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Jonathan Faustin: il trace sa route à bicyclette

5 septembre 2015, 13:06

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Jonathan Faustin: il trace sa route  à bicyclette

Impossible de le rater. Depuis quelque temps, un objet roulant non identifié sillonne les rues de Quatre-Bornes. Chevauchant ce fier destrier métallisé : un jockey d’un nouveau genre. Son nom ? Jonathan Faustin. Son âge? 21 ans. Depuis février, il trimbale par monts et par vents son panneau publicitaire ambulant. Sans parler de son autoradio qui crève les tympans. Rencontre avec un jeune homme qui a décidé de faire un pied de nez au chômage en pédalant. 

 

Pour ce qui est de la débrouillardise, il en connaît un rayon. Après avoir travaillé comme Cold Room Attendant dans une grosse entreprise, il a voulu changer d’air. Et c’est grâce à Internet qu’il s’est remis en selle, précise cet habitant de Quinze-Cantons. «Je cherchais du travail et je suis tombé sur l’annonce.» Il a sauté sur l’occasion. Résultat des courses cyclistes : depuis février, tous les jours, sauf le dimanche, il enfourche sa bicyclette pas comme les autres. 

 

Ses journées se terminent à  17 h 30 environ. Elles démarrent, en trombe et en fanfare, à 8 heures tapantes. «Mo pran bisiklet Candos, mo roulé ziska St-Jean.» À 9 heures, il s’octroie une petite pause avant de se rendre à Rose-Hill et de repartir vers Quatre-Bornes. 

 

Entre les circuits bien définis et les pauses, il pédale pendant quatre heures environ par jour et parcourt entre 30 et 35 kilomètres. En témoignent les mollets d’acier et le corps bodybuildé, oui Madame. 

 

«Je m’arrête aussi pendant un bon moment devant un supermarché et une banque, histoire que le panneau publicitaire soit bien visible.» 

 

Justement, attardons-nous sur cette nouvelle façon de faire de la réclame. Le billboard mobile carbure en fait à l’énergie solaire, ce qui permet au «cube» de tourner sur lui-même. La radio – un «ti martin gro lagorz» qui n’a rien à envier aux enceintes et à la sono des discothèques – diffuse de la musique non-stop. «Pou atir latansyon.» 

 

Astuce payante. «Ena boukou dimounn aret mwa pou demann mwa ki été sa. Enn fwa enn madam demann mwa ki gato mo pé vandé ladan !» Des rencontres qui font que Jonathan «aime bien» son métier, qu’il est le seul pour le moment à pratiquer. «La boîte pour laquelle je travaille est en train de customiser un autre vélo.» 

 

Les affaires marchent, enfin roulent, donc. Les clients doivent d’ailleurs réserver leur panneau à l’avance. «L’on propose une visibilité pour un mois au minimum. Cela leur revient à Rs 8 000. Nous avons eu environ huit clients depuis que nous avons commencé.» 

 

Et le salaire dans tout ça ? Il est décent, souligne le jeune homme, qui habite toujours chez ses parents. «La base est de Rs 8 500 et grâce aux primes, je touche quelque Rs 10 500 par mois.» Sa «bwat tapaz» attire-t-elle également les «35» ? Un sourire gêné et une légère hésitation plus tard : «Sa enn lot zafer sa…» 

 

C’est après la Form V que Jonathan a arrêté l’école. Les matières qu’il a étudiées : la comptabilité et la littérature française, entre autres. Mais son «kiffe» à lui, c’est le dessin. «Depi tipti mo kontan sa.» Alors du coup, même s’il adore son métier de commercial à vélo pour le moment, Jonathan aspire à autre chose. «J’aimerais bien être Graphic Designer.» Mais pas tout de suite. 

 

Pour l’instant, «pédaler, pédaler, pédaler», eh ben, ça lui plaît. «C’est original, c’est un peu comme un divertissement pour les gens, ça les met de bonne humeur. De toute façon, je vais continuer à le faire jusqu’à la fin de l’année.»

 

 Il décidera ensuite s’il veut changer de voie et s’emploiera à trouver le chemin qui l’y conduira.