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Blessée dans un accident : 22 ans plus tard, Laura garde des séquelles

5 septembre 2015, 19:42

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Blessée dans un accident : 22 ans plus tard, Laura garde des séquelles

Sensibiliser la population. C’est dans ce but que la police a lancé hier soir une campagne agressive. Car depuis le début de l’année, 95 personnes ont perdu la vie sur nos routes et beaucoup d’autres grièvement blessées. Laura Fanor, elle, a été victime d’un accident de la route il y a 22 ans. Elle a souhaité apporter son témoignage pour que personne d’autre ne subisse les mêmes épreuves qu’elle. La vie de Laura Fanor a basculé, le dimanche 6 juin 1993. Elle est victime d’un accident auquel l’express consacrera d’ailleurs, le lendemain, une partie de sa une, sous le titre «Trois blessés graves à Rose-Belle».

 

Aujourd’hui âgée de 38 ans, elle revient sur ce drame. «Je rentrais de l’aéroport en taxi quand une voiture, sortie de nulle part, nous a heurtés de plein fouet. J’ai été éjectée du véhicule. Je me suis retrouvée sur l’asphalte et j’ai sombré dans le coma.»

 

Ce jour-là, le docteur dit aux parents de celle qui n’est encore qu’une adolescente qu’il ne lui reste plus que deux heures à vivre. Mais Laura Fanor se réveillera 42 jours plus tard. Et le réveil est brutal. Elle ne peut plus utiliser son bras gauche et sa jambe n’est plus aussi forte. Elle n’a alors que 16 ans. Comme toutes les jeunes filles de son âge à cette époque, elle est amoureuse du chanteur canadien Roch Voisine. Elle s’apprêtait à passer les examens de Form V mais l’accident est venu tout bouleverser et elle se rend compte que sa vie ne sera plus jamais la même.

 

«J’aurais aimé retrouver ma vie d’avant», confie-t-elle simplement, assise dans un fauteuil chez ses parents à St-Pierre, le regard déterminé mais nostalgique. Une photo posée dans un coin du salon montre une jeune fille pleine de vie, cheveux au vent, un sourire radieux exprimant le bonheur. Une photo prise «quelques mois avant l’accident», raconte Arlette, la mère de la trentenaire.

 

Aujourd’hui Laura se bat, malgré les difficultés. «J’ai envie de travailler. Je veux qu’on me donne la chance de prouver que je peux travailler.» Elle a suivi un cours de base en informatique et en gestion, mais elle n’a pas réussi à décrocher un emploi. «Je suis seule avec mon certificat.» Elle ne se décourage pas pour autant. Depuis quelque temps, elle prend l’autobus pour se rendre à Ébène où elle suit une autre formation dispensée par la Mauritius Employers’ Federation.

 

Elle rêve aussi d’apprendre à conduire et de posséder une voiture pour handicapés. «J’ai surmonté ma peur de la voiture. Un véhicule me permettra d’être plus mobile car dans les autobus, ce n’est pas évident», lâche-t-elle. Elle explique comment elle a déjà été humiliée par des chauffeurs et des receveurs.

 

«Une fois, j’étais à la gare de Port Louis et le receveur m’a demandé de monter dans le bus suivant alors qu’il y avait de la place. Et dans le second bus, on n’a pas voulu me prendre non plus. J’ai compris que c’est parce que je suis handicapée. J’étais vraiment mal.» Laura a aussi eu beaucoup de mal à accepter que sa vie a été gâchée par un conducteur imprudent. Au début, avoue-t-elle, elle a pensé à commettre l’irréparable. Mais elle s’est rendu compte que ses parents allaient souffrir un traumatisme cruel. «J’ai pu surmonter cette épreuve grâce à l’amour de mes parents et de mes frères et sœurs.»

 

Elle souhaite que le gouvernement offre un accompagnement psychologique à tous ceux qui, comme elle, ont subi un grave accident et en gardent les séquelles. Son message aux conducteurs : «Ne gâchez pas votre vie ou celle d’une autre personne.»