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Guerre intestine au sein de la MBC

20 décembre 2014, 21:45

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Guerre intestine au sein de la MBC

Il y a des remous à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC). Depuis le départ de l’ancien directeur, Dan Callikan, les choses se corsent. Notamment au sein de la Mauritius Broadcasting Services Staff Association (MBSSA). Rehana Ameer Gafoor, ancien membre de l’exécutif de ce syndicat, réclame la tête de la présidente actuelle de la MBSSA, Madhavi Bissessur. Raison : elle affirme que celle-ci serait proche de l’ancienne direction. Lors d’un point de presse, le mercredi 17 décembre, Rehana Gafoor a exprimé le souhait que le syndicat soit renouvelé.

 

Rehana Gafoor avait été évincée de l’exécutif, il y a quelques années, après avoir subi les foudres de Dan Callikan qui lui reprochait d’avoir fait des allégations contre lui et la MBSSA. Elle a plusieurs fois évoqué une certaine complicité entre la MBSSA et la direction de la MBC. Rehana Gafoor avait été suspendue puis licenciée. Grâce à un accord avec le ministère du Travail, elle avait été réintégrée.

 

Et maintenant, après le départ de Dan Callikan de la MBC, elle a exprimé le souhait d’être de nouveau membre de l’exécutif de la MBSSA. Dans une pétition signée par une cinquantaine d’employés et envoyée au secrétaire du syndicat, le lundi15 décembre, les signataires ont exprimé le souhait que l’exécutif de la MBSSA soit renouvelé.

 

Le syndicat n’est pas le seul à être chamboulé par le changement de gouvernement. Le jeudi 11 décembre, juste après la proclamation des résultats des législatives, Dan Callikan a plié bagage sous les applaudissements nourris de ses employés.

 

Un départ précipité qui laisse respirer certains. Surtout ceux qui disent avoir été victimes de la «tyrannie» de l’ancien directeur et qui ont été envoyés à Port-Louis et à Curepipe comme au bagne. Ils se réjouissent de ce nouveau vent qui souffle à Moka. «Le mood de l’après-Callikan est clairement du soulagement et de la joie», lâche une employée de la rédaction.

 

D’autres pourtant confient qu’il n’y a plus d’autorité à la MBC. La directrice par intérim semble jouer aux abonnés absents : «Je ne sais pas si elle donne des instructions  téléphoniques mais pour l’instant, cela ne semble pas être le cas. Personne ne l’a vue à la MBC», affirme une source.

 

Celle-ci ajoute que certains commencent déjà à craindre pour leur poste, surtout ceux taxés de «jouisseurs». Même si pour le moment, personne ne peut être remercié, notamment en raison de l’absence d’une direction ou d’un Director of  News. D’autres qui ont été recrutés sous le régime de Callikan se trouveraient également dans l’oeil du cyclone. «Je pense que c’est le travail qui primera. Les carapates seront éjectées», affirme notre interlocuteur.

 

Par ailleurs, selon une source de l’organisme, les lettres de démission pleuvent à la MBC. Certains employés tentent de retourner leur veste politique pour conserver leur poste. Une source indique qu’ils ne s’affichent plus travaillistes mais «pe deklar plis MSM» ou Lepep. À l’instar d’un responsable de la radio qui soutient qu’il a toujours été proche des bleus. Ou d’un syndicaliste proche de Callikan qui fait maintenant allégeance au MSM.

 

Une autre employée affirme que ces «carapates» essaient d’inverser les rôles et ont envoyé une liste de noms au MSM pour mettre à l’index les journalistes et les cameramen qui s’opposaient à Callikan ! Une autre source affirme que ces mêmes «carapates» auraient magouillé pour obtenir des postes à responsabilité dans le syndicat et bénéficié de «privilèges de la direction pendant dix ans». Dégoûtée, une employée s’insurge contre ces «dimounn» sans qualifications qui sont restées impunies pour leurs fautes  professionnelles et qui, aujourd’hui, se disent victimes d’injustice. Alors que ceux qui osaient s’élever contre le régime Callikan étaient immédiatement transférés. 

 

On se souvient de l’affaire Manisha Jooty. Cette journaliste avait été transférée de façon punitive en janvier 2010 à la radio nationale parce que la direction exigeait qu’elle utilise une caméra pour ses reportages alors que cela ne figurait pas dans ses conditions de travail. Quand elle s’est élevée contre cette charge supplémentaire, des syndicalistes ont proféré des menaces à l’encontre des journalistes qui emboîteraient le pas à Manisha Jooty. Faisant fi de leurs menaces, les employés se sont alliés et la direction a capitulé quand la journaliste a alerté le ministère du Travail. La MBC avait même fini par promettre à ces employés qui n’étaient pas éligibles faute de qualification qu’ils seraient recrutés de façon permanente.

 

Des informations auraient été communiquées aux dirigeants de l’alliance Lepep à l’effet que les proches de Callikan auraient commencé à détruire des preuves sur des gros paiements et salaires durant ces neuf dernières années. De fait, des employés ont déjà sollicité sir Anerood Jugnauth afin d’énumérer les problèmes de la MBC. Et certains cadres auraient commencé à dresser une liste de proches du PTr ayant un âge avancé et qui touchent un salaire mensuel supérieur à Rs 70 000. Il est aussi question d’un nominé politique habitant Triolet, proche de Ramgoolam, qui aurait touché un per diem de plus de Rs 1 million pour ses déplacements à l’étranger.

 

Et qu’en est-il des prochaines nominations ? Selon une source, on devrait bientôt avoir une idée plus précise sur l’identité du futur directeur général. Parmi les noms qui circulent dans les couloirs de la MBC : l’ancien directeur général Torriden Chellapermal ou encore Ashock Radhakissoon, qui pourrait être nommé soit directeur général, soit président du conseil d’administration. Quant au prochain Director of News, on parle, entre autres, d’une ancienne employée qui a fait campagne pour l’alliance Lepep et d’Amit Teeluckdarry. L’express a essayé de contacter Dan Callikan pour une déclaration, en vain.