubles à Flic-en-Flac qui perturbent la circulation et font une vidéo, des photos d’une mineure nue circulant sur la Toile, des propos à caractère communal sur Facebook… Ça ne chôme pas du côté de la Cybercrime Unit. Loin du cliché de bureau hi-tech auquel nous ont habitués les séries télévisées américaines, c’est au fond d’un couloir, dans ce qu’on pourrait qualifier de placard à balai, qu’opère cette unité. 

 

Avec une centaine de cas traités mensuellement, allant de la simple injure par SMS aux fraudes internationales sur les cartes de crédit, la Cybercrime Unit est une des unités les plus actives de la police, quoiqu’en sous-effectif et en manque de moyens technologiques. L’unité fonctionne, en effet, toujours derrière les bonnes vieilles tables croulant sous des piles de dossiers. 

 

Si la majorité des infractions technologiques traitées par cette unité concerne Facebook, des infractions sur d’autres réseaux sociaux tels que Skype, Instagram et Badoo, sont également analysées. Le délit le plus commun concerne les photos obscènes circulées afin de se venger d’une personne en particulier. 

 

Par exemple, l’unité enquête actuellement sur des photos d’une mineure en circulation sur la Toile et sur plusieurs portables dans trois établissements scolaires de l’île. «Il faut savoir qu’un mineur n’a pas le droit de se prendre en photo nu. Dans le cas sur lequel nous enquêtons, le DPP peut décider de poursuivre la mineure pour s’être prise en photo ainsi que ceux qui ont fait circuler les photos», nous explique un des enquêteurs

 

Une question : dans le cas d’Internet et des réseaux sociaux, comment retracer l’adresse IP de ceux impliqués? Ish Sookhun, expert en informatique, explique, par exemple, qu’il existe deux adresses IP pour chaque envoi, une adresse privée et une adresse publique. Pour pouvoir retracer la provenance d’un commentaire, l’adresse IP publique est nécessaire et ne peut être obtenue à travers le serveur du site sur lequel le commentaire a été posté uniquement. Pour retracer un commentaire sur Facebook, il faut que la police fasse appel à la compagnie Facebook pour retracer l’adresse IP de l’utilisateur.

 

La Cybercrime Unit n’a toutefois jamais eu recours à la collaboration de Facebook pour une enquête en cours, ni même à celle de Microsoft. Une des rares recherches d’informations a été faite à Google, le 12 décembre 2013 pour une enquête de cette unité.

 

Policier 2.0

 

Être enquêteur à la Cybercrime Unit ne se limite pas qu’à un travail de terrain. Il y a la partie moins trépidante: de longues heures de lecture et d’analyses. Ainsi, lorsque le statut d’un internaute fait polémique et est rapporté, l’enquêteur doit lire tous les commentaires relatifs à ce statut. Souvent, les «posts» à polémique recueillent 500 à 700 commentaires en moyenne, et il faut tous les lire.

 

Est-il possible de prendre des actions contre les auteurs des commentaires, même en l’absence de plainte contre eux? «Évidemment. Un commentaire peut être incriminant. C’est nous qui décidons», lance un des enquêteurs de l’unité. De citer le cas de Krishnee Bunwaree. Cette dernière a écopé d’une amende, alors qu’un de ses amis, qui avait commenté son statut, a écopé d’une amende plus sévère, car son commentaire était plus incriminant et incitait à la haine raciale.

 

Quid du «partage» sur la Toile ? L’enquêteur précise qu’une opinion sur un statut peut être aussi considérée comme diffamatoire. «Mais encore une fois, cela dépend du type de partage. Si la personne partage un message haineux en le dénonçant, cela peut poser problème. Il dénonce, mais contribue également à véhiculer le message à caractère haineux ou diffamatoire.»

 

Concernant les événements liés au cas de profanation d’un lieu de culte dans le Sud, deux personnes ont été arrêtées alors qu’il n’y avait pas de plaintes contre elles au moment de l’arrestation. L’officier de la Cybercrime Unit explique que dans certains cas, les délits dépassent la diffamation, et de ce fait, la police peut agir en conséquence.