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«Née dans le corps d’un autre»: les confessions d’une femme qui fut un garçon

31 mars 2015, 22:10

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«Née dans le corps d’un autre»: les confessions d’une femme qui fut un garçon

Au premier coup d’œil, rien ne laisse deviner qu’Axelle fut un jour un garçon. En tailleur assorti d’un top rose bonbon, elle nous accueille chez son amie, à Quatre-Bornes. Tout chez elle respire l'élégance et la féminité. Cependant, la vie n’a pas toujours été rose pour cette jeune femme qui a eu beaucoup de mal à affirmer sa transidentité.

 

Axelle, dont le vrai nom est Vanesen, explique qu’elle se fait appeler Viksha Vinnaya depuis qu’elle a décidé d’épouser complètement sa féminité. Celle-ci s’est manifestée dès son enfance. «Je ne me voyais pas dans le corps d’un garçon. Je traînais le plus clair de mon temps avec des filles», confie-t-elle. Toute petite, elle avait déjà pour habitude de s’habiller avec les vêtements de sa mère. Pour elle, c’était tout à fait «normal» et «innocent».

 

La découverte de la différence

 

Mais le regard des autres a fini par la rattraper. A 16 ans, c’était la confusion totale quant à son orientation sexuelle. Sans aucun guide ou encore de documentation à portée de main, Axelle finit par s’autoproclamer homosexuel. «Je me rappelle avoir vécu en tant que gay pendant un an ou deux. Mais je n’avais pas cette satisfaction personnelle. Je ne me voyais pas être en couple avec un homosexuel», confie-t-elle.

 

La jeune transgenre commence à y voir un peu plus clair à la majorité. Elle décroche son premier boulot et se renseigne. Elle découvre alors qu’elle est loin d’être gay… «Cela n’a pas été facile de faire avaler ça à mes parents, leur dire que je ne suis ni hétéro ni homosexuel, mais transsexuel».

 

Homosexuels, transsexuels, travestis : quelle différence ?

 

D’autant que les gens font beaucoup d’amalgame entre les homosexuels, les transsexuels et les travestis.  «A Maurice, les gens ont tendance à penser qu’être travesti et être transsexuel c’est la même chose», lâche Axelle avec une moue dépitée. Elle s’empresse d’expliquer les différences entre ces orientations : «Être travesti, c’est l’art de se déguiser pendant quelques heures, et le lendemain on se réveille en tant qu’homme ou femme à nouveau. Alors que lorsqu’on est transsexuel, on est femme et on vit en tant que femme (ou le contraire).»

 

Apprendre à s’assumer

 

Dès ses 18 ans, lasse de se cacher, Axelle quitte le toit familial pour vivre pleinement sa nouvelle féminité. Si on lui demande pourquoi elle se déguise en femme, elle répond qu’elle n’est pas déguisée mais qu’elle l’était lorsqu’elle était un homme. «J’étais actrice lorsque j’étais un garçon, je jouais un rôle pour plaire à ma famille et la société», fait-elle ressortir. Avec le temps, sa famille finit par accepter son mode de vie. Aujourd’hui, quand elle y repense, elle ne regrette rien. D’autant qu’elle soutient en être «sortie gagnante».

 

Même si elle a appris à s’assumer, le poids du regard des autres reste souvent difficile à porter.  Surtout lorsqu’elle présente sa carte d’identité, sur laquelle elle est un garçon. Arborant aujourd’hui fièrement une belle poitrine, obtenue après des mois de suivi psychologique et un traitement hormonal, elle affirme être «devenue la personne que je devais être».

 

 

Tout comme Axelle, Christabella a découvert son vrai soi à la majorité. La Miss Travesti 1998, dont le véritable nom est Christophe, avoue que déjà durant l’adolescence, elle se sentait attirée par les hommes. Néanmoins, accablée par des ennuis de santé, elle ne s’en préoccupe guère.

 

Lorsqu’elle commence à y voir plus clair et qu’elle l’annonce à sa famille, le choc fut difficile à surmonter. Elle explique d’ailleurs que pour certains proches, elle est toujours Christophe et pas Christabella. «Il y a des personnes qui disent ne pas être homophobes dans mon entourage, mais en réalité elles le sont», soutient-elle.

 

Préjugés et rêves d’ailleurs

 

Face aux préjugés de la société mauricienne, elle se met à rêver de nouveaux horizons. Diplômée de l’école hôtelière, elle affirme avoir beaucoup de mal à trouver du travail. Elle qui est femme sur sa carte d’identité explique que cette simple photo suffit souvent à rebuter certains employeurs potentiels. «J’espère fermement trouver un emploi à l’étranger ou sur un bateau, dans la coiffure où j’excelle. Je pense qu’à Maurice, il n’y a pas d’avenir pour moi. Ailleurs, le regard des autres sur moi sera sûrement meilleur», espère-t-elle.