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Président du National Ocean Council : La revanche de Jawaharlall Lallchand

29 juin 2015, 09:36

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Président du National Ocean Council : La revanche de Jawaharlall Lallchand

Jawaharlall Lallchand, plus connu comme Sudesh, conseiller spécial au ministère des Infrastructures publiques et également président de la Mauritus Shipping Corporation Ltd, s’est vu attribuer de nouvelles responsabilités depuis vendredi : il est président du National Ocean Council. On peut dire qu’il a pris une belle revanche sur la vie comme en témoigne son parcours.

 

Ce cadet d’une famille de 11 enfants et l’aîné des garçons, n’a pas eu une enfance facile. Son père, qui est marchand de gâteaux à Triolet, fait comprendre à ses enfants que leur passeport pour l’avenir passe par l’éducation. Bien que Sudesh soit contraint de se lever tôt pour nourrir cabris et vaches, et qu’après l’école il aide son père à vendre des gâteaux, il apprend ses leçons à la lueur d’une lampe à pétrole, tout en servant les clients devant le cinéma Anand.

 

L’instituteur du Maheshwarlall Government School où il est scolarisé a obtenu un transfert à l’école Villiers René à Port-Louis. Celui-ci fait comprendre à son père que s’il veut que son fils soit boursier comme sa soeur aînée, il doit intégrer l’école port-louisienne. Le père accepte. Et c’est gratuitement que l’instituteur lui donne des leçons matin et après-midi. Au final, Sudesh est boursier. Ce qui lui ouvre les portes du collège Royal de Port-Louis où il étudie la chimie, la physique et les mathématiques. Et c’est fort d’un beau résultat de fin d’études qu’il fait son entrée comme clerc à la Banque de Maurice.

 

Après trois ans, il décroche une bourse d’études au prestigieux collège St Xavier à Mumbai en Inde où il obtient non seulement sa licence en économie et statistiques mais sort aussi major de sa promotion. À son retour, il réintègre la Banque de Maurice mais repart ensuite pour l’Angleterre où il obtient un Masters in Business Administration auprès de l’université de Hull avec mention distinction. De retour à la Banque de Maurice, il est nommé statisticien. Son supérieur est Ramesh Basant Roi, l’actuel gouverneur.

 

Un brillant avenir s’offre à lui. Sauf qu’il finit par gêner, surtout lorsqu’il passe un concours et obtient une bourse complète pour faire un MPhil et un doctorat en finance auprès de l’université de Cambridge en Grande- Bretagne. Sa demande de congé sans solde est rejetée. Il vit alors un dilemme. Celui qui est déterminant dans sa décision finale est Maurice Piat, qui n’est pas encore évêque de Port-Louis, qui l’encourage à prendre avantage de la bourse offerte. Sudesh démissionne et part pour Cambridge où il n’a aucune peine à décrocher son MPhil et son doctorat en finance. Comme sa bourse d’études étant financée par le Cambridge Commonwealth Trust, trois autres Mauriciens et lui ont l’insigne honneur d’être invités à dîner au palais de Sandringham par le prince Charles. «C’était impressionnant. A night to remember», dit-il.

 

C’est par l’intermédiaire de son tuteur de doctorat, le professeur Ajit Singh, qui est aussi Senior Consultant auprès de la Banque mondiale, qu’il décroche un emploi de consultant auprès de cette institution de Washington D.C aux États-Unis. S’il est passionné par ses responsabilités, il réalise qu’il est un exécutant et pas un Policy Maker. Il en a assez du métro-boulot-dodo et pense à ses responsabilités familiales, surtout que son père n’est plus. Ces dernières considérations l’emportent sur tout le reste.

 

Il ne met pas longtemps à trouver un emploi. Derek Taylor, à l’époque directeur général de Rogers, le fait intégrer le pôle Planning et Développement. Pendant dix ans, il contribue à la restructuration des clusters de Rogers. Il épouse Geeta, chef du département des Finances au Mauritius Examinations Syndicate. Nommé Group Project Manager, ce passionné d’écologie et d’environnement a un choix à faire lorsqu’il se met à militer au sein des forces vives contre la déviation de la route pendant la rénovation de l’hôtel Trou aux Biches dont il est le voisin. «Dans la vie, il y a des choix à faire. Il n’y a pas que le travail et l’argent qui comptent. Il y a les convictions et les valeurs et ce sont elles qui me guident.» Lui et la direction de Rogers concluent un accordà l’amiable et se séparent.

 

S’étant spécialisé dans la  restructuration d’entreprises, il se met à son compte en fondant Business Turnaround Consulting. C’est lui qui restructure la Mauritius Freeport Development Ltd, travaille avec Attitude Resorts et Akquasun Ltd. S’étant découvert des atomes crochus avec Nando Bodha à l’époque où il était encore chez Rogers, celui-ci le recrute comme Senior Adviser et Head of Economic Intelligence Unit lorsqu’il est ministre du Tourisme en 2010. Ensemble, ils rendent notamment plus transparentes les statistiques touristiques et placent Maurice comme destination haut de gamme de mariages et lunes de miel en Inde et concrétisent le vol inaugural Maurice-Chine.

 

Lorsque le Mouvement socialiste militant quitte le gouvernement après 11 mois, Sudesh Lallchand redynamise sa boîte de consulting. Il aide à élaborer le programme économique de l’alliance Lepep. Et lorsque cette alliance est portée au pouvoir en décembre dernier, Nando Bodha lui offre les postes qu’il occupe actuellement et auxquels s’est ajouté le NOC.

 

Il entend regrouper toutes les activités économiques liées à la mer pour créer richesse et emplois. «Ma spécialité est de changer le destin d’une entreprise, de la façonner autrement, de construire. C’est ce que je ferai avec ce conseil ».