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Grand-Gaube: Les Lebrun, cordonniers de génération en génération

24 novembre 2014, 08:28

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Grand-Gaube: Les Lebrun, cordonniers de génération en génération
Assis sous un soleil de plomb, il répare un soulier. Désiré Lebrun travaille depuis plus de dix ans sous une varangue à la croisée Bati à Grand-Gaube. Tout en essuyant la sueur qui perle à son front, il nous raconte comment au sein de la famille Lebrun, on retrouve plusieurs cordonniers. «Ce métier, c’est dans notre sang. Mes grands-parents, mon père, mes oncles, mon frère, tous le pratiquaient. Nous avons, pourrait- on dire, eu un don du Bon Dieu», lance Désiré Lebrun, âgé de 41 ans.
 
Il raconte que pendant son enfance, il regardait travailler son grand-père et son père Paul. «Je suis triste parce qu’à l’époque, je le prenais un peu à la légère et je n’ai pas réussi à apprendre le métier de mon père parce qu’il est mort.»
 

Des débuts à 17 ans

 
Néanmoins, en voulant garder la tradition familiale, il a rejoint son oncle Alex alors qu’il avait 17 ans. «C’est là que j’ai décidé de bien apprendre le métier.» Il a commencé à travailler avec son oncle à la rue Labourdonnais à Port-Louis. «Je me souviens de l’atelier de Hassen Omar où mon oncle confectionnait des chaussures neuves.»
 
Désiré Lebrun a travaillé plus de 15 ans auprès de son oncle avant d’ouvrir son propre atelier. «Là-bas, on ne faisait que de la confection de chaussures neuves alors que moi, j’étais intéressé par les réparations», explique-t-il. C’est ainsi qu’il a aménagé son petit coin sous la varangue d’une boutique.
 
Le cordonnier confie que pendant plusieurs années, il avait beaucoup de clients et que le travail rapportait bien. Toutefois, depuis deux ans, Désiré a constaté que le travail ne marche plus comme avant. Cela dit, le quadragénaire n’a pas l’intention de baisser les bras. «Mo kontign manz ar li», dit-il avec espoir. De toute façon, de temps à autre, il continue de recevoir ses clients fidèles. «Il y a des clients qui ont des souliers achetés à l’étranger et ils tiennent à les garder. Souvent, il faut les coudre ou les coller. Sinon, les souliers maintenant, c’est du gaspillage. Il n’y a qu’à les jeter.»
 
Il ajoute que les gens ont tendance à être attirés par les chaussures dont les prix sont plus abordables. «Aujourd’hui, les gens achètent des souliers dans la rue. Ils les achètent bon marché, ils les portent pendant un mois puis les jettent. Cela aussi a un peu affecté le travail.»
 
Malgré toutes ces difficultés, pas question pour le cordonnier de changer de métier. «Quel autre travail aller apprendre maintenant ? Seki ena samem», dit-il en précisant que même durant ces moments difficiles, certains de ses neveux viennent apprendre le métier à ses côtés. Désiré Lebrun a aussi l’intention d’ouvrir un nouvel atelier à Goodlands ou à Grand- Baie en espérant que là-bas, le travail marchera mieux. Entre-temps, il se contente de rester sous cette varangue de huit heures à deux heures.