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Méthadone: un médecin réunionnais prend le ministre Gayan à contre-pied

4 octobre 2015, 16:01

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Méthadone: un médecin réunionnais prend le ministre Gayan à contre-pied

«Les récentes décisions prises par le ministre de la Santé Anil Gayan nous préoccupent beaucoup à La Réunion.»C'est ce que nous a confié le Dr David Mété, chef du service d'addictologie du Centre hospitalo-universitaire à l'île de la Réunion, vendredi 2 octobre. Cela l'a motivé à écrire une tribune sur le site réunionnais d'informations Clicanoo, jeudi.

 

Le médecin écrit que la consommation d'opiacés est un problème ancien et connu à Maurice avec un haut niveau d'injecteurs. «Le ministre de la Santé et de la Qualité de la vie a en effet annoncé que la méthadone était pire que l'héroïne et que le programme de substitution mauricien était un échec. La diabolisation de ce traitement est pour le moins surprenante. Elle va à l'encontre de 50 années d'études et d'une expérience au niveau mondial qui ont permis d'accumuler un très haut niveau de preuve : il s'agit d'un traitement sûr et efficace», peut-on lire dans sa tribune.

 

«Un médicament essentiel à l'humanité»

 

La méthadone est reconnue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2005 comme un «médicament essentiel à l'humanité», signale le Dr David Mété. Il ajoute que l'OMS et l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONU-DC) en font le gold standard de la prise en charge de la dépendance majeure aux opiacés. Anil Gayan «s'autorise pourtant, malgré le poids écrasant des évidences scientifiques, un avis à contre-courant de tous les experts internationaux».


L'addictologue le dit sans ambages : «Le gouvernement mauricien fait fausse route et se trompe de cible.» Il qualifie le discours du ministre de «suite de contre-vérités hasardeuses dont les conséquences, en cas d'application, seraient désastreuses pour l'île Maurice». Enfin, il lance : «L'idéologie, lorsqu'elle fait abstraction des réalités scientifiques, peut tuer.»


«Très grave remise en question»

 

Le Dr David Mété nous indique avoir écrit cette tribune car à La Réunion, où ils sont amenés à recevoir des patients mauriciens du programme de méthadone lors de leur séjour dans l'île. «Nous avons été régulièrement informés par la presse, les associations, les ONG et les sociétés médicales mauriciennes de la très grave remise en question du programme de soins mais aussi des mesures de prévention et de réduction des risques comme les échanges de seringues. Il n'est pas excessif de parler du risque d'un désastre sanitaire, avec une reprise rapide du trafic d'héroïne, de subutex et de toute la criminalité que cela peut amener», affirme-t-il.

 

Sollicité pour une réaction, Anil Gayan dit être libre d'agir selon les recommandations de ses conseillers, de même que le Dr David Mété est libre d'avoir son opinion.