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A Lima, des avancées attendues sur l'optimisation fiscale et le climat

9 octobre 2015, 10:28

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A Lima, des avancées attendues sur l'optimisation fiscale et le climat

Les grandes puissances espèrent enregistrer vendredi à Lima d'importantes avancées pour mettre au pas les multinationales habituées à fuir l'impôt et trouver les moyens de financer la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Réunies dans la capitale péruvienne depuis jeudi, les grandes puissances du G20 doivent formellement approuver dans la matinée un plan d'action dessiné par l'OCDE pour siffler la "fin de la récréation" fiscale et obliger les grandes entreprises à payer leurs impôts là où elles sont réellement actives.

 

"Nous nous devons de pas avoir un système où les lois fiscales permettent aux entreprises d'échapper à l'impôt", a commenté jeudi le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew, mettant toutefois en garde contre la tentation de certaines entreprises et pays de traîner les pieds.

 

"Est-ce que les pays accepteront d'adopter des règles rigoureuses ou reviendrons-nous à un système d'un nivellement par le bas?" s'est interrogé le responsable.

 

L'inquiétude est particulièrement vive chez les pays pauvres et émergents qui voient chaque année des dizaines de milliards de dollars de recettes partir en fumée dans des montages fiscaux sophistiqués.

 

La "viabilité de leurs finances publiques" est en jeu, a ainsi souligné le groupe du "G24" qui inclut notamment l'Inde, la Côte d'Ivoire ou l'Argentine et qui réclament d'être associés à ce plan d'action "sur un pied d'égalité" avec les pays riches.

 

- Les pays pauvres en première ligne -

 

Le dossier brûlant du climat sera également en discussion dans la capitale péruvienne, en marge de l'assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale qui se tient depuis le début de semaine.

 

A deux mois de la conférence COP 21 de Paris, un groupe d'une soixantaine de pays va plancher pour avancer dans la collecte de fonds destinés à limiter le réchauffement du thermomètre mondial.

 

"Il faut que la question financière soit aux 9/10e, pour ne pas dire à 100%, dégagée" a prévenu le ministre français des Finances Michel Sapin, appelant les banques de développement à mettre la main à la poche.

 

Pour l'heure, le compte n'y est pas. Selon les calculs de l'OCDE, seuls 62 milliards de dollars avaient été réunis fin 2014 sur les 100 milliards par an que la communauté internationale s'est engagée à débourser en faveur des pays du Sud.

 

Et là encore, les pays pauvres sont en première ligne. Les plus vulnérables au changement climatique ont d'ailleurs créé jeudi leur propre club, le "V20", pour tenter de peser et mobiliser des ressources en leur faveur.

 

"Nous sommes des pays à bas revenus ou moyens, moins développés, arides, des isthmes, ou des enclavés, des montagneux, des petites îles en développement", ont-ils détaillé.

 

- Manifestation -

 

Ces deux grands dossiers ne devraient toutefois pas complètement éclipser les inquiétudes persistantes sur la croissance mondiale qui étreignent les ministres et banquiers centraux de 188 Etats réunis à Lima.

 

"(La croissance) n'est simplement pas suffisamment forte pour répondre aux demandes des 200 millions de personnes sans emploi", a résumé la patronne du FMI Christine Lagarde.

Premiers concernés, les grands pays émergents (Brésil, Afrique du Sud...) sont ainsi frappés de plein fouet par le ralentissement de la Chine, dont l'appétit pour les matières premières semblent décliner.

 

Ils tremblent également à l'idée du prochain changement de cap monétaire américain qui risque de les priver de capitaux cruciaux pour leur économie.

 

"L'Amérique du Sud est menacée par un choc sur les matières premières qui affecte bien sûr la croissance", a estimé le président de la Banque centrale mexicaine Augusto Carstens.

 

Dans son communiqué final, le G20-Finances pourrait ébaucher quelques pistes de travail mais ne devrait guère aller plus loin que ses traditionnels appels à accélérer les "réformes structurelles".

 

Cela ne suffira sans doute pas à apaiser les centaines de manifestants qui doivent défiler aux abords du centre de conférence coupé du monde par d'innombrables checkpoints. Ils protesteront contre les politiques néo-libérales portées, selon eux, par le FMI et la Banque mondiale.

 

Après des décennies de relations acrimonieuses avec plusieurs pays de la région (Argentine, Venezuela...) et des cures d'austérité controversées, le FMI assure pourtant avoir ouvert un nouveau chapitre avec le continent, qui n'avait pas accueilli une telle réunion depuis près de 50 ans.

 

"Nous sommes des partenaires, nous ne sommes pas d'horribles prescripteurs (de mesures économiques)", a ainsi plaidé Mme Lagarde.