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Sherry Singh: CEO de Mauritius Telecom

24 janvier 2015, 13:44

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Sherry Singh: CEO de Mauritius Telecom

Sherry Singh fait partie du cercle intime de Pravind Jugnauth, ministre de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation. Il l’a suivi aux Finances, a effectué avec lui sa traversée du désert dans l’opposition et a été un des cerveaux de la campagne Viré Mam. Ayant comme atouts la communication et la technologie et ayant fait ses premières armes en téléphonie, sa nomination comme Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom n’étonne donc guère.

Manvendra Singh, dit Sherry, quadragénaire branché, est familier au fonctionnement du secteur public et parapublic car pendant 4 mois – après les élections de 2010 jusqu’à la démission du MSM du gouvernement en 2011 –, il a agi comme conseiller spécial de Pravind Jugnauth aux Finances.

De par ses origines, Sherry Singh a un ancrage aussi bien en Inde qu’à Maurice. En effet, son père, natif du Bihar en Inde, est un homme d’affaires engagé dans le textile et l’immobilier, et sa mère, une Mauricienne, a enseigné pendant 38 ans au Queen Elizabeth College. C’est à Rose-Hill que cet aîné de deux enfants grandit.

Classé parmi les premiers au Certificate of Primary Education, il fait son entrée au collège Royal de Port-Louis. Sherry Singh est de ceux à qui tout réussit. Il a beau être porté pour les études et en particulier pour la filière économie qui le passionne, il brille aussi sur le plan sportif, étant champion d’athlétisme à l’école et aux intercollèges, se distinguant particulièrement par sa rapidité. Comme il fait montre d’un sens de responsabilité, il est nommé Head Boy. Fidèle en amitié, il est toujours en contact avec cinq autres élèves du collège avec qui il s’entendait très bien.

À l’issue de ses études secondaires, il veut absolument percer dans le business. Pour cela, il doit s’armer. Étant déjà familier à l’Inde, c’est en Afrique du Sud qu’il va étudier pour obtenir une licence en ressources humaines et économie. Une fois diplômé, son coeur balance entre la Grande-Bretagne, en particulier Londres – un des centres financiers par excellence –, et Maurice. Son attachement à la famille est déterminant et le ramène dans son île natale en 1999.


Recruté comme Executive Assistant chez Emtel, il travaille sur plusieurs projets et découvre les différents départements. Ambitieux, il travaille d’arrache-pied et finit par être nommé directeur commercial de la boîte à 26 ans. Il dirige alors une équipe de 35 personnes. «Ce n’était pas le statut qui ’importait mais la possibilité d’apprendre à la vitesse grand V», raconte-t-il. Et c’est ce qu’il met  profit.

Différentes formations très poussées à l’international avec d’autres groupes engagés dans la téléphonie tels que Vodafone et Grande-Bretagne, Tele2 de Suède, Celltel du Sri Lanka et Mobitel au Cambodge, pour ne citer que ceux-là, lui permettent de se familiariser davantage au marketing, au service clientèle, aux opérations et à la gestion. D’ailleurs, il tire beaucoup de ses interactions avec les Top Executives qu’il croise durant ses différents déplacements outre-mer.

Ayant le sentiment qu’il en sait suffisamment sur les opérations d’une compagnie et se sentant suffisamment armé, il quitte Emtel en 2003 pour mettre sur pied sa propre compagnie, à savoir Showbizz – Digital Signage ou l’affichage dynamique contrôlé à partir d’un centre. Il développe le logiciel adapté et se fait connaître du marché. Il décide de vendre. «Je me suis dit qu’il valait mieux laisser mordre et relâcher plutôt que de laisser mordre et ferrer.» Il décide de revendre sa société et reçoit deux propositions, une de La Sentinelle, qui est en partenariat avec Rose-Hill Transport et l’autre d’un autre groupe. L’offre du premier le tente davantage non pas en raison d’un avantage au niveau prix mais du fait que le second groupe était intéressé à racheter la société mais en le maintenant comme directeur. «Je voulais créer autre chose.»

