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Bassin des esclaves : un début de reconnaissance

14 février 2015, 09:34

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Bassin des esclaves : un début de reconnaissance
Deux versions existent. Elles témoignent d’un vécu autour du Bassin des esclaves. Un bassin qui, selon l’histoire orale, servait à donner un bain à des groupes de 200 à 300 esclaves avant qu’ils ne soient vendus au marché des esclaves jadis situé tout à côté, sous un grand arbre. Un bassin qui aurait eu, selon d’autres témoignages, vocation de bain public, servant d’endroit où les esclaves pouvaient se rafraîchir après leur journée à la tâche. Autant de témoignages qui disent la valeur patrimoniale de ce lieu simple et silencieux, situé dans la cour du Citizens Advice Bureau à Pamplemousses.
 
Le 29 janvier, le Centre Nelson Mandela pour la culture africaine a apposé une plaque officielle à ce bassin. Un début de reconnaissance basée sur l’histoire orale, en marge des activités marquant le 180e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’une des recommandations du rapport de la Commission justice et vérité : la préservation des lieux liés à l’esclavage et à l’engagisme. «Le Morne a été inscrit au patrimoine mondial sur la base de la valeur exceptionnelle de l’histoire orale qui l’entoure. Un cas de figure qui s’applique également au Bassin des esclaves, fait-on ressortir du côté du Centre Nelson Mandela. Il y a des pans entiers de notre histoire qui ne sont pas écrits, mais qui sont oraux, transmis de génération en génération. Ces témoignages jettent de nouveaux éclairages sur l’histoire.»
 
La cérémonie du 29 janvier ne fait pas pour autant du Bassin des esclaves un patrimoine national. Du côté du ministère des Arts et de la Culture, on indique seulement que le bassin de Pamplemousses figure sur une «tentative list» au même titre qu’une centaine d’autres sites disséminés à travers le pays. Cette liste, mise à jour en juin 2012, recense, rien que pour Pamplemousses, l’île Plate et la batterie d’Artois à Le Goulet.
 
Un inventaire des lieux liés à l’esclavage a été réalisé par des chercheurs de l’université de Maurice dans le cadre du projet Unesco, La route de l’Esclave, en 2007. Il fait état du «complexe Bassin des esclaves». Cet inventaire (qui a bénéficié de l’apport des historiens Vijaya Teelock et Jocelyn Chan Low, et de l’anthropologue Maya de Salle Essoo) situe le bassin dans un ensemble comprenant aussi le lieu de vente des esclaves et le jardin botanique, à Pamplemousses. Selon cet inventaire qui décrit le bassin comme «bordé de tous côtés par des marches», la structure actuelle «date du XIXe siècle. Ce n’est probablement pas la structure originale qui existait au XVIIIe siècle».
 
Selon des témoignages, jusque dans les années 1950, une décharge d’eau qui se jetait dans la rivière, un robinet et une «roche carrée» étaient encore là. À cette époque, le Citizens Advice Bureau n’existait pas encore et le village hall était en vétiver, jusqu’à ce que le cyclone Carol, en 1960, ne l’endommage sérieusement.