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Mahen Seeruttun, député sortant au n° 11: «Nous vivons une période vraiment dangereuse»

22 novembre 2014, 14:03

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Mahen Seeruttun, député sortant au n° 11: «Nous vivons une période vraiment dangereuse»

Le candidat du Mouvement socialiste militant (MSM) déplore le langage «abusif» de Paul Bérenger vis-à-vis de la presse, de la classe des travailleurs et du DPP. Il estime également que le pays a droit à un nouveau départ grâce à un nouveau leadership.

 

Votre partenaire d’hier, Arvin Boolell, est devenu votre adversaire. Comment se présente la situation pour vous ?

Les choses se sont très bien passées avec lui aux élections de 2010. Ce n’est qu’un an après que les relations entre le Parti travailliste (PTr) et le MSM se sont détériorées.

 

Nous avions été élus avec le PTr et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) sur la base d’un programme commun. Ce n’est un secret pour personne qu’on nous a empêchés de mener à bien notre mission. Le PTr se braquait quand on a voulu mettre de l’ordre dans certaines institutions.

 

Des personnes remerciées, notamment à la Mauritius Duty Free Paradise, ont de nouveau été recrutées par Navin Ramgoolam dès que le MSM a quitté le gouvernement. Le pire, c’est que Nando Bodha n’a pas été en mesure d’obtenir un rendez-vous avec le Premier ministre pour discuter de la politique d’accès aérien pendant les 14 mois qu’il a été ministre du Tourisme.

 

C’est trop facile de tout reprocher au PTr maintenant que vous êtes dans l’opposition….

Le PTr a voulu mettre le scandale du siècle, c’est-à-dire l’affaire MedPoint, sur le dos du MSM alors que cette acquisition a été négociée par un ministre travailliste juste avant les dernières élections. Maya Hanoomanjee a été blanchie et ce sera également le cas pour Pravind Jugnauth. Il a dit qu’il avait des actions dans la clinique lorsque ce dossier a été discuté au conseil des ministres. Je ne comprends pas cet acharnement alors qu’un autre ministre, qui est également actionnaire de l’établissement, était présent aux délibérations. Clairement, il y a eu complot.

 

Trois ans après, pensez-vous que Pravind Jugnauth a été bien inspiré de demander à ses ministres de démissionner par solidarité avec Maya Hanoomanjee ?

Il y a eu une accumulation de petites choses… Nous étions sincères et nous voulions que cette alliance fonctionne.

 

Quelle a été votre analyse en 2011 lorsque Jim Seetaram, Mireille Martin et Pratibha Bholah ont abandonné le MSM ?

(Sourires) Jim Seetaram a été le premier à faire défection. Pourtant, il avait juré qu’il resterait solidaire avec le MSM. Nous savons tous, depuis, ce qui a motivé son départ : le projet de téléphérique à Sept-Cascades et le projet de ferme photovoltaïque. C’était pour le business.

 

Le business a toujours été le péché mignon des politiciens…

Moi, je ne suis dans aucun business. Il y a effectivement des personnes proches du PTr qui se sont accaparées des biens publics. Il y a le pandit Sungkur, Rakesh Gooljaury, l’agent spécial du PTr Nandanee Soornack, les frères Woochit, l’inner circle bénéficiaire des terres à Balaclava…

 

 Il y a aussi eu les Ramdanee, la belle-famille de Pravind Jugnauth et Bissoon Mungroo sous le MSM, non ?

Autant que je m’en souvienne, les Ramdanee ont obtenu ces terres sous le régime travailliste.

 

 Et Bissoon Mungroo ?

Quel terrain ?

 

 À Flic-en-Flac ?

Manisa ? Il y a aussi des projets qui ont été soumis et qui ont reçu l’approbation du gouvernement…

 

N’est-ce pas une coïncidence que tous les colleurs d’affiches deviennent hôteliers du jour au lendemain ?

Les Ramdanee n’ont jamais été des colleurs d’affiches. Sir Kailash a débuté dans le secteur pharmaceutique au cours des années 70. Il faut saluer ce qu’il a entrepris durant les années difficiles.

