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Liyyakat Polin: «Tout au long de ma peine, j’ai éprouvé du regret»

3 septembre 2015, 09:30

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Liyyakat Polin: «Tout au long de ma peine, j’ai éprouvé du regret»

«J’ai non seulement été puni, mais tout au long de ma peine purgée à La Bastille, j’ai éprouvé du regret.» Après 15 ans passés derrière les barreaux dans l’affaire du triple assassinat de la rue Gorah Issac, en 1996, Liyyakat Polin est un homme libre depuis le mercredi 2 septembre.

 

Condamné à 21 ans de prison en 2004 pour coups et blessures sans intention de tuer, cet ancien membre de l’Escadron de la mort a non seulement bénéficié d’une remise de peine pour bonne conduite, d’une déduction de ses 58 mois passés en détention préventive, mais aussi de la grâce présidentielle.

 

Âgé de 49 ans, cet excontracteur veut désormais mener une vie tranquille aux côtés des siens, à Curepipe. Il demande «pardon» aux familles des victimes de la fusillade survenue aux petites heures du samedi 26 octobre 1996.

 

«Je n’ai jamais eu l’intention de commettre un meurtre»

 

Son équipe, composée de Hatim Oozeer, Khadafi Oozeer, Toorab Bissessur, Bahim Coco, Azad Nandoo, Riaz Jamaldin et Noorani Boodhoo, avait tiré sur trois véhicules à la hauteur de l’école Diego Garcia, tuant trois agents de l’alliance PTr-MMM.

 

Liyyakat Polin continue à maintenir qu’il n’a jamais voulu assassiner ces trois hommes. «Je n’ai jamais eu l’intention, de même que mon équipe, de commettre un meurtre, car notre équipe de huit personnes était plutôt formée pour effectuer des braquages», confie-t-il.

 

C’est pourquoi, poursuit ce père de quatre enfants, «je compte rencontrer les familles des victimes pour leur présenter mes sincères excuses».

 

Liyyakat Polin s’en sort finalement à bon compte. Cet ancien «contracteur» a commencé une vie de braqueur en 1995 à cause d’un prêt de Rs 225 000 qu’il n’arrivait plus à régler. Il emprunte alors le fusil de chasse de son frère pour un premier larcin. Les autres hold-up qui s’ensuivent l’amèneront finalement à intégrer l’Escadron de la mort.

 

Ce groupe proche du défunt Hizbullah, aussi dit le Parti de Dieu, mène alors une opération nettoyage à Plaine-Verte, prenant des trafiquants de drogue pour cible. L’Escadron de la mort finira par commettre le triple assassinat de la rue Gorah Issac en pleine campagne pour les élections municipales aux petites heures du samedi 26 octobre 1996.

 

Trois activistes de l’alliance Parti travailliste-Mouvement militant mauricien, à savoir Babal Joomun, Zulfikar Bheeky et Yousouf Moorad sont abattus. Circulant à bord de deux véhicules, le trio voulait s’assurer que les affiches des candidats n’avaient pas été déchirées.

 

Plusieurs arrestations sont effectuées. Des suspects sont déférés aux assises, mais ils bénéficieront d’un non-lieu, faute de preuves.

 

L’enquête est relancée le 22 novembre 2000 lorsque la Criminal Investigation Division de Port-Louis Sud est informée qu’un homme répondant au nom de Khadafi Oozeer possède une véritable artillerie chez lui. Il venait de menacer le père de sa petite amie avec une arme de poing. La perquisition est fructueuse et mène à une véritable chasse à l’homme suivant les aveux du suspect.

 

Rémission de peine

 

Liyyakat Polin, l’un des auteurs de la tuerie, passe lui aussi à table. Il a expliqué comment l’idée d’attaquer les trois agents politiques a germé lors d’une réunion à Mont-Blanc. Un couple malaisien a été attaqué sur la plage publique de Flic-en-Flac et leur 4x4 rouge de la marque Nissan volé pour les besoins de cette opération.

 

Face à un jury populaire, Liyyakat Polin implorera le pardon de la famille des victimes. Peine perdue. Après 58 mois en détention préventive, il sera condamné à 21 ans de prison pour coups et blessures sans intention de tuer le 21 juillet 2004. Considérant que cette peine est excessive, Liyyakat Polin n’a jamais cessé de demander qu’elle soit réduite. Pour les proches des victimes, il aurait plutôt dû croupir à l’ombre à vie, soit pendant 45 ans.

 

À l’époque, le juge Paul Lam Shang Leen avait expliqué que l’aveu de culpabilité du condamné lui permet d’obtenir une rémission de peine. Il avait également souligné que c’est grâce à ses aveux que la police a pu démanteler le réseau criminel au sein duquel il opérait.

 

Le mercredi 3 août 2005, Liyyakat Polin avait aussi été condamné à huit ans de prison pour vols à main armée. Il avait été trouvé coupable sous neuf chefs d’accusation devant la cour intermédiaire. Entre autres, il a braqué la succursale de la Mauritius Commercial Bank de Curepipe le 18 octobre 1995, celles de la State Bank de Mesnil le 4 juillet 1997 et de la State Bank de Belle-Mare le 16 décembre 1999.