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Comores: campagne électorale sur fond de cafouillages

22 janvier 2015, 14:21

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Comores: campagne électorale sur fond de cafouillages

Un triple scrutin. C’est ce qui attend les électeurs comoriens le 25 janvier. En attendant, la campagne bat son plein mais la distribution des cartes électorales accuse du retard.

 

Le premier tour a lieu dimanche 25, suivi d'un second tour le 22 février. Pour la première fois, les comoriens éliront aussi leurs conseillers municipaux, au cours de ce triple scrutin. Ce dernier vise également à renouveler les 33 députés de l’Assemblée fédérale mais aussi les Conseils des îles. Au total, 878 candidats (204 députés, 337 conseillers insulaires, 337 conseillers municipaux) vont se disputer les suffrages de 275 348 électeurs sur les trois îles: Anjouan, Grande-Comore et Mohéli.

 

Mais ces élections, reportées à deux reprises ces derniers mois, ont donné lieu à des cafouillages. Certains électeurs n’ont pas encore reçu leur carte électorale, distribuée au compte-goutte. La distribution des cartes électorales doit pourtant être terminée avant le dépôt des candidatures selon le code électoral. 

 

A Mohéli, l’opposition dénonce des cas de cartes «incomplètes» et des «listes électorales préfabriquées afin d’empêcher certains électeurs d’avoir leurs cartes». L’ancien député Abdallah Said Sarouma demande ainsi «l’arrêt pur et simple du processus électoral et la dissolution de la commission électorale insulaire» (CEI).

 

Ce retard ne met pas en cause le bon déroulement des élections, confie le ministère de l’Intérieur. Abdallah Djalim, directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur, a d’ailleurs déclaré «Nous avons confiance, l’élection se déroulera normalement» bien qu’il avoue que des failles peuvent être constatées. Il invite ainsi chaque électeur qui «n’aurait pas sa carte à se présenter à son bureau de vote avec un document prouvant son identité» afin de pouvoir s’acquitter de son devoir de citoyen. Samedi, les autorités ont présenté les logiciels informatiques de décompte des voix.

 

Au niveau des élections législatives, certaines alliances sont déjà en place comme entre les partis Djuwa de l'ancien chef de l'Etat et le Parti pour l’entente comorienne (PEC) de Me Fahmi Saïd Ibrahim, candidat dans la région d'Itsandra où il sera opposé à Me Ba Hassane, soutenu par le gouvernement. Leur duel marque ainsi l'opposition entre l'ancien et l'actuel président. Ahmed Abadallah Sambi avait été l'architecte de la victoire du Dr Ikililou Dhoinine à la tête du pays.

 

Prendre le pouls de l'électorat

Car l'un des enjeux du scrutin du 25 janvier est de prendre le pouls de l'électorat avant l’élection présidentielle prévue en novembre 2016. Pour le président Ikililou Dhoinine et son homme fort, le francophile ministre des Finances Mohamed Ali Soilihi, l’objectif est de barrer la route à Ahmed Abdallah Sambi (l’ex-président de 2006 à 2011) et son parti Juwa. Une affiche distribuée à Anjouan dit en effet: «Voter Juwa pour élire Sambi président en 2016.» Le président Sambi jouit d'une popularité contrastant avec le manque de charisme de M. Dhoinine.

 

Selon la Constitution qui a adopté la règle d’une présidence tournante par île, le prochain président des Comores devrait être originaire de la Grande-Comore, et à tout le moins d'une autre île que le président actuel. Or, Sambi est originaire d’Anjouan. L'instauration de cette présidence tournante assure à l'archipel une relative stabilité depuis 2009.

 

Au milieu de ce duel, un outsider apparaît : Hassan Mohamed Hassan, un auto-entrepreneur sans étiquette en lice pour la souscription du nord de la capitale.

 

La campagne électorale se déroule dans un climat morose : arriérés de salaires, pénurie d'énergie, etc., mais l’ambiance est musicale et colorée.