 

Pour en revenir au n° 11, comment comptez- vous battre le politicien le plus populaire de Maurice dans son fief ?

J’en suis à ma troisième participation aux élections. Je participe au scrutin du 10 décembre pour réaliser un projet. Il nous faut un visionnaire à la tête du pays, quelqu’un qui a à coeur l’intérêt du plus grand nombre et qui saura prendre les décisions qui s’imposent. 

 

Si on analyse les indicateurs économiques et sociaux, il y a une dégradation généralisée depuis 2005. Que ce soit pour le chômage,  l’insécurité ou encore la  drogue. Le gouverneur de la Banque de Maurice parle lui-même du fossé entre riches et pauvres. Les premiers deviennent plus riches, les seconds plus pauvres…

 

Les politiciens sortent la même rengaine à chaque élection…

Pa bizin mont lor pie pou trouv sa… Nous voulons dire à la population que le pays ne peut pas être dirigé par le même groupe de personnes qui est là depuis neuf ans. Un changement de leadership donnera un nouveau départ au pays. Il faut de la discipline et du sérieux.

 

Beaucoup de promesses ont été faites par l’alliance Lepep. En tant qu’expert-comptable, pensez-vous que les caisses de l’État sont suffisamment solides pour offrir ces cadeaux à la population ?

Nous avons annoncé une série de mesures pour soulager ceux qui en ont le plus besoin afin qu’ils puissent joindre les deux bouts. On nous rabat les oreilles avec des réseaux routiers modernes, un aéroport moderne… Savez-vous que l’eau n’a jamais coulé dans certaines localités de ma circonscription ?

 

C’est vraiment révoltant quand l’on sait que le MSM a été au pouvoir pendant une période cumulée de 20 ans…

(Il sourit) Le MSM est derrière le miracle économique de 1982 à 1995…

 

Miracle oui, mais l’eau n’est pas arrivée jusqu’à vos mandants.

Nous devons savoir que Maurice est sorti d’un statut de pays sous-développé à celui de pays à revenus moyens.

 

Une majorité de vos électeurs sont nés après 1980…

Qui a initié le projet de Midlands Dam ? Et qui l’a terminé ? Si les planteurs du Nord ont accès à l’irrigation aujourd’hui, il faut remercier sir Anerood Jugnauth. Aujourd’hui, il est inconcevable que 50 % de l’eau potable se perde sur le réseau. C’est la mauvaise gestion et l’incompétence qui priment avec ce gouvernement.

 

Passons au gaz lacrymogène…

C’est une attaque lâche. On ne s’en prend pas à des gens qui viennent soutenir une alliance qui a l’adhésion de la majorité. Ils veulent faire peur aux gens.

 

Qui sont-ils ? Sir Anerood Jugnauth dit connaître leur identité.

Il faut poser la question à sir Anerood. Moi, j’ai consigné une déposition à la police mais je ne sais pas où elle en est avec son enquête, étant pris avec la campagne. Sir Anerood a beaucoup de gens qui le renseignent ces jours-ci, il doit disposer d’informations crédibles.

 

C’est facile de retracer le cylindre utilisé et la police doit faire un audit de son stock de bombes lacrymogènes.

 

 Êtes-vous en train de faire référence à l’affaire Anil Gayan ?

C’est une affaire qui n’a que trop traîné. Le Directeur des poursuites publiques a rayé l’accusation…

 

Est-ce que cela va lui valoir de nouvelles insultes de la part de Paul Bérenger ?

Nous vivons une période vraiment dangereuse. Nous voyons une personne user d’un langage abusif qui ne fait pas honneur au poste auquel il aspire. On ne peut permettre à un individu qui s’attaque à la presse indépendante, aux travailleurs de l’industrie sucrière et du transport et maintenant au DPP de diriger le pays.

 

C’est chagrinant, ce qui se passe. N’est-on plus libre de s’exprimer ? De dire tout haut ce qui ne plaît pas forcément au régime en place ? On a l’impression de vivre dans un État répressif où l’on risque d’être jeté en prison pour un délit d’opinion.