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Lisa Ducasse, boursière du Lycée La Bourdonnais: Une jeune fille à la vie intérieure intense

18 juillet 2015, 06:49

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Lisa Ducasse, boursière du Lycée La Bourdonnais: Une jeune fille à la vie intérieure intense
Enfant unique de Michel Ducasse et de Shenaz Patel, Lisa a grandi parmi les livres. Pour cette jeune fille qui a obtenu la meilleure note du bac à Maurice, le résultat final est «gratifiant» mais le plus important, dit-elle, c’est ce qu’elle a appris.
 
Lorsque l’on a pour père un poète-secrétaire de rédaction et pour mère une écrivaine-journaliste, il est quasi impossible de ne pas être imprégnée de littérature et d’écriture. C’est le cas de Lisa, fille de Michel Ducasse et de Shenaz Patel, qui a obtenu la meilleure note du baccalauréat français de Maurice, soit 19,37 sur 20. Sans compter la mention Très Bien et les félicitations du jury.
 
Lisa Ducasse est une jeune fille de 17 ans qui fait moins que son âge et à qui ce résultat n’a pas tourné la tête. «C’est vrai que j’ai toujours eu de bonnes notes, excepté une fois en mathématiques. Mais ça, c’était les maths ! Les études sont importantes pour moi mais les notes non. J’adore apprendre. Ce résultat final est certes gratifiant mais le plus important, c’est ce que j’ai appris et ce qui va me rester», dit-elle.
 
Elle n’en est pas à son premier succès, toutes proportions gardées bien entendu. Elle a récemment remporté un concours régional de conte philosophique, sur le thème de La Chute, ouvert aux élèves des lycées français. Son conte s’intitule Botilem, nom du personnage principal qui prend toutes les précautions pour éviter de tomber et qui finit par réaliser, au gré de ses rencontres, que la véritable chute est la vie surprotégée qu’il a menée. Autant Lisa avoue avoir du mal à rester dans des délais, autant elle a pris plaisir à faire cet exercice. Surtout à faire émerger une histoire de son cru à partir d’une consigne imposée.
 
Cette enfant unique a grandi parmi les livres. D’ailleurs, chaque soir au coucher, l’un ou l’autre parent lui lisait un conte. Il n’en fallait pas plus pour que son imagination galope. Au fur et à mesure qu’elle grandit, elle se met à inventer et à coucher sur papier des historiettes et des petits poèmes, cherchant par-là à exprimer son ressenti face aux choses qui l’entourent.
 
Ses parents décident ainsi de la mettre dans une école française, l’École du Centre -collège Pierre Poivre. Lisa est heureuse de ce choix car «dans le système français, il y a moins de pression. De plus, les élèves ont la possibilité de s’exprimer autrement que scolairement, bien que tout dépende de l’ouverture d’esprit de la direction».
 
Le plus souvent, Lisa montre ses écrits à ses parents, mais uniquement ceux qui la satisfont. «Je ne les considère pas vraiment comme des critiques dans le sens où lorsque je leur montre un écrit ou que je leur lis un de mes poèmes, je ne m’adresse pas juste aux auteurs qu’ils sont mais avant tout à leur ressenti particulier, à leurs émotions, indique-t-elle. Pour qu’un poème soit réussi, il faut qu’il les touche comme cela m’a touchée de l’écrire. Mes parents sont un peu mes premiers testeurs. Je n’ai pas plus de complicité artistique avec l’un ou l’autre parce qu’ils ont des regards différents mais tous deux m’apprennent autant.»
 
C’est vers l’âge de 12 ans que Lisa a une première idée de la valeur de ses écrits. Sa mère, écrivant pour la Collection Maurice, l’informe que le thème imposé cette année-là tourne autour des bêtes qu’elle adore. Lisa écrit donc une nouvelle intitulée Le Cadeau qu’elle envoie aux éditeurs. «C’est là que j’ai connu mon premier stress de savoir si je serais publiée ou pas.» Un test qu’elle a passé. «Aujourd’hui, quand je le relis, je réalise que c’est différent de ce que j’écris maintenant. Avant, j’écrivais pour voyager. Maintenant, c’est plus intérieur. C’est de l’introspection.»
 
