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[Vidéo] 48 maisons «bwat zalimet» inoccupées depuis trois ans

9 octobre 2015, 15:00

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[Vidéo] 48 maisons «bwat zalimet» inoccupées depuis trois ans

Une kitchenette, deux chambres, une salle de bains et des W.-C. Le tout, sur une superficie ne dépassant pas 30,3 mètres carrés. On parle ici des 59 logements sociaux construits il y a trois ans par la National Empowerment Foundation (NEF), à proximité de Cité-Betel, à Gros Cailloux. Seules 11 de ces maisons sont habitées.

 

Souvenez-vous. Début 2012, Jean-Maurice Labour avait tiré à boulets rouges sur les autorités en qualifiant ces maisons de «lakaz bwat zalimet». Avec la Commission Justice & Paix, le vicaire général avait même exposé un prototype sur le parvis de la cathédrale St-Louis afin de sensibiliser le public à l’inadaptation des logements sociaux.

 

Aujourd’hui, 48 de ces 59 unités résidentielles sont  toujours inoccupées. Entre-temps, la liste de ceux qui sont à la recherche d’un logement social s’allonge. La NEF énumère 397 familles qui ont, durant ces trois dernières années, fait une demande pour un logement Concrete Cum Corrugated Iron Sheet, soit une maison en béton sous tôle. Nous nous sommes rendus sur place cette semaine.

 

 

Nous y avons croisé Sabrina Hortense, âgée de 22 ans. Accompagnée de son mari, aide-maçon, et de leur benjamine d’un an dans les bras, cette mère de trois autres enfants – âgés de huit, six et trois ans – arpente les ruelles de ce quartier à la recherche d’un coin pour sa famille.

 

«J’habite sur le flanc de la montagne à Vénus depuis deux semaines. On nous a mis à la porte, là où on habitait auparavant. Get ki kantite lakazena ek ena dimoun pe dormideor», soupire-t-elle, le regard rivé sur des dizaines de maisons inoccupées. Cette jeune  mère de famille dit avoir frappé plusieurs fois à la porte de la NEF, mais en vain. «Ou pré pou trouv mwa défons enn laport pou vinn res dan enn sa bann lakaz-la», dit-elle, exaspérée.

 

Seules 11 familles d’Anse-Courtois, à Pailles, y ont trouvé refuge depuis le 31 mars 2013, à la suite des inondations meurtrières. Leurs maisons ainsi que des centaines d’autres avaient été submergées par les flots. Une douzième maison est inoccupée depuis quelques mois en raison du décès de son occupant.

 

Marie Donna Félicité, 50 ans, est une des personnes qui habitent un de ces logements sociaux. Femme au foyer, elle occupe les 30,3 mètres carrés avec ses deux filles de 17 et 26 ans, son gendre et sa petite-fille de six mois.

 

À l’intérieur de sa maisonnette, nous constatons, après avoir franchi la kitchenette, que le salon sert finalement de chambre à coucher. Entre les différents meubles et appareils électroménagers, on accède difficilement à une seconde chambre. Outre le lit et le téléviseur, le réfrigérateur y a aussi été rangé, faute d’espace dans la petite cuisine.

 

La kitchenette de Marie Donna Félicité est pour le moins encombrée.

 

Par ailleurs, cette ancienne employée d’une usine de thon dit ne plus être capable de travailler, en raison d’un état de santé fragile. C’est le gendre de Marie Donna Félicité qui est l’unique gagne-pain de la famille. Quid des paiements des factures ? «Nous payons un loyer de Rs 1 000 et la facture d’électricité chaque mois. Quant à l’eau, nous l’avons gratuitement», raconte Marie Donna Félicité.

 

Plus loin, nous croisons Sabit Chummun. Cette pensionnaire et mère de trois enfants déclare qu’il lui est arrivé d’accommoder jusqu’à dix personnes chez elle. Ce, en comptant ses deux gendres, sa belle-fille et ses petits-enfants. «Ki pou fer, nou ser-sere nou reste», soutient-elle.

 

Sabit Chummun a déjà accommodé dix personnes dans sa maison de 30,3 m2.

 

Deux ans et demi après qu’elle s’y est installée, Sabit Chummun craint que la NEF ne la mette aujourd’hui à la porte. «Bann-la inn dir nou zot inn pret nou lakaz. La nou pé payé, mé éna bokou lézot ki pa pé kapav payé», confie-telle. «Akoz sa bann dimounnla kapav met nou osi deor.»