Cette «autre chose» prend la forme de Smartpay, compagnie fabricant un logiciel de Payment Processing qui fonctionne comme un centre de crédit. Programme qu’il destine à l’Afrique. Au bout de deux ans, il reçoit des offres de rachat d’un Malgache et d’un Ivoirien. Fidèle à sa notion de «Tag and Release», il revend le logiciel en question.

Avec son épouse Varsha, il fonde la société Richmond Capital qui propose du consulting en gestion, communication et outsourcing. «Nous mettons en place des projets sur mesure pour des sociétés spécifi ques.» Son épouse dirige la boîte et c’est lui qui s’occupe du consulting et, en parallèle, il gère les investissements de ses parents en Inde.

Il rencontre Pravind Jugnauth en 2005. Juste au moment où le MSM vient de s’incliner aux élections énérales. «Je n’étais pas intéressé à la politique mais quand je suis entré de plain-pied dans le business, j’ai compris l’importance des décisions du gouvernement dans le Budget national.» Dès lors, il se dit «soit on reste passif, soit on s’engage et on essaie d’apporter des changements».

Cette rencontre sera décisive pour son avenir. «Beaucoup de ceux qui avaient entouré Pravind, lorsqu’il était au pouvoir, ont disparu. Je lui ai proposé mon aide en matière de communication et de gestion des opérations. Le courant est vite passé entre nous. C’est un homme qui a le sens de l’écoute et qui est ouvert aux idées nouvelles.» Sherry Singh intègre le parti cette année-là et est actif sur le terrain lors de la partielle de 2008.


Lorsque Pravind Jugnauth scelle l’alliance avec le PTr en 2010, il fait campagne pour lui aux élections générales. Lorsque Pravind Jugnauth est nommé ministre des Finances, Sherry Singh calque ses pas sur les siens. Appelé à dire ce qu’il a pu conseiller au ministre des Finances d’alors, il déclare qu’ils avaient plusieurs bonnes idées mais qu’ils avaient «les mains liées. Nous voulions initier plusieurs choses mais le pôle de décisions n’était pas aux Finances».

Il dit avoir beaucoup appris de ces 14 mois dans les arcanes du pouvoir. «J’ai appris comment un gouver nement ense, fonctionne et les problématiques du moment et à venir. Lorsque l’on est en dehors du gouvernement, c’est facile de critiquer mais c’est une fois à l’intérieur que l’on mesure les véritables problèmes.»

En 2012, il décide de s’investir davantage en politique et aide Pravind Jugnauth à réorganiser le parti et à revoir les structures, la logistique et la communication. Durant les dernières élections, cet as en communication et technologie s’occupe de tout ce qui est numérique. Il est notamment un des cerveaux de la campagne Viré Mam. «Nous étions une équipe comprenant des gens du PMSD, du ML et moi et nous avons conçu le brand Viré Mam qui s’est décliné en T-shirts, en télévision en ligne, en clips sur Youtube et même en jeu.» Il estime que ette campagne a été un des facteurs ayant contribué à la victoire de l’alliance Lepep aux élections générales.

S’attendait-il à être nommé CEO de Mauritius Telecom ? «Je n’ai jamais travaillé pour une nomination. Je travaille par passion. N’oubliez pas qu’avec mon épouse, nous avons une entreprise et que je suis autonome financièrement. Mais j’ai des atouts que sont la gestion, la communication, la technologie et aussi des compétences en téléphonie. Je trouve normal de pouvoir ontribuer au développement de mon pays.»

Son nom a été cité dans l’affaire des écoutes téléphoniques illégales chez SAJ. Comment réagit-il à cela ? «Ma femme et moi sommes très proches de Pravind et de Kobita. Nous partageons les mêmes valeurs. J’ai déjà donné une déposition à la police contre les instigateurs de ce CD. Il y aura des poursuites assurément. Pour moi, ce n’est pas une question d’argent à obtenir, même s’il appartient à mes avocats de me conseiller. Mais je tiens à établir mon honneur…»