Si elle s’épanouit au collège Pierre Poivre, sa mère, documentaliste au Lycée La Bourdonnais, l’invite à changer d’école. L’idée fait son chemin dans sa tête et elle fait le saut trois ans avant le baccalauréat parce qu’elle s’intéresse également au théâtre et que cette option lui est offerte à l’établissement curepipien.
 
Ses parents se séparent la même année et Lisa accueille tous ces changements comme «un recommencement». Elle étudie l’anglais de façon plus approfondie, se met à écrire des poèmes dans cette langue et découvre la philosophie. Matière qu’elle trouve dure au début mais qui, au final, finit par lui plaire. D’ailleurs, elle préside la Maison des lycéens et organise de nombreuses activités pour ses congénères avec l’aval de la direction. Elle fait aussi du théâtre.
 
Elle écrit même une pièce intitulée Un pont sauvage. Oeuvre qui traite de la fin de l’enfance et dont un extrait est joué au spectacle de fin d’année du Lycée Labourdonnais et dans lequel on lui confie le rôle principal, celui d’Élie. «C’était difficile de jouer une situation vécue. C’était comme si je me dévoilais. De toutes les façons, la scène est un endroit où on est le plus exposé et en même temps le plus caché.»
 
Ces temps-ci, elle écrit surtout des poèmes en anglais. Ce n’est pas volontaire. «Chaque langue a une atmosphère. Je ne choisis pas. La première phrase qui me vient à l’esprit peut être en anglais ou en français et le reste suit», révèle-t-elle. Le plus beau compliment qu’on lui ait fait jusqu’ici est celui d’une enseignante à qui elle a montré ses écrits. «Elle m’a dit qu’elle avait l’impression de retrouver son adolescence. Chacun pense qu’il vit quelque chose de particulier à cette étape de sa vie. Mais dans les grandes lignes, les gens vivent et ressentent la même chose. Pour moi, pouvoir, par mes écrits, ramener une personne à une certaine époque de sa vie est le plus important.»
 
Lisa n’arrive pas toujours à expliquer son besoin d’écrire. «C’est tellement fort que j’ai besoin de le mettre sur papier, de peur d’oublier ce que c’est d’avoir mon âge et tout ce qui va avec comme sentiments», affirme-t-elle. «Je ne comprends pas quand j’entends des adultes minimiser cette étape de leur vie en disant qu’ils étaient jeunes à l’époque. Je ne veux pas agir ainsi. Pour ne pas oublier mon ressenti, c’est important de l’écrire.»
 
Lisa a obtenu la bourse française et a été acceptée à l’université Paris IV La Sorbonne, où elle est inscrite en licence de littératures anglaise et américaine et civilisations étrangères. Elle quitte le pays au début du mois prochain et vivra à la cité universitaire. Elle sait que c’est une nouvelle page de sa vie qu’elle s’apprête à écrire et est plus excitée qu’effrayée.
 
Son rêve serait de poursuivre des études plus poussées aux États-Unis où les étudiants peuvent étudier toutes sortes de matières avant de faire leur choix de carrière. Elle ne sait pas encore quel métier elle exercera. Cependant, l’idée d’être scénariste lui plaît car c’est un poste qui allie littérature et dramaturgie. Elle aurait aussi souhaité pouvoir un jour valoriser les disciplines artistiques en milieu scolaire.
 
Elle ne craint pas que ses études la coupent de l’écriture. «J’écris entre 23 heures et 4 heures du matin. La nuit, il y a une ambiance particulière. Le jour, on est en relation-représentation avec les autres alors que la nuit, il n’y a personne à part soi et cela permet d’écrire des choses vraies.» Elle a un projet d’écriture de roman en tête mais elle le laisse mijoter le temps pour elle «de devenir mature».
 
En attendant, elle savoure ce qui lui reste de vacances en se partageant entre ses parents et ses amies. Si la vie scolaire va lui manquer, elle sait que c’est la fin d’une étape. «C’est une belle fin mais pas une fin en soi…»